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AU FEU, LES POMPIERS DE M.J. ARLIDGE

 L'Article


MJ Arlidge

Trois incendies simultanés se déclarent dans la nuit de Southampton. Ils touchent aussi bien des lieux industriels qu’une habitation et laissent derrière eux une personne morte et de nombreux blessés. Ça ne peut pas être un hasard, d’autant que le scénario se répète la nuit suivante. Le commandant Helen Grace va devoir mener l’enquête, au risque de s’y brûler les doigts…

Intrigué par quelques publicités dans des magazines, mon envie en ce moment de lire des polars (ça me prend par périodes, sans trop d’explication), et par le titre assez ridicule en français (mais qui s’explique quand on voit les traductions des titres des premiers romans de l’auteur, qui sont souvent des comptines), je me suis laissé tenter par la découverte de l’univers de M.J. Arlidge avec ce livre. Cet auteur anglais a publié pas moins de dix ouvrages (huit « vrais » romans et deux plus courts) en cinq ans, toujours centrés autour du même personnage principal, l’officier de police Helen Grace, et de la même ville, Southampton (que je connais surtout au départ pour son club de foot). Autant dire que le bonhomme est prolifique, d’autant qu’il continue en parallèle ses activités de producteur et scénariste pour la télévision. D’ailleurs, la traduction française a du mal à suivre puisque les édutions Les Escales ont trois livres de « retard » sur la publication en Angleterre… Liar Liar (le titre original) est son quatrième roman et, de façon assez claire, il s’inscrit dans une logique de série avec des rappels (pas trop prononcés non plus) des épisodes précédents et une fin qui annonce de façon assez évidente un tome suivant avec des rebondissements possibles. Mais est-ce que ça donne envie de lire d’autres livres de l’auteur, car c’est, selon moi, un peu la question clé quand on a lu un polar ?

 

D’abord, on peut reconnaître à M.J. Arlidge une capacité à tout de suite rentrer dans l’action. Là où certains polars mettent une trentaine de pages avant de rentrer dans le vif du sujet, afin de placer les principaux éléments de l’intrigue, lui décide dès les premières lignes de plonger le lecteur au cœur de l’action, en l’occurrence, un feu. Comme s’il n’avait pas le temps pour des digressions inutiles. C’est d’ailleurs l’une des constantes de ce roman qui, finalement, malgré sa relative longueur (presque 500 pages en poche) n’a presque aucun temps mort. Cela tient d’abord aux déroulements des faits qui s’enchaînent rapidement et à l’enquête qui ne peut pas trainer. De ce côté-là, on n’est pas déçu car, honnêtement, il est compliqué de voir avant le dénouement qui se trouve derrière cette vague d’incendies sans précédent. L’écriture nerveuse de l’auteur n’est pas pour rien non plus dans ce côté entraînant et intense de la lecture. Sa façon de découper l’action en chapitres très courts (trois/quatre pages maximum) donne un certain plaisir et, surtout, cette volonté de toujours lire les quelques pages suivantes. La façon de faire (éclater la narration autour de plusieurs personnages clés) n’est pas forcément novatrice mais, avec cette façon de procéder presque en flashs, ça fonctionne plutôt bien, même si, selon moi, cela fait perdre en puissance dramatique, le lecteur étant à chaque fois renvoyé vers un nouveau point de vue.

 

Et puis, il y a ces personnages principaux qui sont dans la grande majorité des femmes, ce qui ne me semble pas anodin car, globalement, la police est plutôt vue comme un univers masculin. Cette Helen Grace est un sacré numéro, tant elle semble à la fois extrêmement forte dans son rôle de flic, mais complètement perdue dans sa vie personnelle. Il y a aussi Charlie, collègue et amie d’Helen, qui, jeune maman, essaie de concilier son métier et sa nouvelle vie. Sanderson pourrait être un personnage également intéressant mais elle est peu creusée ici. Bref, autant de femmes dont on aimerait en savoir un peu plus et les voir dans une nouvelle enquête que l’on imagine tout aussi sombre. Honnêtement, j’ai bien envie de lire quelques autres livres mettant en scène ce personnage d’Helen Grace et ses collègues afin d’en apprendre un peu plus sur elles. Mais j’ai aussi la sensation que la façon qu’a l’auteur de construire l’intrigue se répétera et que cette redondance pourrait finir par m’agacer, comme par exemple le style d’Harlan Coben, dont on a le sentiment qu’il écrit presque toujours le même roman. Je pense tout de même me laisser tenter par une autre expérience d’un livre d’Arlidge afin de me faire une idée définitive sur la véritable qualité de l’auteur. Peut-être avec Am stram gram, son premier roman qui l’a fait découvrir aux yeux du public britannique puis français.

« L’intensité et l’ampleur de ces incendies nous laissent peu d’espoir de retrouver des éléments médico-légaux qui pourraient conduire à leur auteur ; fibres, cheveux, ADN… tout aura été détruit. En outre, le gel et la dureté du sol ne permettent pas de relever des traces de pneus ou des empreintes. En résumé : il va falloir procéder à l’ancienne. J’ai mobilisé un maximum d’agents pour mener l’enquête de proximité en porte-à-porte et recueillir les témoignages des voisins concernant des individus suspects ou des agissements qui sortiraient de l’ordinaire. »


M.J. Arlidge a sans conteste une belle capacité à écrire des polars sombres qui captivent le lecteur. Il manque peut-être un peu de puissance dramatique à l’ensemble pour lui faire passer un cap mais, franchement, on a du mal à décrocher. Et j’ai même envie de me plonger dans une autre aventure de l’officier Helen Grace. C’est donc que le contrat est largement rempli.

Au feu, les pompiers




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