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AU FOND DE L'EAU DE PAULA HAWKINS

 L'Article


Paul Hawkins

Le corps de Nel Abbot vient d’être retrouvé dans la rivière qui coule à Beckford, ville du Nord de l’Angleterre. Tout laisse penser à un suicide. Mais ce n’est pas la première fois, loin de là, que des drames arrivent à cet endroit, puisque les tragédies s’y succèdent depuis des siècles. Julia, la sœur de Nel, arrive sur place et doit, tout en s’occupant de sa nièce et en gérant l’enquête qui est en cours, faire face à ses propres démons…

Ayant trouvé à la bibliothèque le livre suivant de Paula Hawkins, écrit après le formidable succès de La fille du train (que j’ai lu et qui ne m’a pas franchement ébloui), je me suis dit que ça ferait une bonne lecture de début d’été, tranquille et pas trop prise de tête. De fait, on ne peut pas dire que l’on se fasse de véritables nœuds à la tête par rapport à ce qui en est de l’enquête sur la mort de cette mère de famille. Pour le coup, le côté policier semble encore être mis plus en retrait que dans son livre précédent et, au final, il n’y a pas véritablement d’enquête, mais plutôt une suite de discussions qui mènent les policiers au(x) coupable(s). Ce qui intéresse le plus Paula Hawkins, c’est de faire des portraits de femmes en proie à leurs démons. Ici, ce sont les violences de différents ordres à des époques distinctes qui sont évoquées (accusations de sorcellerie, violences physiques, viols,…). Ce n’est pas forcément inintéressant, mais la façon dont c’est fait ne m’a pas réellement convaincu. Tout cela s’inscrit dans une ambiance très sombre, presque glauque et par moments un peu fantastique, qui, elle non plus, ne m’a pas transporté. En fait, je suis resté relativement extérieur à tout ce qui se passait pour ces personnages, ce qui est toujours un peu embêtant…

 

Pour faire avancer l’intrigue, l’auteure reprend la même façon de faire, à savoir l’écriture chorale. Sauf que de quelques personnages dans La fille du train elle passe à une petite quinzaine ici, ce qui ne fait pas du tout le même effet… Ainsi, les cinquante premières pages sont assez terribles à lire car le tout s’enchaîne et on est vite perdu devant cette avalanche de personnages, qui sont d’âges et de styles différents. D’autant que certains chapitres sont écrits à la première personne du singulier, d’autres à la troisième… Bref, c’est assez compliqué de véritablement entrer dans l’histoire. Quand on y est enfin, et qu’on a saisi les différentes interactions, ça commence sérieusement à tourner autour du pot, comme si l’auteur ne savait pas vraiment comme « diluer » une histoire finalement assez banale et sans trop de rebondissements. Trop d’éléments sont donnés au fil des différents chapitres pour que la résolution de l’affaire apparaisse comme une surprise absolue. Bref, c’est un polar qui, sans se noyer complètement, peine à atteindre la ligne de flottaison…

« En face de l'entrée, des images du bassin aux noyées. Encore et encore et encore, sous tous les points de vue imaginables, sous tous les angles : pâle et glacé en hiver devant l'austère falaise noire, ou étincelant l'été, luxuriante oasis de verdure, ou morne, couleur gris silex sous des nuages d'orage, encore et encore et encore. Les images se fondaient les unes dans les autres en un tourbillon visuel écœurant. J'ai eu l'impression d'y être réellement, à cet endroit, comme si je me tenais en haut de la falaise, à regarder au fond de l'eau, prise de ce terrible frisson, la tentation du néant. »


Paula Hawkins reprend ce qui a fait le succès de son premier livre, à savoir un polar écrit à plusieurs voix qui dresse le portrait de femmes que le destin n’a pas épargné. Mais, si, dans
La fille du train, il y avait une vraie tension qui s’installait et des incertitudes dans l’enquête, ce n’est pas forcément le cas ici. Cela vient sans doute du trop grand nombre de personnages impliqués. Alors, oui, on lit pour avoir le fin mot de l’histoire mais ça ne va pas beaucoup plus loin que cela.

Au fond de l'eau




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