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AU-REVOIR LÀ-HAUT DE PIERRE LEMAITRE

 L'Article


Pierre Lemaitre

Edouard et Albert sont deux anciens poilus qui se sont rencontrés dans de drôles de circonstances puisque le premier a sauvé le second qui l’a ensuite fait « disparaître » des registres pour qu’il ne revienne pas dans sa famille. A Paris, dans l’immédiat après-guerre, alors que la société ne leur offre pas de place, ils vont devoir se débrouiller pour survivre. Ils imaginent alors une arnaque aux monuments aux morts…

 

Cela faisait un certain temps que j’avais envie de lire ce livre qui a gagné le Goncourt en 2013. Il faut dire que tout ce qui touche aux guerres du vingtième siècle m’a toujours attiré. De Pierre Lemaitre, je n’ai jamais rien lu et finalement, ce n’est pas si grave car, justement, avec ce livre, il change de style, lui qui avait jusque-là exclusivement écrit des polars. D’une certaine manière, on peut trouver une certaine similitude avec Denis Lehane, l’auteur américain qui, avec Un pays à l’aube, passait du roman noir à la grande fresque historique. D’ailleurs, ce n’est pas la seule raison qui me pousse à rapprocher ces deux ouvrages. En effet, il y a des ressemblances, à la fois dans l’époque décrite (l’immédiat après première guerre mondial), cette façon de faire des personnages principaux des véritables figures de leur temps, mais aussi la manière de s’intéresser de concert à plusieurs figures. Le résultat est-il pour autant à la hauteur du chef d’œuvre de l’américain. Peut-être pas mais Au revoir là-haut n’en reste pas moins un livre de grande qualité.

 

Dès les premières pages, on est plongé sans préavis au cœur des tranchées, lors des derniers jours de la guerre et l’auteur a un vrai talent pour nous faire ressentir tout ce qui pouvait l’être par les poilus de l’époque. Les cinquante premières pages sont ainsi assez brillantes. Ensuite, si le rythme baisse un peu par moments, l’intrigue qui se met en place, avec ses multiples rebondissements, nous tient en haleine et convoque de nombreux personnages qui ne sont jamais vraiment secondaires car tous ont, à un moment donné, un rôle important dans la continuité du récit. Avec son style d’écriture plutôt vif, Pierre Lemaitre parvient bien à rendre cette action presque perpétuelle. Là où je suis resté un peu plus sur ma faim, c’est sur la façon qu’il a de dépeindre la société de cette époque. Car si on comprend bien la fascination pour les morts, à mettre en relation avec le rejet pour les gueules cassées, il me semble que le contexte aurait pu être davantage abordé. Le livre n’en aurait eu que plus de force. Mais, tout de même, pour dire que l’on s’attache vraiment à ces personnages et qu’on a toujours envie d’en savoir plus, c’est que la grosse déception de ce livre découle de l’épilogue, bien trop rapide pour satisfaire notre curiosité. 

« Au début du conflit, cette vision sentimentale, il la partageait avec bien d’autres. Il voyait des troupes sanglées dans de beaux uniformes rouge et bleu avancer en rangs serrés vers une armée adverse saisie de panique. Les soldats pointaient devant eux leurs baïonnettes étincelantes tandis que les fumées éparses de chaque obus confirmaient la déroute de l’ennemi. Au fond Albert s’est engagé dans une guerre stendhalienne et il s’est retrouvé dans une tuerie prosaïque et barbare qui a provoqué mille morts par jour pendant cinquante mois. »

 

Un livre qui se lit très facilement, d’abord parce que l’histoire et ses rebondissements sont souvent passionnants, ensuite parce qu’on s’attache aux personnages et enfin parce que le style est plutôt agréable. Un vrai plaisir qui sera adapté au cinéma avec Albert Dupontel aux manettes, ce qui n’est pas une mauvaise chose tant on connaît la capacité de ce dernier à faire preuve d’humour noir, particulièrement à l’œuvre dans ce roman.

 

Au revoir là-haut




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