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AUF WIEDERSEHEN DIRK

 L'Article


Adieu Dirk

Ce n’est pas forcément une surprise mais la nouvelle de sa retraite m’a quand même fait un sacré choc hier matin quand j’ai appris qu’il l’avait annoncé officiellement. Dirk NOWITZKI, mon joueur de basket préféré depuis bien longtemps, a joué son dernier match de NBA cette nuit. C’est toujours à travers son parcours et ses performances que j’ai suivi le basket américain et l’année prochaine, je me sentirai un peu « orphelin ».

Mais, aujourd’hui, il est surtout temps de lui rendre l’hommage qu’il mérite.

Cette nuit, Dirk Nowitzki a donc officiellement joué son dernier match NBA, sur le parquet des San Antonio Spurs, le grand rival de son équipe des Dallas Mavericks qu’ils ont affronté de nombreuses fois lors de joutes mémorables en play-offs. Ces derniers lui ont offert un hommage magnifique et Nowitzki n'a pu retenir ses larmes devant tant d'émotion. Il avait annoncé la nuit précédente, lors de son ultime apparition sur son parquet fétiche de l’American Airlines, qu’il mettait un terme à sa formidable carrière de joueur, entamée en 1998 et qui s’était toujours déroulé au sein de cette équipe. Assurément la fin d’une époque à la fois pour la franchise de Dallas qu’il a incarné pendant presque vingt ans et même pour la NBA dans son ensemble (il reste en activité encore Vince Carter en dernier « survivant » des draftés dans les années 90). Et pour moi également, car c’est avec lui que j’ai découvert la NBA et que j’ai appris à apprécier cette compétition (même si, au fond, je préfère le basketball plus tactique et intense joué dans les gros matchs européens). C’était devenu un rituel pour moi depuis de nombreuses années de me réveiller le matin et d’aller tout de suite voir le score du match des Mavs et la ligne statistique de Dirk Nowitzki. Forcément, ça va me manquer même si, pour les prochaines années au moins, Dallas a trouvé un formidable successeur en la personne du slovène Luka Doncic. Je suivrai donc toujours avec intérêt les performances des Mavericks.

Bain de foule

Dernier bain de foule

La première question que l’on peut se poser est celle de mon attachement à ce joueur. Et, honnêtement, je me la pose encore moi-même. Pourquoi je me suis mis à aimer ce grand allemand, à l’allure dégingandé, qui s’écartait au maximum de la raquette pour faire parler son tir extérieur, alors que la période en France était à la hype autour de Tony Parker et des San Antonio Spurs ? Peut-être faut-il y voir mon côté un peu rebelle, ou, sans doute, ne faut-il pas chercher plus d’explication… Cette façon de s’attacher à un club ou à un sportif sort souvent du champ rationnel et c’est sans doute ce qui fait sa beauté. Toujours est-il que, très tôt, j’ai aimé la NBA et tout ce qui l’entoure grâce à Dirk Nowitzki et son équipe des Mavs de Dallas. Et, en quinze ans environ, ça n’a jamais changé. Plus les années ont passé, plus j’ai même eu de respect pour ce joueur. Certains diront qu’il a fait l’année de trop (ou même les trois ou quatre années de trop) puisque, à cause des blessures et d’un âge de plus en plus avancé, il avait du mal à véritablement peser sur les rencontres, avec une mobilité loin des standards et des statistiques en baisse. Mais, à différents points de vue, Dirk est une légende du jeu. Les légendes choisissent leur fin et celle-ci est pour moi forcément belle. Il aura en tout cas une place à part dans l’histoire du basket et de la NBA, lui arrivé de la deuxième division allemande sur la pointe des pieds et devenu un symbole de l’évolution à la fois du jeu mais aussi de l’internationalisation de la ligue américaine.

Mythique

Peut être la photo la plus mythique du grand Dirk

Il y a d’abord le joueur en lui-même, qui a révolutionné à lui tout seul la place des intérieurs de grande taille (les fameux 7-footers, ceux qui font plus de 2m13) dans le jeu puisqu’il a été l’un des premiers à vraiment s’écarter de la raquette, profitant de son incroyable capacité au tir à mi-distance et à trois points qui le rendait très difficilement défendable. Il a même « inventé » un shoot (un fadeaway sur une jambe) qui est sa signature et que d’autres ont repris à leur compte (Kevin Durant par exempe). L’évolution de ces dernières années montre qu’il a clairement ouvert une voie dans lequel de nombreux autres joueurs se sont engouffrés. Même s’il était capable de dunker (surtout au début de sa carrière), Nowitzki n’était pas un showman ou un joueur de All Star Game (qu’il a disputé quand même quatorze fois), comme l’aiment tant les américains mais, à sa manière de rentrer les shoots, notamment dans les moments importants, il a électrisé les foules. Pas réputé pour sa défense (d’où le fameux surnom de « Irk – Dirk with no D »), il compensait par un talent offensif absolument dingue. A côté de cela, il est toujours passé pour un mec très drôle (son compte twitter est un régal), particulièrement apprécié de tous (jamais vous ne trouverez quelqu’un pour dire du mal de l’homme en NBA) et vraiment réglo (il ne traine aucune casserole). Sa fidélité à son club de toujours (avec des réductions de salaire importantes en fin de carrière) est aussi devenu une bizarrerie dans une NBA où changer de franchise pour accrocher un titre est devenu monnaie courante. Mais cet attachement aux Mavs est aussi ce qui rend sa carrière incroyable.

Fadeaway

Le fameux fadeaway (marque déposée)

Car le parcours de Nowitzki est semé de hauts et de bas, tant sur le plan individuel que collectif. Il y a d’abord les premières années où il permet à Dallas d’être une équipe qui compte dans la Conférence Ouest. Lui prend de plus en plus d’importance du point de vue statistique, faisant de lui un joueur majeur de la NBA. Tout cela aboutit à une participation aux Finals 2006 et le crève-cœur de cette défaite face à Miami (notamment ce troisième match perdu alors qu’il était si bien maitrisé). La saison suivante sera celle des contrastes les plus saisissants puisque, portés par leur star élue alors MVP (le premier européen à atteindre ce graal), les Mavs obtiennent le meilleur bilan de la ligue et s’avancent en favoris pour le titre avant de chuter au premier tour des play-offs face à Golden State avec un Nowitzki bien en dessous de son niveau. C’est le premier coup dur dans la carrière de l’Allemand. Après trois saisons à essayer de reconstruire un collectif autour de lui, les Mavs parviennent à trouver l’alchimie dans un groupe où personne n’a remporté de titre mais donne tout pour atteindre le sacre suprême. Ce sera finalement le cas après une finale mémorable contre le Heat de Lebron James. Six matchs d’une intensité folle, où Nowitzki fait preuve à la fois d’un talent dingue mais aussi de sang froid dans les situations chaudes. Il est évidemment élu MVP des finales et c’est sans aucun doute le point culminant de sa carrière. Depuis, Dallas n’a jamais réussi à trouver un collectif assez qualitatif pour jouer un vrai rôle dans une Conférence de plus en plus relevée et Dirk lui-même, s’est peu à peu étiolé, rattrapé par les blessures notamment. Il a peu à peu baissé son salaire pour permettre des recrues mais jamais l’alchimie n’a réussi à se faire de nouveau.

Titre

Le bonheur du titre de 2011

Au fil de sa carrière, Nowitzki s’est placé très haut dans la hiérarchie des joueurs NBA et, dans une ligue qui aime tant les statistiques, il est extrêmement bien placé dans de nombreux classements symboliques (troisième au nombre de matchs joués, sixième au nombre de points marqués en saison régulière, onzième aux tirs à trois points réussis). Mais tout cela ne dit finalement pas grand-chose de l’influence qu’il a pu avoir sur le jeu, à la fois en NBA mais aussi dans le basket plus académique joué dans les compétitions internationales. Il a en effet mené une équipe d’Allemagne plus que moyenne sur le papier à des médailles (bronze mondial en 2002 et argent européen en 2005) en étant absolument sensationnel. C’est pourquoi il est selon moi, et sans contestation possible, le plus grand joueur européen de l’histoire, même si lui a la particularité de ne jamais avoir joué en Europe à haut niveau. Il aura pu, au cours de cette vingt-et-unième et dernière saison, faire une sorte de passation de pouvoir avec celui qui est appelé à devenir le meilleur joueur européen des prochaines années, à savoir le prodige slovène Luka Doncic. Souhaitons à ce dernier d’avoir une carrière au moins aussi remplie et fabuleuse que le grand Dirk. Je suis persuadé que l’Allemand restera proche de la franchise et sera un mentor pour toute la carrière de Doncic.

L'hiommage magnifique de Doc Rivers à une légende du jeu

Enfin, l’annonce de sa fin de carrière est à l’image du bonhomme : sobre et digne. Alors que beaucoup pressentaient la fin de l’aventure, il a attendu le tout dernier moment pour l’annoncer alors qu’il avait sans doute déjà pris sa décision. C’est comme s’il refusait de faire une sorte de farewell tour où il serait célébré dans toutes les salles comme d’autres l’ont souhaité (Kobe Bryant par exemple, ou même Dwyane Wade cette année). Cela n’a pas empêché les publics et même les entraineurs de certaines franchises de le célébrer (j’ai en tête ce formidable hommage de Doc Rivers il y a moins de deux mois) mais cela n’avait pas le côté parfois un peu gênant des tournées d’adieux. Dirk est parti un peu comme il est arrivé, sans faire trop de bruit. L’émotion était au rendez-vous dans la nuit de mardi à mercredi et c’est pour le moins mérité pour un tel joueur. Maintenant, il restera les cérémonies « protocolaires » pour le retrouver (numéro de maillot retiré, inauguration de la statue promise par le propréitaire des Mavs, entrée au Hall of fame) mais, pour moi, ce sera des souvenirs, notamment ceux de ces finales de 2011, lors desquelles je me suis levé six fois en plein milieu de la nuit et où j’ai vibré avec lui et ce qui ressemblait à un commando en mission, mené par un général en chef possédé. C’est une sacrée page qui se tourne et j’en suis vraiment triste…


Alors, pour tout ça, merci Dirk et
Auf Wiedersehen !




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