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DE SI JOLIS CHEVAUX DE CORMAC MCCARTHY

 L'Article


Cormac McCarthy

Alors que la deuxième guerre mondiale vient de s’achever, John Grady Cole et Lacey Rawlins, deux jeunes américains avides d’aventures, quittent leur Texas à chevaux en direction de la frontière mexicaine voisine. Leur voyage sera alors une succession de péripéties où leur vie est toujours mise en danger.

Je dois avouer que j’ai mis beaucoup de temps à m’y mettre. Cela fait plus d’un an que je l’ai commencé, par petites touches, mais la lecture d’autres livres m’a toujours interrompu et j’avais souvent du mal à me remotiver pour replonger dans ce roman. J’adore Cormac McCarthy mais j’avoue qu’il me faut à la fois du temps et du courage pour attaquer ses livres. C’est en effet très dense, notamment du point de vue du style, et il faut être un minimum concentré pour (déjà) comprendre et, surtout, apprécier ses ouvrages. Mais, par contre, la plupart du temps, une fois lancé, c’est dur de se détacher de la lecture d’un de ses livres et on en ressort groggys.

C’est encore ce qui s’est passé ici, car, une fois passées les cent premières pages, on est vraiment happés dans cette histoire qui concerne deux personnages mais qui va tout de même assez vite se tourner plutôt du côté de John Grady, dont l’histoire d’amour avec la fille du fermier (attention, fermier comme propriétaire d’une grande ferme) va être au cœur de la trame du roman. Sur celle-ci, l’auteur a une vision assez incroyable puisqu’elle est au centre de tout sans être vraiment au cœur de l’écriture elle-même. En effet, il ne se passe finalement pas grand-chose entre ces deux personnages si on prend la totalité du roman. Mais c’est plutôt tout ce qui est fait autour et tout ce qui est induit par cet état de fait qui est important ici. La violence, elle, n’est jamais bien loin (comme dans tout bon roman de Cormac McCarthy) et, à la fin du livre, un dialogue magnifique illustre la relation complexe du personnage avec cette férocité qui l’anime toujours et avec laquelle il doit composer.

On reconnaît vraiment Cormac McCarthy, tant dans le style – ses quelques envolées poétiques, l’extrême précision des descriptions, le mélange des dialogues et de la narration - que dans les thèmes traités – le rapport à la nature, la mort, la bassesse humaine. Il n’y a pas vraiment de surprises de ce côté-là et les paysages, autant que les situations qui apparaissent ici ressemblent beaucoup à d’autres de ces romans et notamment le crépusculaire Méridien de sang. La description des grands paysages est une nouvelle fois grandiose. L’originalité du livre réside peut-être dans le fait que les dialogues en espagnol sont laissés dans cette langue, même dans la version française. Cela donne des passages que l’on ne comprend pas forcément de façon très claire mais le tout s’inscrit toujours dans une logique qui nous permet d’en saisir l’essentiel.

Je m’en vais attaquer de suite le deuxième volet de cette Trilogie des Confins qui a porté son auteur à son sommet : Le grand passage. Il a l’air encore plus long et peut-être plus aride… Du bon Cormac, quoi !!

« La poussière rouge sang s’exhalait du soleil. Il toucha le cheval avec ses talons et continua. Il allait avec le soleil qui lui cuivrait le visage et le vent rouge qui soufflait de l’ouest à travers les terres du soir et les petits oiseaux du désert voltigeaient en pépiant parmi les fougères desséchées et le cheval et le cavalier et le cheval passaient et leurs ombres allongées passaient l’une derrière l’autre jumelées comme l’ombre d’une seule créature. Passaient et s’enfonçaient pâlissantes dans la contrée toujours plus sombre, le monde à venir. »


C’est vraiment du Cormac McCarthy dans le texte. Très âpre, très sombre, mais stylistiquement magnifique, cet ouvrage se lit en fait très bien une fois qu’on est rentré dedans. Certains passages sont vraiment tout simplement somptueux, comme seul cet auteur peut nous en offrir. Une adaptation cinématographique existe, réalisée par Billy Bob Thornton en 2001 avec Matt Damon et Pénélope Cruz dans les rôles titres, mais je dois avouer qu’elle ne me fait pas trop envie, notamment après avoir vu la bande-annonce qui semble « détourner » un peu l’objet-même du livre. Et puis un film, aussi bon soit-il, ne peut rendre cette prose si impressionnante de Cormac McCarthy.

De si jolis chevaux




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