L'Article
Il s’agit des deux premiers romans de l’auteur japonais, encore jamais publiés en France. Ce sont des moments de jeunesse du narrateur qui sont racontés, et notamment sa relation avec le Rat, un personnage que l’on retrouve dans d’autres romans. Ses histoires amoureuses et ses obsessions sont également au cœur de ces récits.
Forcément, quand j’ai appris que les deux premiers romans de Haruki Murakami, l’un de mes auteurs préférés, étaient (enfin) publiés en France, j’ai presque sauté de joie. En effet, c’est toujours très intéressant de pouvoir découvrir les premiers écrits d’un romancier dont on a lu tout le reste de l’œuvre. Et, là, ce qui est vraiment très bien, c’est la préface qu’a écrit Murakami en 2014, soit trente-cinq ans après la publication au Japon de Ecoute le chant du vent, qui l’a fait connaître du grand public. Il y explique, dans un style assez magique, la manière dont ces deux premiers écrits ont été rédigés ainsi que la manière dont il a eu la « vocation » d’être écrivain. Vingt pages de très grande littérature qui méritent à elle seule la lecture de ce livre.
Ensuite, le premier roman est vraiment du Murakami pur jus puisqu’on y retrouve tous ses thèmes favoris avec des histoires d’amour compliquées, des personnages étranges, des ellipses, des descriptions de Tokyo, de la mélancolie, du jazz,… Bref, on sent vraiment que dès ses premiers pas dans l’écriture, il avait déjà les idées bien en place et on comprend mieux la suite de son œuvre. C’est globalement un peu fouillis mais cela a un côté vraiment fascinant d’avoir le sentiment d’assister à la « naissance » d’un écrivain. Le second roman, avec en son cœur toujours les mêmes thèmes, semble plus maitrisé et on y retrouve davantage le côté presque fantastique cher à Murakami avec cette histoire de flipper. Honnêtement, pour toute personne adepte de l’écriture de Murakami, c’est un livre à côté duquel on ne peut pas passer.
« Voilà bien longtemps que je n'avais pas senti le parfum de l'été. L'odeur de la marée, le bruit des sirènes au loin, la sensation de la peau des filles, les bouffées citronnées de l'après-shampoing, la brise du soir, les espoirs incertains, et puis les rêves de l'été...
Mais comme sur une feuille de papier-calque qui s'est un peu décalée, toute chose était légèrement mais inexorablement différente de ce qu'elle avait été dans le passé. »
Après une préface absolument magnifique, qui permet de comprendre beaucoup de choses dans l’écriture du romancier japonais, se développent deux romans parfaitement Murakamiens : mélancoliques, plongés dans un réalisme teinté de fantastique, écrits avec ce style si particulier de l’auteur. Ce qui est impressionnant, c’est la manière dont tout ce qui fera le succès de Murakami est compris dans ces deux premiers romans. C’est pourquoi ils sont si importants et ont un vrai intérêt.