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GRANDE TRISTESSE…

 L'Article


Federer

On est mercredi, Wimbledon a commencé depuis trois jours, et Federer n’est déjà plus dans le tournoi....

Énoncée comme cela, la vérité est formelle, cruelle et même violente. C’est en tout cas un véritable choc dans le monde du tennis que cette défaite du Suisse au deuxième tour face à Stakhovsky. Pour moi aussi, c’est particulièrement douloureux. Déjà et surtout parce que cette journée n’était déjà pas bien partie (pour des raisons personnelles) et ensuite parce que c’est toujours très triste de voir son favori tomber d’une telle manière et si tôt dans le tournoi qui lui correspond le mieux et qui a en grande partie construit sa légende. Quand ce dernier revers est sorti de sa raquette, qu’il s’est envolé pendant une éternité, et que j’ai compris qu’il n’attraperait pas le terrain, j’ai ressenti une vraie tristesse, comme rarement pour un événement sportif ainsi qu’une forme de vide. Car ce soir, c’est bien plus qu’une simple défaite qui s’est jouée pour moi. C’est la fin d’un mythe personnel mais aussi de l’exigence (sans doute absurde) que j’avais pu placer dans quelqu’un que je ne connais pas personnellement mais qui, d’une certaine façon, fait partie de ma vie depuis un certain temps.

Ce qu’il faut commencer par dire, c’est que, ce soir, Federer est tombé sur un très bon joueur, qui a joué une vraie partie de tennis sur gazon (volées, attaques, slices). Face à lui, Federer n’a pas fait un si mauvais match que cela. Cette année, on l’a parfois vu à un niveau bien inférieur. Il n’a pas assez bien négocié les points vraiment importants. Mais, face à lui, c’était vraiment particulièrement solide. Pour cela, le joueur adverse doit être félicité et je tire donc un vrai coup de chapeau à ce Sergey Stakhovsky qui était plus connu depuis un mois comme l’homme qui prenait les marques en photo mais dont le nom sera associé à jamais à cette défaite historique qui conclut une journée de pure folie à Wimbledon (abandons, forfaits et défaites surprises en cascade) qui, elle aussi, risque de rester dans les annales.

D’un point de vue purement statistique, cette défaite est vraiment unique. Elle met fin à l’une des séries les plus incroyables de l’histoire du sport : les fameux 36 quarts de finale consécutifs de Roger en Grand Chelem. Cette série avait été entamée en 2004, au même endroit. Je pensais bien qu’elle prendrait fin un jour même si je rêvais secrètement qu’elle s’étire à l’infini. Peut-être qu’aujourd’hui cet exploit n’en prend que plus de valeur et montre combien le Suisse a parfois dû se sortir de situations désespérées pour toujours atteindre le Top 8 des Grands Chelem (j’ai un bon nombre d’exemples en tête). C’est aussi la première fois de sa carrière que le Suisse perd au deuxième tour d’un Majeur ou, depuis 2005 et une défaite face à Richard Gasquet, qu’il est battu par un joueur au-delà de la centième place. Dans deux semaines, enfin, il sortira pour la première fois depuis dix ans du Top 4 du classement… On pourrait encore trouver de nombreuses statistiques sur cette défaite mais là n’est pas vraiment l’important.

Car ce soir, j’ai sans doute pris conscience que Federer n’était définitivement plus le meilleur joueur du monde aujourd’hui. Je voulais encore y croire malgré les résultats assez alarmants depuis dix mois et un niveau de jeu parfois très fluctuant mais cette défaite m’a raisonné une bonne fois pour toute : Federer n’est plus au-dessus du lot et même son génie ne peut plus le sauver à chaque fois. Mais, finalement ce n’est pas si grave car, peu à peu, dans un même mouvement de réflexion, j’en arrive à un point où je me dis qu’il s’agit maintenant juste d’admirer le Maître en action tant que c’est encore possible, de profiter de ces matchs où il ne semble pas faire le même sport que son adversaire, de se réjouir de ses victoires mais d’accepter des défaites qui seront toujours plus nombreuses et parfois improbables. Pour les joies qu’il m’a procurées (encore il y a un an avec cette victoire en finale à Wimbledon), pour les émotions que j’ai pu avoir en regardant ses matchs ou pour tous ces coups qui n’appartiennent qu’à lui, je ne peux pas lui en vouloir de décliner de cette façon. C’est inéluctable, logique et presque rassurant même si j’ai du mal à l’accepter. Il aura marqué l’histoire du tennis, m’aura fait aimer ce sport et fait vivre mes plus beaux moments devant ma télé ou mon ordinateur.

Federer reviendra-t-il au sommet ? Pourra-t-il de nouveau remporter un Grand Chelem ? Ce soir, sous le coup de l’émotion, je pense que non. Mais c’est aussi dans les moments les plus difficiles que l’on voit les grands champions. Et, assurément, Federer l’a prouvé plus d’une fois, il est de cette trempe, et même au-delà. La saison n’est pas finie et il reste de nombreux tournois où il peut réussir quelque chose de grand, mais ça sera compliqué… Maintenant se pose la question de l’âge, d’un déclin physique forcément présent et d’une motivation (ou concentration, appelons cela comme on veut) qui ne peut plus être celle d’il y a cinq ou six ans. Malgré tout cela, il reste bien au dessus de la majorité des joueurs mais n’a plus ni la marge ni l’aura qui lui permettait de toujours s’en sortir, quoi qu’il se passe. Il sera toujours un outsider que ses principaux adversaires ne peuvent prendre à la légère car toujours capable de coups d’éclat mais il ne pourra sans doute plus jamais être considéré comme le vrai favori d’un tournoi majeur.

J’ai conscience de parler de Federer presque au passé mais je n’espère qu’une seule chose : qu’il renaisse de ces cendres londoniennes encore toutes chaudes pour nous claquer une dernière très grande victoire. Il pourra partir définitivement en paix et laisser le tennis orphelin de celui qu’il a tant servi et qui a élevé ce sport au rang d’art. De mon côté, je sais que ce sera aussi un jour très triste et que ce sport ne sera plus jamais comme avant sans lui. Je m’y prépare doucement tout en espérant que cela arrive le plus tard possible. Car il a encore des volées, des passings, des coups droits décroisés et des revers longs de ligne à nous offrir. Ça ne sera malheureusement pas lors de ce Wimbledon mais je serai toujours là pour le voir en action. Mais ce soir, je suis encore sous le choc.

Grande tristesse…

Federer



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Bertouille 27.06.2013, 09:51

Joli commentaire, qui traduit très justement ce que les fans ressentent ! Mais non, Fed n'est pas fini, c'est une certitude !
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Nico 30.06.2013, 23:52

Belle auto-analyse mon cher Tim. C'est fou la capacité que tu as à trouver des mots aussi justes pour décrire cette passion qui t'anime... Merci en tout cas de nous faire partager tout ça. Comme souvent, on rit et on pleure avec toi !
Ciao l'artiste
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Tim Fait Son Cinéma 01.07.2013, 07:20

Merci bien, Nico


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