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LE JOUR OÙ UN MATCH DE TENNIS…

 L'Article


... M’A FAIT PERDRE BEAUCOUP (TROP) DE MES ILLUSIONS

Finale OA 2012

Je l’avoue d’emblée : je n’ai regardé la finale d’aujourd’hui que par bribes. Deux ou trois points par-ci, par-là. J’ai vu du bon (des échanges assez dantesques) et du moins bon (beaucoup de fautes directes). Je n’avais pas six heures de suite à passer pour regarder ça, désolé… Presque tout le monde s’accorde à dire que cette finale a été immense sur le plan de l’intensité et du physique mais aucunement sur le plan tennistique pur. Le problème est que cela confirme un mouvement amorcé depuis quelques années, qui ne me plaît pas du tout et qui préfigure sans doute maintenant l’évolution du tennis. Celle-ci, si elle se confirme n’est bonne ni pour l’image ni pour la crédibilité de ce sport qui peut être parfois si magique. Je m’en explique plus en détail avant qu’on me taxe de rabat-joie pro-Federer (ce que je suis sans doute).

Ce match a duré presque six heures, soit le record de la plus longue finale en Grand Chelem de l’histoire. Il est tout de même nécessaire de rappeler ici que cette finale opposait quelqu’un qui dit ne pas s’être entraîné pendant un mois avant le tournoi et qui avait le genou bloqué – au point de ne pas pouvoir bouger – il y a deux semaines (Nadal pour ne pas le nommer) et un autre qui avait déjà presque cinq heures de tennis dans les jambes deux jours auparavant (Djokovic) après un combat du même acabit face à Andy Murray. Bien sûr, les exploits physiques hors-normes sont possibles mais, honnêtement là, ce match est peut-être allé un peu trop loin.

A ce niveau-là d’intensité pendant une telle durée, il y a forcément des questions à se poser. Jamais un moment de déconcentration ou presque, toujours la même lourdeur de balle, la même capacité à courir et à remettre des coups impossibles. Les points les plus longs ont été faits en fin de match, presque comme si de rien n’était. Tout cela n’est plus vraiment très crédible. D’ailleurs, quand on lit les différents articles relatant le match, on voit souvent parler de match de « mutants » ou d’« extra-terrestres ». Ce sont les mêmes termes qu’on a pu employer devant des performances similaires dans d’autres sports comme le cyclisme notamment. Cela me rappelle quand on a applaudi (et moi le premier) les grands exploits de Marco Pantani ou Lance Armstrong dans les grands cols alpins. On sait ce qui est advenu par la suite par rapport à ces « champions » et à leur « performance ». On ne peut pas accuser sans preuves, bien sûr, mais là, la pilule commence à être dure à avaler, même pour moi qui ai toujours été quelqu’un de plutôt optimiste par rapport à la question du dopage.

Mais cette évolution « malsaine » vient aussi en grande partie de ce que les instances du tennis font elles-mêmes de leur sport. Les surfaces, tout comme les balles, ralentissent grandement le jeu. Tous les tournois se jouent aujourd’hui à une vitesse complètement absurde, sauf le dernier mois de l’année, en indoor. Le tournoi du Grand Chelem dont la surface est la plus rapide est aujourd’hui Roalnd-Garros, d’après un certain nombre d’échos. Cela pose tout de même fortement question. Cela formate les joueurs dans des filières de jeu assez terribles de défenseurs (Nadal) ou, au mieux de contreurs (Djokovic), puisque, sur de telles surfaces, il est beaucoup plus facile de produire ce type de jeu plutôt que d’attaquer et de créer, au risque de se faire punir si les lignes ne sont pas balayées sur chaque balle. Cela est vraiment inquiétant et triste car les jeunes joueurs de maintenant se voient obligés de s’inscrire dans ce type de jeu afin d’avoir une chance de s’en sortir. Le tennis devient donc peu à peu un sport où le physique (et notamment la capacité à garder une intensité pendant des heures et des heures) compte beaucoup plus que tout le reste. Finalement, maintenant, quand je vois Federer avoir des trous de trois ou quatre jeux, ça me rassure, c’est pour dire…

Pour moi, le match d’aujourd’hui fait peut-être rentrer le tennis définitivement dans une nouvelle ère, pas forcément la plus réjouissante pour ce sport. Certains parlent d’un nouvel âge d’or. Et bien moi, je le dis clairement, je ne suis pas d’accord !!




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