L'Article
Marcus Goldman, le célèbre auteur de La vérité sur l’affaire Harry Québert se penche sur l’histoire de sa famille, historiquement toujours divisée en deux branches : les Goldman-de-Montclair, dont il est issu, sont une famille de classe moyenne alors que les Goldman-de-Baltimore vivent dans le luxe, ce qui a toujours suscité une grande admiration de la part de Marcus. Mais, au fil de se jeunesse, de nombreux éléments ont fini par évoluer pour aboutir au Drame, celui qui a tout fait basculer…
Alors que son précédent roman (La vérité sur l’affaire Harry Québert) a été un véritable succès, assez inattendu, d’ailleurs, Joël Dicker, tout juste trentenaire, vient de sortir son nouveau livre, ce qui est donc l’un des événements de la rentrée littéraire. Personnellement, j’avais vraiment été happé par ce vrai-faux thriller que je n’avais pas réussi à lâcher (les deux fois où je l’ai lu, d’ailleurs) et après avoir lu son premier roman, très différent, j’étais vraiment pressé de voir ce que nous réservait l’auteur suisse. En comprenant que le personnage principal et narrateur était de nouveau Marcus Goldman, celui qui était déjà au cœur de Harry Québert, j’avoue avoir été un peu surpris et même un peu méfiant, inquiet qu’il nous resserve un peu le même genre d’histoire. Mais, finalement, même s’il y a là encore une forme d’intrigue qui fait que l’on a du mal à s’empêcher de tourner les pages, Le livre des Baltimore est un livre assez différent, finalement un peu à la croisée de ses deux premières œuvres.
On retrouve d’ailleurs tout ce qui peut agacer chez cette auteur : sa façon d’en faire des tonnes à certains moments, ses facilités parfois dans l’écriture, ses dialogues pas toujours exceptionnels et même un peu culculs par moments. Mais, une nouvelle fois, on est emporté par le reste tant ce livre dégage quelque chose : il a du souffle, véhicule beaucoup de choses, de nombreux thèmes sont abordés et même l’intrigue, si elle est bien moins complexe et plus attendue que pour Harry Québert, ne nous lâche jamais et finit presque par nous surprendre sur la fin. Là, Dicker insiste beaucoup plus sur le côté fresque familiale, en décrivant chacun des personnages, en montrant les interactions entre chacun, ce qui peut évoluer au fil que des tensions, souvent cachées, apparaissent. C’est dans cette description de tout ce qui fait une famille (amour inconditionnel mais également jalousies rentrées) et cela sur plusieurs générations que ce livre est réussi, notamment parce qu’il est très bien construit, jouant sur les différentes temporalités, pour se révéler peu à peu, tout en faisant monter une véritable tension.
« Les plus grands moments de ma jeunesse furent ceux passés avec eux, et longtemps la seule évocation de leur nom me rendit fou de fierté et de bonheur. De toutes les familles que j’avais connues jusqu’alors, de toutes les personnes que j’avas pu rencontrer, ils m’étaient apparus comme supérieurs : plus heureux, plus accomplis, plus ambitieux, plus respectés. Longtemps la vie allait me donner raison. Ils étaient des êtres d’une autre dimension. J’étais fasciné par la facilité avec laquelle ils traversaient la vie, ébloui par leur rayonnement, subjugué par leur aisance. »
Une fois de plus, ce n’est pas de la grande littérature et certains aspects de son écriture seraient presque agaçants par moments, mais Joël Dicker a quand même une vraie faculté à construire des romans que l’on n’arrive pas à lâcher et qui brassent beaucoup de belles thématiques. On le lit avec plaisir et c’est déjà le signe d’une nouvelle réussite.