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LE NOUVEAU NOM D'ELENA FERRANTE

 L'Article


Dans cette suite de L’amie prodigieuse, Lena poursuit avec brio ses études, alors que son amie de toujours, Lila, est enfermée dans un mariage de plus en plus compliqué. Bien que leurs chemins semblent de plus en plus se séparer, elles passent un été ensemble, à Ischia, et retrouvent Nino, celui que Lena aime en secret depuis si longtemps…

 

Mes chroniques sur les livres que je finis commencent toujours par une photo de l’auteur. Cette fois-ci, il me sera difficile d’en faire autant puisque personne (ou presque) ne sait qui se cache derrière ce pseudonyme féminin. Si la plupart des gens qui travaillent sur ses écrits (notamment son éditeur français et la traductrice) sont persuadés qu’il s’agit bien d’une femme, d’autres penchent plutôt pour un homme (ce qui, en Italie, a d’ailleurs provoqué de nombreuses polémiques sur la place des femmes dans la littérature contemporaine). Et la question se pose également puisqu’Elena Ferrante est devenue l’auteur italien le plus lu à l’étranger et c’est sa quadrilogie L’amie prodigieuse qui lui a apporté une reconnaissance mondiale. De telle sorte qu’il (ou elle, donc) vient d’apparaître dans les 100 personnalités les plus importantes du TIME, rien que ça. Finalement, savoir si c’est un homme ou une femme n’est pas si important même si l’une des interrogations majeures quand on lit cette œuvre est celle de sa dimension autobiographique. L’auteur raconte-t-il vraiment sa jeunesse napolitaine et une histoire d’amitié qui va durer toute une vie ? En tout cas, tout ce que l’on peut dire, c’est que le lecteur a vraiment le sentiment que c’est le cas.

Après un premier tome que j’ai lu cet été et que j’ai trouvé assez impressionnant, je n’ai pas pu résister à l’envie de m’attaquer à la suite, qui me semble encore plus volumineuse. Pourtant, elle s’intéresse à une période temporelle moins importante (environ six ans) mais ce sont des années absolument décisives dans la vie de Lena et Lila, de sorte que le roman prend des allures de roman initiatique où les deux jeunes femmes vont être confrontées à des situations qu’elles vont devoir gérer et qui vont se révéler décisives dans leur vie toute entière. D’ailleurs, l’histoire insiste beaucoup sur la dualité de plus en plus importante entre les deux jeunes filles qui semblent s’éloigner presque irrémédiablement au fil des pages et au fil des années. D’abord parce que leur vie n’a plus rien de commun mais aussi géographiquement au bout d’un moment. Néanmoins, le lien, presque surnaturel entre les deux, est toujours présent. Le quartier où elles ont grandi, semble avoir moins d’importance que dans le premier tome, justement parce que les personnages sont vraiment en capacité de faire des choix mais on sent malgré tout toujours la prégnance de cette ambiance si particulière et qu’Elena Ferrante rend si bien.

Le nouveau nom est également un peu plus politique, de sorte qu’on a réellement la sensation que, au cours de toute cette saga, l’écrivain parvient à adapter son écriture et les thèmes les plus importants à l’âge et aux préoccupations de ses personnages principaux. Et c’est une prouesse que je trouve particulièrement impressionnante. Les six années de vie des deux jeunes femmes (et de ceux qui les entourent) sont racontées avec des ruptures temporelles et Elena Ferrante les gère parfaitement, réussissant à résumer avec brio deux ans de vie et de sensations en deux pages, comme à prendre son temps pour décrire une scène bien précise et les sentiments qui en découlent. Certains passages, plus spécifiques, sont magnifiques, notamment quand elle s’intéresse à la psychologie de son personnage principal. Mais, surtout, ce qui me touche le plus avec ce roman, c’est l’impression d’une force qui se dégage de l’écriture et qui emmène avec elle un lecteur qui a du mal à résister à une forme de tourbillon romanesque. C’est d’une puissance par moments absolument phénoménale et, une fois qu’on est lancé, il est très compliqué de s’en détacher. La force d’un auteur qui va encore faire parler de lui, malgré (ou grâce) au mystère qui entoure son identité, mais surtout grâce à cette saga passionnante.

« En les écoutant, père et fille, je réalisai ce que je n'avais jamais eu et qui, maintenant je le savais, me manquerait toujours. Quoi, en fait ? J'étais incapable de le dire avec exactitude : peut-être l'habitude de faire profondément miennes les questions du monde, la capacité à sentir qu'elles étaient d'une importance capitale et non pas de simples moyens pour obtenir de bonnes notes aux examens, une forme d'esprit qui ne réduisait pas tout à une lutte personnelle et à un effort pour s'affirmer. »

  

Continuant dans la même veine que le premier livre, Elena Ferrante nous entraine à la suite de Lena et Lila qui se retrouvent à des carrefours de leurs vies de jeunes femmes et qui vont devoir faire des choix souvent compliqués. On retrouve dans l’écriture de l’auteur une vraie puissance et un souffle auquel il est difficile de résister. Maintenant, il faudra attendre début 2017 pour avoir la traduction du troisième tome. Ça risque d’être compliqué de patienter jusque-là.

Le nouveau nom




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