L'Article
Oui, je sais, cela fait longtemps que je n’ai pas posté de critiques de films. Et pour cause, je suis parti en voyage pendant trois semaines au Sri Lanka (un pays magnifique, que je conseille vivement, soit dit en passant). Et même si j’ai pu voir quelques longs métrages dans l’avion – Spotlight (bien mais pas top), Babysitting 2 (pas loin d’être lamentable), Au nom de ma fille (trop illustratif), La chute de Londres (très drôle, dans son genre), Maryland (intéressant mais pas transcendant), Demolition (que je n’ai même pas pu finir),Eddie the Eagle (complètement anecdotique) et 13 heures (qui, dans son style, est plutôt réussi)– il n’en reste pas moins que je ne suis pas allé au cinéma depuis un sacré temps. Et, dans les prochains jours, les Jeux Olympiques ne vont pas me permettre d’y aller beaucoup plus. Il faudra donc attendre la rentrée de septembre pour y retourner tranquillement !
Mais, pour autant, je n’ai pas non plus « rien fait » de mes vacances puisque j’ai eu le temps de lire quelques livres, sur lesquels je vous partage mes impressions assez rapidement, dans l’ordre où je les ai lus (qui peut d’ailleurs expliquer certains jugements). Il y’en a un peu de tous les styles, vous verrez, même si je n’avais volontairement pas pris de romans policiers car, sinon, je n’arrive pas à les lâcher et je deviens assez insupportable…
Mon enfant de Berlin d’Anne Wiazemsky
C’est un drôle de roman dans lequel j’ai finalement eu un peu de mal à me mettre. Ce n’est que dans les dernières pages que j’ai vraiment ressenti quelque chose, alors que j’avais trouvé le début un peu laborieux et certains passages franchement pas très intéressants. Il s’agit en fait de la fille qui raconte l’histoire de sa mère en tissant une fiction autour des lettres qui sont véridiques (enfin, c’est ce que j’ai compris) et de récits qu’on a pu faire plus tard. Personnellement, je trouve le procédé assez étrange et, par moments, il m’a presque mis un peu mal à l’aise. Si ce n’est la dimension historique (tout cela se passe à la fin de la Seconde Guerre Mondiale) qui n’est en plus pas tant que cela exploitée, je n’ai en fait pas vu beaucoup d’intérêt à ce récit, et, au final, j’ai du mal à dire qu’il m’a procuré un grand plaisir de lecture.
L’amie prodigieuse d'Elena Ferrante
Ecrit par un auteur qui publie sous pseudonyme (on ne sait même pas si c’est un homme ou une femme), ce roman raconte les premières années de la vie de Lena et Lila, deux amies d’enfance qui vont avoir un destin bien différent dans un quartier pauvre du Naples de la fin des années 50. Même si certains épisodes sont brossés un peu trop rapidement, il y a là tout d’une grande fresque, avec ses multiples personnages, ses histoires de rivalité, de violence ou d’amour. Elena Ferrante fait preuve d’une vraie puissance d’écriture tant on se sent entraîné au cœur de ce quartier, avec tous ses problèmes mais aussi les joies qu’il peut procurer. En tout cas, quand on referme un livre et que l’on a envie de lire la suite (car, oui, il y en a une), c’est très bon signe. C’est le cas ici, tant ces deux personnages, et tous ceux qui gravitent autour sont attachants.
L’analphabète qui savait compter de Jonas Jonasson
L’auteur du succès planétaire Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire – dont l’adaptation cinématographique, vue en DVD dernièrement, n’est d’ailleurs pas très bonne – récidive avec une nouvelle histoire complètement tirée par les cheveux, faite de situations baroques et de personnages pour le moins loufoques. On retrouve également exactement le même style d’écriture, avec cette propension à brosser des portraits de façon très rapide et à s’appuyer sur des éléments historiques véridiques pour construire son récit. Alors, autant la première fois, c’était plutôt amusant, autant là, ça devient un peu plus lassant, surtout qu’il y a quelques longueurs parfois coupables et des personnages principaux franchement pas passionnants. Il serait peut-être temps de se renouveler, au risque d’écrire toujours le même roman (en moins bon, en plus) et de ne plus intéresser grand-monde…
La vie d’une autre de Frédérique Deghelt
Sans aucun doute le roman le plus fort lu au cours de cet été. Le pitch de départ est assez savoureux – une femme se réveille un jour, en n’ayant aucun souvenir des douze dernières années de sa vie – mais je trouve surtout qu’il est extrêmement bien utilisé. Plutôt que de prendre le chemin du « comique » de la situation (et de tous les quiproquos engendrés par cette longue amnésie), La vie d’une autre choisit le versant du drame en posant les questions sur le temps qui passe, sur le couple, sur l’amour, sur la vie de famille. C’est fait avec un style d’écriture simple mais une très grande justesse dans la description des sentiments. Il y a peu de fioritures et une façon d’aller à l’essentiel impressionnantes. Et les dernières pages sont absolument sublimes. En le lisant, je me disais que ce livre mériterait une adaptation au cinéma, tout en me rendant compte à la fin que ça avait déjà été fait, avec Sylvie Testud à la mise en scène. De ce que j’ai rapidement pu en lire, ça ne m’intéresse pas du tout car, visiblement, la réalisatrice a plutôt choisi de garder le côté « amusant » du point de départ et d’en évacuer une bonne partie du drame qui se joue. Pour moi, l’histoire perd alors toute sa force… Je resterai donc sur l’impression du livre qui me convient bien mieux, tant elle ouvre à de multiples réflexions.
La petite boulangerie du bout du monde de Jenny Colgan
Là, on est dans un style de livre assez précis : celui du roman que l’on prend plutôt du plaisir à lire (il faut savoir être honnête) mais qu’on aura oublié presque aussitôt après l’avoir refermé, tant il n’a absolument rien d’original. Cette histoire de femme qui réinvente sa vie dans une contrée perdue a tout du feel-good novel (je ne sais même pas si cette dénomination existe), avec ses personnages hauts en couleur, ses rebondissements qui n’en sont pas vraiment tant ils sont attendus et sa fin téléguidée. Mais ce qui m’a sans doute le plus marqué, et presque fasciné, c’est le fait qu’on a le sentiment pendant toute la lecture que ce roman a été écrit dans le but principal d’être adapté au cinéma. Il y a absolument tout pour faire un feel good movie (pour le coup, ça existe !) à l’anglaise, mignon tout plein, mais qui ne casse pas trois pates à un canard… Je n’ai presque aucun doute sur le fait que ce projet se fera et j’ai même quelques idées sur les noms des acteurs…
Immortelle randonnée de Jean-Christophe Rufin
A la suite d’un voyage sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle, l’auteur, qui a également été ambassadeur auparavant, s’est laissé convaincre de raconter son périple, lui qui ne comptait pourtant pas le faire a priori. Et le résultat est vraiment intéressant puisque, plus du chemin en lui-même, Rufin nous parle de lui-même mais aussi du rapport que peuvent avoir les pèlerins avec ce qui s’apparente à la fois à un véritable mythe mais aussi à une vaste foire commerciale. On sent que l’auteur a à la fois un certain détachement par rapport à ce trajet mais aussi qu’il en est tout à fait habité et qu’il en garde vraiment quelque chose. Un peu à la manière d’un Emmanuel Carrère, Rufin réussit à analyser tout cela à un niveau « supérieur », avec une certaine dose d’humour et un peu d’autodérision également. Que l’on ait envie ou pas de faire le Chemin de Compostelle, ce récit est vraiment intéressant car les sujets évoqués sont très nombreux et on regrette même parfois qu’ils ne soient pas plus creusés.
Et, pour finir, voici la liste des principaux albums écoutés pendant la lecture de ces romans (dans le désordre le plus complet, d’ailleurs) :
- Junk de M83
- Palermo Hollywood de Benjamin Biolay
- Summer 08 de Metronomy
- Pain-Noir de Pain-Noir
- Zanaka de Jain
- Everything you’ve come to expect de The Last Shadow Puppets
- Ash & Ice de The Kills
- Nothing but thieves de Nothing But Thieves