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MAPUCHE DE CARYL FÉREY

 L'Article


Caryl Férey


Rubén Calderón est le fils d’un poète mort dans les geôles pendant la dictature argentine. Depuis, il enquête sans relâche sur les disparus de cette époque sombre de son pays. Lors de l’une de ses recherches, il faut la rencontre de Jana, une jeune sculptrice issue de la tribu des Mapuche, qui lui demande de l’aider à propos du meurtre de l’un de ses amis travesti. Mais, en Argentine, le passé n’est jamais loin…



Malgré son nom qui sonne américain, Cary Férey est un auteur « bien de chez nous », un breton qui revendique son identité mais qui, pourtant, s’est surtout fait connaître pour ses polars sombres se passant hors de France. Il y avait eu Haka ou Utu qui se déroulaient en Nouvelle-Zélande puis le très remarqué Zulu en Afrique du Sud. Ce dernier a d’ailleurs fait l’objet d’une adaptation nerveuse et violente en fin d’année dernière. Avec Mapuche, il continue son « tour du Monde » et nous plonge une nouvelle fois dans les heures sombres d’un autre pays. Cette fois-ci, c’est au tour de l’Argentine de voir le passé ressurgir à travers l’histoire de Rubén et Jana qui vont être confrontés à une affaire qui va les ramener à la période de la dictature, avec son cortège d’horreurs. Dans la construction, il y a des ressemblances avec Zulu (une enquête contemporaine qui fait revenir le passé, un duo assez improbable qui enquête, une fin qui est presque similaire, sans trop en dire,…) et je commence à comprendre pourquoi le film de Jérôme Salle avait un côté très âpre. Et si l’on s’en réfère au style de Mapuche, on peut même se dire que le long-métrage est « soft ».

 

En effet, Caryl Férey n’hésite pas à y aller assez fort dans les descriptions, que ce soient des épisodes de torture ou des combats en corps à corps. C’est parfois particulièrement gore et, globalement, il faut avoir le cœur bien accroché. Mais, plus que l’enquête policière (pas forcément très intéressante car donnant assez peu d’occasions d’être surpris), c’est surtout le côté psychologique et historique qui est travaillé. L’auteur insiste beaucoup sur ce qui passe dans la tête de Rubén et Jana, ce qui les travaille vraiment et comment l’histoire a un poids très important dans leur comportement. D’ailleurs, cet aspect historique est aussi extrêmement travaillé et on apprend énormément de choses sur cette période assez terrible, tout comme sur ce que cela implique aujourd’hui dans un pays gangréné par la corruption et la crise économique. Le tout dans un style particulièrement incisif et rentre-dedans.

 



« La police avait vite menacé, puis ordonné la dispersion, mais les Mères, se tenant par les coudes, s'étaient mises à circuler autour de la place, au sens propre et inverse des aiguilles d'une montre, par ultime défi. Des " folles" avait raillé le pouvoir.


Mais elles revenaient. Chaque jeudi...


On leur avait envoyé les chiens, les charges de la police montée, on avait procédé à des arrestations en bande: les Mères de la place de Mai revenaient après chaque dispersion, reformaient les rangs, bientôt gonflés par leurs sœurs, leurs filles, leurs amis.  
»

 

Sombre, violent, parfois à la limite du gore, Mapuche est un thriller qui nous plonge au cœur d’une période terrible de l’histoire argentine. C’est intéressant et dit beaucoup sur ce pays, à la fois du pont de vue historique mais aussi aujourd’hui, avec ses inégalités et ses secrets toujours cachés. Il faut quand même ne pas avoir peur des sensations fortes avant de l’attaquer…



Mapuche




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