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TFSC EN MODE COUPE DU MONDE 2018 : FINALE - FRANCE-CROATIE

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Finale

Finale

La France s’avance favorite de sa finale face à la Croatie. Elle a maitrisé avec beaucoup de talent son quart et sa demi-finale, faisant preuve d’une solidité exemplaire. Les Croates, eux, ont eu besoin des prolongations depuis les huitièmes de finale, passant même deux fois lors de la séance des tirs aux buts. Mais une finale est un match à part où tout peut se passer et où l’irrationnel peut s’inviter à tout moment. C’est un peu ce qu’il s’est passé, même si les Bleus ont su y résister pour devenir CHAMPIONS DU MONDE !!!

Même avec un recul de presque vingt-quatre heures, il n’est vraiment pas facile d’analyser cette victoire de la France et ce qu’elle implique. Et ceci pour plusieurs raisons :

  • Je ne pense pas avoir tout compris à ce match, d’abord parce que je l’ai regardé avec beaucoup de monde autour de moi et que j’ai eu du mal à me concentrer réellement sur le jeu, et ensuite parce que je crois que c’était une rencontre assez difficile à appréhender, tant elle est partie dans tous les sens.
  • Ce titre de Champion du Monde vient après un mois de compétition et il est compliqué de dissocier ce match en particulier de ceux qui l’ont précédé.
  • Enfin, une victoire en Coupe du Monde, c’est suffisamment exceptionnel pour qu’on ait du mal à raison garder et essayer de donner son avis le plus fidèlement possible sur un match.

C’est pourquoi il me semble plus facile de répondre à différentes questions (il y en aura neuf au total), à la fois sur le match en lui-même, sur la victoire en Coupe du Monde et sur l’effet que peut avoir ce titre sur le football et dans le pays.

Qu’est-ce que c’était que cette première mi-temps ?

Voir les Français devant au score après quarante-cinq minutes relève de ce que l’on peut appeler un petit miracle. Si les Croates n’ont pas été hyper dangereux pendant la première mi-temps, ils ont clairement dominé, laissant les Français très loin du ballon. Surtout, les Bleus ont failli dans les grandes largeurs dans ce qui avait fait leur force lors des deux matchs précédents : la solidité et la capacité à vite et bien se projeter. Battus dans presque tous les duels, les Français n’ont jamais réussi à être dans le bon rythme au cours des quarante-cinq premières minutes. Le meilleur exemple est évidemment Ngolo Kanté, si brillant lors des matchs précédents et qui s’est fait manger dans les grandes largeurs par le milieu croate. Les Bleus ont également été techniquement très friables, ne réussissant pas à faire plus de quatre ou cinq passes par phases de jeu. Mais ils ont réussi à marquer sur un but contre son camp suite à un coup-franc et un penalty obtenu suite à un corner. Une frappe cadrée, deux buts et un avantage à la pause : efficacité maximale !

Comment la France a-t-elle gagné ce match ?

Après cette première mi-temps cauchemardesque dans le contenu, c’est allé un peu mieux, notamment grâce à l’entrée de Nzonzi à la place de Kanté et qui a permis d’équilibrer le milieu de terrain et de mettre davantage en valeur un Pogba qui a retrouvé la qualité de son jeu vers l’avant. Griezmann et Giroud ont également élevé leur niveau pour davantage conserver le ballon et permettre au bloc de remonter. Les Croates, eux, n’ont pas semblé pêché tant que cela physiquement, même si on a senti après le quatrième but français qu’ils avaient pris un gros coup au moral. Car la force de cette équipe de France a été de réussir à « plier » la rencontre en à peine plus de cinq minutes sur deux frappes de loin (Pogba puis Mbappé) où Subasic, le gardien croate, ne me semble pas très inspiré. Malgré l’énorme boulette d’Hugo Lloris, heureusement sans conséquence, les Bleus ont pu gérer une fin de match où ils ne se sont jamais véritablement fait peur. Ce qui est très paradoxal, c’est que la France a fait en finale son plus mauvais match de la compétition, en tout cas celui où je l’ai trouvée le plus en difficulté, mais elle a réussi à s’imposer sans se faire de grosse frayeur et en faisant preuve d’une efficacité clinique devant le but.

Etait-ce une grande finale ?

Evidemment, quand on est Français, c’est compliqué de dire que ce n’était pas un grand match, car c’est celui qui nous offre un nouveau titre de Champion du Monde. Mais, si je me place dans la peau d’un observateur neutre, je suis persuadé que ce France-Croatie restera comme l’une des finales les plus bizarres et difficile à analyser de l’histoire. Elle a été spectaculaire, pleine de rebondissements et d’événements « étranges » mais, surtout, l’équipe qui a dominé a finalement pris quatre buts. Le fait de perdre en ayant la possession de balle est presque devenu une constante du football moderne mais on peut dire que les Croates ont eu le ballon et l’ont surtout bien utilisé. N’empêche qu’ils n’ont jamais su véritablement mettre la pression sur les buts français. Cette finale a un peu été à l’image de cette Coupe du Monde puisqu’on y a utilisé l’assistance vidéo pour donner un penalty (quel temps entre la faute de main et le tir de Griezmann !), il y a eu un but contre son camp (le record a été battu, et largement lors de cette édition) et le niveau de jeu n’a pas vraiment été exceptionnel. Difficile de croire que ce match restera un classique…

Le titre pour la France, est-ce une surprise ?

Je vais être tout à fait honnête : un nouveau titre de l’équipe de France me semblait être une hypothèse hautement improbable il y a encore un mois. Même si les Bleus faisaient partie d’un groupe d’outsiders (au même titre que cinq ou six autres sélections), ils me semblaient assez largement derrière d’autres nations comme le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne, qui avaient, en plus du talent individuel, un vécu collectif que je trouvais largement supérieur. Mais une Coupe du Monde est une compétition à part, où toutes les surprises peuvent arriver et où les équipes peuvent se révéler sans qu’on les attende forcément. Les favoris logiques chutant tour à tour, l’équipe de France est devenue une candidate plus que crédible à la victoire au fur et à mesure que les jours passaient. Son huitième de finale contre l’Argentine a été l’élément déclencheur d’une sorte de conviction profonde sur laquelle se sont appuyés les joueurs jusqu’au bout : en faisant tous les efforts possibles, ils ne pouvaient pas leur arriver grand-chose. Les joueurs s’y sont accrochés pour aller au bout et remporter ce qui est le rêve de tout footballeur.

Est-ce, avant tout, la victoire de Didier Deschamps ? 

Evidemment, ce titre revient avant toute chose aux vingt-trois joueurs du groupe, qu’ils aient plus ou moins (ou pas) joué. Ce sont eux qui étaient sur le terrain et qui ont fait les efforts pour atteindre cet objectif. Mais l’impact de Didier Deschamps doit être souligné. Depuis qu’il a mis fin à sa carrière de joueur (couronnée de succès), il n’a connu que peu d’échecs en tant qu’entraîneur (une finale de Ligue des Champions perdue en 2004 avec Monaco et la finale de l’Euro 2016 avec la France) et continue d’écrire sa légende dorée. On parle souvent de la « chatte à Dédé », mais c’est oublier que c’est avant tout un véritable meneur d’hommes et un tacticien plus fin qu’on veut parfois le faire croire. Il a réussi pour cette Coupe du Monde à créer un groupe de joueurs unis, sans forcément prendre toujours les meilleurs à leur poste, mais avec l’idée que la cohésion de groupe devait être au-dessus de tout. Et, s’il a tâtonné en matchs de préparation et même au premier tour, il a réussi à trouver un onze titulaire avec lequel il a joué (et gagné) les matchs à élimination directe. Une composition où l’équilibre d’équipe était le maître mot, avec, notamment, le positionnement assez « original » de Matuidi. Une bonne partie du mérite de ce titre revient donc à Deschamps, qui devient seulement le troisième homme à avoir été Champion du Monde en tant que joueur puis en tant qu’entraîneur (après Mario Zagallo et Franz Beckenbauer).

Quelle est la suite pour cette génération ?

Au lendemain de cette formidable victoire, j’ai du mal à me projeter sur la suite parce que c’est suffisamment beau pour qu’on en profite, au moins pour tout l’été, sans penser au lendemain. Mais c’est l’histoire du sport que de nous rappeler qu’un titre doit se défendre et que, dès septembre, l’équipe de France sera de retour, avec une deuxième étoile sur le maillot, pour se qualifier pour le prochain Euro (en passant par la Ligue des Nations, je ne me lance pas dans l’explication, c’est bien trop compliqué…). Et on peut se dire que l’avenir est radieux pour cette équipe de France, particulièrement jeune et qui semble encore avoir une marge de progression. Avec ses talents offensifs que le monde nous envie, et une solidité défensive qu’elle a réussi à trouver lors de cette compétition, elle peut faire très mal dans les prochaines années. Et puis elle possède celui qui est sans doute la plus grande star du football dans les dix années à venir, à savoir Kylian Mbappé. Il a tout pour poursuivre sa progression et devenir complètement irrésistible pour les prochaines grandes compétitions. En somme, je ne me fais pas trop de souci pour l’Equipe de France même s’il faudra être vigilant, surtout quand on sait le sort réservé aux tenants du titre lors des Coupes du Monde suivantes…

Quel héritage footballistique peut laisser cette victoire ?

Après le titre de 1998, obtenu (pour schématiser) en bétonnant derrière et en misant sur le talent des joueurs de devant, on a connu en France une assez longue période où la frilosité était de mise, notamment dans le championnat, avec des techniciens qui semblaient se réfugier derrière une tactique qui avait parfaitement fonctionné pour une équipe à un moment donné mais qui ne peut pas non plus être une assurance tout risque. Il me semble que cet effet « nocif » de 98 s’est estompé, notamment grâce à l’arrivée de techniciens étrangers en Ligue 1 et c’est plutôt une bonne chose. Mais cette victoire de 2018, obtenue en contrant l'adversaire (là encore, c’est largement schématique) peut-elle refaire sortir du chapeau cette conception frileuse du jeu ? J’ai en fait surtout le sentiment que c’est en fait une façon de jouer qui est en train de s’imposer peu à peu, que ce soit en club ou en sélection et qui, puisqu’elle gagne (le Portugal à l'Euro ou l'Atletico Madrid), fait de plus en plus d’émules. Il s’agit d’avoir un bloc bas, très bien organisé, implacable au combat, qui laisse la possession à l’adversaire et qui a une grande capacité à se projeter vers l’avant. C’est globalement ce qu’a fait la France lors de cette Coupe du Monde et on peut donc penser que cette « mode » se poursuive.

Est-ce un marqueur historique pour la France ?

Forcément, ce titre ne peut pas avoir la même saveur que celui de 98. Ce n’est jamais pareil qu’une première fois, d’autant plus si celle-ci s’est disputée à domicile. Mais il n’en reste pas moins qu’une victoire en Coupe du Monde reste un événement exceptionnel, qu’il faut considérer comme ce qu’il est : une chance infinie pour ceux qui ont la chance de le vivre. Les Bleus de 2018 ont su, à leur manière, nous faire vibrer et nous entraîner avec eux au cours de matchs tellement différents qu’ils tracent une épopée sans doute un peu plus folle que celle de 98. Je pense que l’on se souviendra à jamais de ce 15 juillet 2018, date où la France est définitivement entrée dans le gotha des grandes nations du football (celles qui ont au moins deux titres) et qui a procuré à tout le pays une vraie joie et la promesse d’un été réussi. Alors, oui, évidemment, ce n’est que du football et il y a bien des choses plus importantes qu’une victoire en Coupe du Monde. Mais ça reste un bonheur collectif intense que seul le football peut offrir et voir le pays en liesse donne forcément la banane. Et la France a suffisamment eu l’occasion de se retrouver dans le drame et le deuil ces dernières années, notamment du fait d’attentats meurtriers, pour profiter à fond d’un bonheur « gratuit ».

Et quoi dire, pour finir ?

D’abord que j’ai une vraie pensée aujourd’hui pour Laurent Koscielny, qui devait être du voyage mais qui s’est blessé juste avant. Son forfait m’a beaucoup peiné car c’était un cadre de cette équipe et lui aussi aurait mérité d’être Champion du Monde cette année. Il va sans doute mettre un terme à sa carrière international et il manquera toujours cette ligne à son palmarès…

Ensuite que, à titre personnel, cette victoire a été une émotion très intense, peut-être encore plus que j’osais me l’imaginer au départ. Je suis fan de sport et je me rends toujours plus compte que c’est ce qui me fait vraiment vibrer émotionnellement. Et, forcément, il n’y a pas plus beau qu’un titre de Champion du Monde. Celui-ci, je l’ai vraiment vécu et, d’une certaine manière, je sais qu’il ne peut rien y avoir de plus beau dans ma vie d’amateur de sport !

Enfin que, une heure après le match, j’ai fait un trajet en voiture. J’ai croisé plein de voitures qui klaxonnaient, remplies de petits garçons et de petites filles. J’ai traversé de nombreux petits villages où des enfants agitaient des drapeaux et saluaient le passage de chaque voiture avec une joie communicative. Ça m’a vraiment ému car je trouve que c’est peut-être là qu’est l’essence même du sport : rendre heureux même ceux qui ne comprennent pas forcément tout ou qui ne sont pas en capacité d’analyser ce qui se passe sous leurs yeux. Ce qui leur importait, c’était juste que la France était Championne du Monde. Et ça suffisait à leur bonheur, et à celui de toute le monde. Je leur souhaite juste une chose : de garder toute leur vie ces précieux souvenirs et de les revivre de nouveau en tant qu’adulte ! Rendez-vous dans vingt ans ?

Le joueur : Antoine Griezmann (France)

Griezmann

Même s’il a eu du mal, comme toute l’équipe, lors de la première mi-temps, il frappe le coup-franc qui amène l’ouverture du score et transforme le penalty qui permet à la France de repasser devant. Plus en vue en deuxième mi-temps, il a été très utile à la fois offensivement, pour garder le ballon et donner de l’air aux Bleus, et défensivement, ne rechignant jamais à la tâche défensive en étant le premier au pressing. Il a bien mieux fini sa Coupe du Monde qu’il ne l’a commencé !

La note du match : 7.5/10




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