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UN MOIS DE SPORT #1 : AOUT 2011

 L'Article


A RETENIR

Août est souvent un mois assez étrange dans l’année de l’amateur sportif. C’est un mois qui est à la fois creux en évènement de très grande ampleur (hormis les championnats du monde d’athlétisme) et plein de nouveautés. En effet, avec un mois d’avance sur les écoliers, c’est la rentrée du football après un ou deux mois à la diète quasi-complète (encore plus dans une année impaire sans compétition majeure). Cet été, il y a tout de même eu la Coupe du monde féminine pour offrir un peu de football (et plutôt de qualité, pour ce que j’ai pu en voir), ainsi qu’une Copa America délestée de ses favoris dès les quarts de finale, et donc d’un intérêt relatif (bien que l’Uruguay soit un beau vainqueur).

Mais, bon, rien ne remplace début août, la présentation des effectifs de toutes les équipes, les pronostics de début de saison (souvent à côté de la plaque en fin de saison, mais c’est le jeu), les premiers matchs, les premières tendances, les premiers buts (et il y en a eu des jolis cette année) et les premiers débats enflammés.

En plus, cette année, les amateurs de foot ont plutôt été gâté puisqu’ils ont eu droit à deux Clasicos (le vrai : Barcelone-Real) en apéritif d’une saison qui s’annonce excitante. Et ces deux matchs nous ont confirmé que le Barca comme le Real sont bien sur une autre planète en termes de football et que, encore plus haut, il n’y a qu’un joueur : Lionel Messi, tout simplement éblouissant.


LE TOP : Christophe Lemaître sur 200 mètres

Christophe Lemaître

Même si les Championnats du monde se sont déroulés à cheval sur les mois d’août et septembre, la performance de ce mois est à mettre à l’actif de Christophe Lemaître sur 200 mètres. En effet, une médaille de bronze dans une discipline de sprint pur, comme le 200 mètres, pour un sprinter français et, qui plus est, blanc, c’est tout de même assez incroyable. Son 100 mètres avait pu laisser un goût amer, même si quatrième n’a rien de déshonorant pour un jeune homme qui connaissait sa première grande finale en championnat planétaire. Là, sur 200, il a réussi à prouver qu’il était bien un grand champion, qui n’avait pas froid aux yeux et qui savait gérer mentalement une situation pas des plus évidentes.

Tous les observateurs disaient (à raison) que ces trois médailles d’or acquises lors des Championnats d’Europe de Barcelone en 2010 ne valaient pas grand-chose au niveau mondial, si ce n’est peut-être une participation aux finales. Mais, il a prouvé qu’en progressant de façon constante, il pouvait aller chercher une breloque dans une discipline où tous les gros bras étaient là et où personne n’a été éliminé prématurément. Sans parler du chrono, tout simplement ahurissant de 19’80’’ (soit seulement cinq centièmes de plus que le record absolu de l’icône Carl Lewis). Et en plus, il a aidé le relais 4x100 à gagner l’argent le lendemain, dans une course où, là, le facteur chance a été plus déterminant.


LE FLOP : les calendriers absurdes

Calendrier

Le rugby est un sport qui aime cultiver une certaine différence, notamment avec le sport duquel il est devenu le plus proche concurrent en France, le football. On parle toujours de « valeurs » ou de « solidarité ». Moi, je parlerais aussi pour le coup d’absurdité.

Comment peut-on jouer presqu’un tiers du championnat (huit journées sur vingt-six) pendant la durée de la Coupe du Monde, le seul évènement d’importance planétaire pour ce sport ? Moi, il y a vraiment un truc qui m’échappe. Et ce qui me paraît encore plus fou, c’est que tous les clubs ont l’air de prendre ça avec philosophie.

Pourquoi ne pas supprimer le Tournoi des Six Nations les années suivant les Coupes du Monde (de toute façon, je suis un militant pour un Six Nations tous les deux ans uniquement) pour gagner quelques week-ends ? Pourquoi ne pas proposer une formule moins longue pour le championnat les années de Coupe du Monde (deux poules de sept équipes puis quarts, demis et finale soit 15 matchs au lieu de 29). Selon moi, il faut trouver une solution car cela n’est pas bénéfique ni pour le TOP 14, dont on parle moins, où il manque la plupart des stars, ni pour le rugby en général qui semble être tombé sur la tête.

Mais, le problème majeur, c’est que le football se met aussi à rentrer dans cette logique de calendrier complètement ubuesque. Cette année, les seizièmes de finale de la Coupe de la Ligue ont été joués pendant une semaine où les internationaux se trouvaient avec leurs sélections respectives. Je ne suis déjà pas un grand fan de cette Coupe qui a perdu son sens originel (créée alors que la première division se jouait à 18 clubs) et qui, si elle réserve quelques matchs assez mémorables, offre la plupart du temps un spectacle assez terne dans des stades quasi-vides. Parfois, ça permet de passer une soirée de semaine où il n’y a pas d’autres perspectives, mais c’est rarement de gaieté de cœur qu’on se met devant cette Coupe. Et si on la fait jouer pendant les trêves internationales, alors là, ça en devient complètement ubuesque.


LE FOCUS DU MOIS : Le sport féminin en France

Cet été, une conjonction de différents évènements, brèves ou autres résultats m’a amené tout doucement à cette question que je soulève ici : le sport féminin est-il dans une impasse en France ? En effet, pour plusieurs raisons, la réflexion mérite d’être soulevée et le débat doit exister. Où en est le sport féminin ? A-t-il encore une place dans notre société hyper-médiatique actuelle, surtout quand il s’agit de sport ? L’objet de cet article n’est aucunement de donner des leçons – d’ailleurs, je serais bien mal-à-l’aise de le faire étant donné que je suis le premier à zapper quand je tombe sur des matchs de tennis féminin, car je trouve ça inintéressant – mais plutôt de soulever un problème et d’essayer de trouver des solutions.

Tout est parti du buzz qui a été fait autour de l’Equipe de France de football féminine, auteur d’un parcours tout à fait honnête en Coupe du Monde (Quatrièmes après avoir perdu quand même trois match sur six et en en ayant gagné un aux tirs aux buts). Les journalistes ont loué leur état d’esprit irréprochable, leur volonté de tout donner sur le terrain et, accessoirement, la qualité de leur jeu. Où est donc le problème ? Il est que, mis à part les quelques journalistes spécialistes présents, la grande majorité des médias a traité cette actualité en comparaison directe avec ce qui s’était passé un an plus tôt pour l’Equipe de France masculine et qui était pour le moins cocasse (même si ce n’était pas l’Affaire d’Etat que tout le monde a monté en épingle, mais j’y reviendrai dans une autre chronique, si j’en trouve le temps). Je trouve cela totalement honteux et dégradant pour ces jeunes filles qui se démènent du mieux qu’elles peuvent pour faire que leur discipline ait une lucarne médiatique, même ténue. Elles n’ont ni envie, ni besoin qu’on les compare toujours aux hommes, surtout qu’il n’y a rien, absolument rien, de comparable en termes d’exposition médiatique (la preuve, je me suis retrouvée dans le métro à Lyon avec Elodie Thomis, attaquante de cette équipe, sans que personne mis à part moi ne s’en rende compte), de salaires, et donc de tentations. C’est sans doute un problème mais c’est comme ça. Cette Equipe de France a fait son propre parcours, qui appartient principalement à ces filles et à leur entraineur et ils doivent être félicités pour cela. Voir ces filles reprendre leur championnat devant des stades vides, une indifférence médiatique, et dans un contexte où les 10-0 sont aussi courants que des 3-0 en Ligue 1 montre bien que le football féminin n’a pas un avenir radieux chez nous. La seule bouée qui existe est la qualification pour les Jeux Olympiques.

Mais il me semble que d’autres évènements estivaux doivent avoir leur place dans le débat. Le premier concerne deux championnats du monde ayant eu lieu cet été. Il y a d’abord eu ceux de Judo à Paris, pendant une semaine, et qui ont été, de l’avis général, une grande réussite. Et bien, sur les cinq médailles françaises, trois titres ont été remportés par des jeunes femmes, en plus du titre par équipes féminin. Le judo semble donc rester un des derniers sports en France où les femmes ont un vrai poids. D’ailleurs, en regardant un peu les palmarès dans ce type de championnats depuis 1979, je me suis rendu compte que les femmes avaient amené 23 titres contre 17 pour les hommes. Par contre, la couverture médiatique qui a été faite autour du seul titre masculin, le cinquième de Teddy Riner (exploit hors-norme, il s’entend) a été bien plus fort que les médailles pour Tcheuméo, Décosse ou Emane. Par contre, lors des championnats du monde d’athlétisme, les filles françaises ont fait, comme lors des trois éditions précédentes, un zéro pointé. C’est vraiment dommage mais l’athlétisme féminin français n’a plus de locomotive et semble condamné à être une nouvelle fois bredouille dans un an à Londres, sauf énorme surprise.

Globalement, le problème du sport féminin est là : il n’y a plus d’immenses stars féminines à l’heure actuelle, comme ont pu l’être une Marie-José Pérec ou encore une Laura Manaudou (qui revient). D’ailleurs, quand on lit attentivement le classement des sportifs préférés des français établi par L’Equipe Mag, on se rend compte qu’il n’y a que quatre femmes dans les quarante premiers – Jeannie Longo, n°1 / Laura Flessel, n°12 / Christine Arron, n°31 / Marion Bartoli, n°32 – et on ne peut pas dire des trois premières qu’elles sont dans la partie ascendante de leur carrière. Jeannie Long apparaissant à 52 ans comme figure de proue du sport féminin, est-ce vraiment rassurant ? Pour moi, non. Et l’avenir du sport féminin en France passant par l’apparition des jupettes à la place des shorts dans les sports collectifs, comme le club de Metz vient de le faire en handball, est-ce rassurant ? Pas vraiment non plus, selon moi.

Alors, où est la solution ? Sans doute dans l’apparition d’une grande championne faisant l’unanimité tant au niveau des médias que du public. Pour l’instant, il n’y a personne à l’horizon, et c’est tout de même dommage.




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