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TimFaitSonCinema
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PATER

Vincent Lindon et Alain Cavalier se filment dans une sorte de fiction où l’un joue le Président et l’autre son premier ministre. Mais entre le jeu, la vraie vie, l’acteur, le réalisateur et le spectateur, le jeu se brouille assez vite.
Verdict:
C’est vraiment un objet cinématographique comme on n’en avant jamais vu avant. Totalement singulier et donc assez exceptionnel sur ce point. En plus, on ne s’ennuie jamais et c’est souvent intéressant et drôle.
Coup de coeur:

La singularité du projet

La date de sortie du film:

22.06.2011

Ce film est réalisé par

Alain CAVALIER

Ce film est tagué dans:

Inclassable

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 La Critique


Ca y est, je suis allé voir le fameux Pater dont pas mal de monde parle depuis sa projection à Cannes en mai dernier. Je dois avouer que j’y allais un peu à reculons tant la presse un peu « bobo » faisait des gorges chaudes de ce film. Mais bon, il fallait bien y aller et j’ai presque attendu le dernier moment, avant qu’il ne passe plus sur Lyon. Ce film a plutôt été une bonne surprise pour moi car, s’il ne ressemble à rien du tout de connu au cinéma, ce long métrage est à la fois drôle, intéressant et surtout étonnant.

Il commence par un dialogue entre Cavalier et Lindon autour d’une table dont on ne voit que les différents plats qu’ils vont manger. Lindon parle librement du film qu’il est en train de tourner (qui s’avère être La permission de Minuit). Scène peu banale pour entrer dans un film qui lui, est loin d’être ordinaire. En effet, Lindon et Cavalier se livrent tous deux à un drôle de jeu : celui de reconstituer la relation entre un Président et son premier ministre. Mais ce qui est particulièrement troublant, c’est qu’il y a un vrai mélange entre ce qui relève de ce jeu (intéressant, nous y reviendrons) et ce qui relève de la vraie vie et de la relation entre un acteur et son réalisateur. Par exemple, tout se passe dans les appartements de Cavalier ou de Lindon eux-mêmes. Le spectateur ne sait plus vraiment si tout est joué ou écrit d’avance. Par exemple pour ce monologue de Lindon qui narre la rencontre avec son propriétaire dans les escaliers (scène totalement lunaire). Tout est brouillé et cela est renforcé par le fait que Lindon lui-même prend la caméra pour filmer son réalisateur. En ce sens, on est dans une expérience de cinéma assez unique, inclassable, entre documentaire et fiction.

Ce film dit aussi beaucoup sur l’exercice du pouvoir, l’air de rien. Sur les petits conciliabules, sur les non-dits, sur la sincérité qui n’est pas toujours présente. C’est particulièrement intéressant et par rapport à des fictions qui se veulent réalistes sur le pouvoir et la façon de le posséder et de l’utiliser, Pater semble aller beaucoup plus loin puisque le naturel est vraiment présent et, en tant que spectateur, on y croit beaucoup plus, de façon assez paradoxale. De plus, le projet qui est au cœur du film (limiter les plus hauts salaires à 10 ou 15 fois le niveau du plus bas salaire) est un vrai sujet de société actuel qui mériterait d’être posé et que ce film permet de soulever de façon tout à la fois détournée mais très intense. Et en plus, un grand nombre de répliques, de séquences ou de passages sont particulièrement amusants, notamment du fait qu’il y ait un mélange entre fiction et réalité et que le spectateur, mais aussi Cavalier et Lindon ne sachent plus vraiment quelle est leur place. Tout cela donne un film qui n’est jamais ennuyeux car il rebondit toujours d’une façon assez originale pour que le charme fonctionne toujours.



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