Toggle navigation
TimFaitSonCinema
14 / 20  (0)

CAFÉ SOCIETY

Nous sommes dans les années 30 et Bobby est un jeune homme qui quitte New York pour Hollywood. Son oncle est un impresario célèbre et va pouvoir l’aider à se faire une place dans le monde du cinéma. Mais c’est sa rencontre avec Vonnie, la secrétaire de celui-ci, qui va tout faire basculer, même si cette histoire d’amour est loin d’être simple…
Verdict:

On reste dans du Woody Allen plutôt traditionnel, c'est-à-dire un film qui se laisse largement regarder mais qui ne marque pas vraiment. Néanmoins, grâce à une photographie très soignée, à certains dialogues hilarants et à une grosse performance de ses acteurs principaux, on peut dire de Café Society qu’il est plutôt un bon cru du réalisateur. En attendant le prochain… 

Coup de coeur:

Jesse Eisenberg et Kristen Stewart

La date de sortie du film:

11.05.2016

Ce film est réalisé par

Woody ALLEN

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

Chargement...


 La Critique


En 2015, et pour la première fois depuis plus de dix ans, j’avais raté le Woody Allen annuel. C’était vraiment malheureux concours de circonstance car cela fait partie de mes traditions depuis que je suis petit (mes parents m’y emmenaient) et, en plus, Joaquin Phoenix, sans doute mon acteur préféré, jouait le rôle principal. De ce que j’ai pu en entendre, ne pas voir L’homme irrationnel n’était pas une immense perte, mais quand même. Comme assez souvent ces dernières années, son nouveau long métrage était présenté à Cannes et, comme en 2011 avec Minuit à Paris, il faisait même l’ouverture du Festival. Personnellement, on ne peut pas dire que je sois un immense fan du cinéma de Woody Allen. En effet, la plupart de ses films m’ont donné l’impression de ne pas être forcément assez travaillés sur la forme et un peu vain dans le fond, sans parler de ceux qui étaient complètement ratés sur les deux plans (l’exemple le plus frappant est sans doute To Rome with Love qui est catastrophique). Dernièrement, Blue Jasmine m’avait davantage convaincu, justement parce qu’il avait un côté bien plus profond et sombre. Magic in the moonlight retombait dans les travers du long métrage largement oubliable, bien que pas désagréable. Et le problème avec Woody Allen, c’est qu’on regarde sans cesse ses nouvelles œuvres par rapport aux plus anciennes et on retrouve souvent l’idée que c’était mieux avant, du temps des films des années 80 qui avaient plus de verve et plus de mordant. Je ne peux trop rien en dire puisque je n’étais pas né, même si je pense qu’il est assez logique qu’un cinéaste évolue avec le temps, même s’il se maintient au rythme affolant d’un long métrage par an. Alors, ce nouveau cru se situe-t-il plutôt dans le haut du panier ou est-ce un Woody Allen de plus, « mignon » mais loin d’être indispensable ?

 

Depuis quelques films, le réalisateur semble prendre un malin plaisir à tourner des films qui se passent dans les Années Folles. Mais, alors qu’il avait choisi Paris (Minuit à Paris) ou le Sud de la France (Magic in the moonlight) dernièrement, il place cette fois-ci l’action aux Etats-Unis et plus précisément le New York (sa ville fétiche) et le Los Angeles (la ville du cinéma par excellence) des années 30. Il est amusant de noter que pas mal de films ont également pris l’âge d’or d’Hollywood comme base ces derniers temps, avec comme dernier exemple Ave, César ! des frères Coen. Pour Woody Allen, ce n’est évidemment pas un hasard et on sent qu’il avait véritablement envie de rendre hommage à cette période de l’histoire du cinéma à travers ce film. D’ailleurs, il s’en donne à cœur joie pour faire du name dropping, citant des noms d’acteurs et d’actrices à tout-va, de sorte que ça en devient presque un jeu, voire une certaine satire de ce monde de l’entre-soi, royaume des faux-semblants où tout se dit par derrière et où l’on vit la plupart du temps dans une certaine illusion. D’ailleurs, le scénario ne va pas très loin dans la critique mais reste juste grinçant dans sa description de ce monde fait de paillettes et d’artifices. Par contre, on sent que Woody Allen a pris cette fois-ci un soin tout particulier à l’image, faisant appel à Vittorio Storaro (surtout connu pour avoir été chef opérateur d’Apocalypse Now) pour la photographie. Celui-ci baigne Café Society dans une image aux reflets dorés assez magnifiques. Les plans sont également plutôt bien construits, avec, notamment des vues assez impressionnantes dans les somptueuses villas ou encore dans les clubs. Pour la première fois devant un film de ce cinéaste, je me suis surpris à réellement apprécier la qualité de l’image et je me dis que ce n’est pas rien.

 

Si la forme est là assez clinquante, pour ce qui est du fond, on reste dans du Woody Allen pur sucre, à savoir une histoire bien gentillette mais qui ne parvient pas à dépasser le simple niveau de l’anecdote. Avec sa légendaire voix-off, le narrateur nous conte l’histoire de ce jeune homme qui arrive à Hollywood car il n’en peut plus de sa famille à New York. Pendant tout le film, on verra donc en contrepoint de ce qui lui arrive les différentes aventures de ses parents ainsi que de ses frères et sœurs. C’est sans doute là que l’on retrouve les personnages les plus « allenesques » : caricaturaux à souhait, ils ne sont jamais avares d’un bon mot. Tous ces passages ne servent pas à grand-chose dans l’économie du récit et amènent même à des fausses pistes, mais ils permettent au long métrage de garder un rythme toujours soutenu, avec des dialogues souvent ciselés avec talent. D’ailleurs, le jazz, omniprésent, est également pour beaucoup dans cette sorte de perpétuel mouvement dans lequel le spectateur est entraîné. Là aussi, on peut voir Café Society comme un hommage à ce genre musical tant prisé du réalisateur. Le cœur du film est quand même cette histoire d’amour contrariée entre Bobby et Vonnie. Une vraie mélancolie se dégage de leur couple rendu impossible par une troisième personne (voir les derniers plans, magnifiques). On s’y attache vraiment et on a envie que ça fonctionne entre eux. Si le film ne raconte finalement pas grand-chose, cet attachement tient sans doute à la performance très réussie de Jesse Eisenberg en « Woody Allen jeune » et à Kristen Stewart, solaire dans ce rôle de secrétaire qui va changer de monde. Tous les seconds rôles tiennent également la route. Café Society est donc une aimable friandise cinématographique qui doit se regarder comme telle. Cela ne va pas beaucoup plus loin et Woody Allen en semble tout à fait conscient et ne cherche pas à faire plus. C’est finalement presque mieux comme cela…




 Rédiger Un Commentaire