Toggle navigation
TimFaitSonCinema
13 / 20  (0)

CARTEL

Un avocat à qui tout réussit plonge dans le trafic de drogues à la frontière avec le Mexique. Pour cela, il s’associe avec Reiter, un homme un peu déjanté dont la compagne ne l’est pas moins. Mais, peu à peu, les choses vont déraper et l’étau se resserrer…
Verdict:
Cormac McCarthy livre un scénario qui aurait sans aucun doute fait un très bon livre. Au cinéma, ça passe plus difficilement et Ridley Scott n’arrive jamais à transcender son sujet. Cartel est donc un long métrage assez étrange mais néanmoins pas dénué d’intérêt.
Coup de coeur:

Cameron Diaz

La date de sortie du film:

13.11.2013

Ce film est réalisé par

Ridley SCOTT

Ce film est tagué dans:

Thriller

Chargement...


 La Critique


Une fois n’est pas coutume, commençons une critique en évoquant le scénariste du long métrage. En effet, si le réalisateur est reconnu (on parle quand même de Ridley Scott) et le casting assez impressionnant (on ne voit que ça sur l’affiche), il n’en reste pas moins que, pour moi, le principal intérêt de Cartel relevait bien de celui qui l’a écrit. En effet, Cormac McCarthy est vraiment un auteur qui compte aujourd’hui aux Etats-Unis et ce n’est pas parce que c’est l’un de mes écrivains préférés que je dis cela. Il n’a rien publié depuis La route (qui est un livre tout simplement extraordinaire, je ne le répéterai jamais assez) mais il continue néanmoins à faire fantasmer critiques et lecteurs. Son style fait de dialogues courts mais aussi d’une vraie poésie ainsi que les thèmes abordés (notamment la violence et le côté inéluctable de la vie humaine) lui ont donné une vraie singularité. D’ailleurs, depuis cinq ans, Hollywood ne s’y est pas trompé et adapte à tour de bras ses livres. Il y a eu les frères Coen qui se sont occupés de No country for old men, puis ça a été au tour de La route d’être porté à l’écran alors que je le pensais inadaptable. Méridien de sang est depuis longtemps en projet et James Franco a mis en scène une nouvelle absolument terrible et excessivement sombre, Un enfant de Dieu. Mais, ce qui est nouveau, c’est que, cette fois-ci, Cartel n’est pas une adaptation de l’œuvre de McCarthy mais bien un scénario original écrit par ce dernier. Il a été acheté par les producteurs de La route qui ont choisi Ridley Scott pour le mettre en scène. Et cela change forcément un peu les choses car l’écriture « naturelle » de cet écrivain n’est pas vraiment faite pour le cinéma. Toute la question était donc de savoir comment allait se faire cette rencontre entre le style de McCarthy et le Septième Art. Force est de constater que l’assemblage n’est pas exceptionnel et pose même quelques soucis…

On reconnaît sans grande peine la patte de l’auteur sur l’écriture du scénario avec, en plus de cette fascination des paysages à la frontière mexico-américaine, une très grande importance donnée aux dialogues. Ceux-ci ne sont pas vraiment dans l’action mais permettent plutôt à chacun des personnages des réflexions sur des sujets plus ou moins concrets (plutôt moins que plus, d’ailleurs). Parfois, on ne voit pas bien où ces discussions mènent et elles n’ont pas toujours un réel intérêt pour l’intrigue. Car c’est bien-là que se situe le principal souci avec Cartel. Ce film reste un thriller mais il manque clairement de rythme et de souffle. L’ensemble est particulièrement lent et il ne se passe au final pas grand-chose. A force de délayer l’action dans tous ces dialogues, on en perd un peu le fil et, alors que l’histoire est quand même plutôt simple, on a une impression de complexité surfaite. C’est aussi le style de McCarthy dans ses livres, qui joue beaucoup sur les non-dits et sur les allusions et les ellipses. En fait, sa façon d’écrire passe plutôt mal au cinéma car elle ne pousse pas à l’action mais plutôt à une certaine réflexion. Avec une histoire comme celle-ci, c’est malheureusement assez rédhibitoire. Mais, d’une certaine façon, c’est aussi cela qui donne son charme à Cartel. En n’étant pas un film d’action au rythme effréné, le long métrage trouve une vraie singularité et un côté original pas si désagréable que cela. Tous ces dialogues créent aussi une forme de tension puisqu’on ne voit pas bien où cela mène les différents personnages. On les sent de plus en plus en danger mais on ne voit rien réellement venir de concret. Il y aura bien quelques flashs de violence pure, notamment vers la fin mais, finalement, pas grand-chose de réellement significatif par rapport à ce que l’on peut attendre de ce genre de longs métrages.

On pourrait ainsi dire que Cartel déjoue en fait ce qui pourrait ressembler à son programme initial (un thriller autour du trafic de drogues) pour être plutôt un film très noir, qui montre une sorte de descente aux enfers ou encore un jeu de rôles et de manipulation assez terrible. Ridley Scott semble comme prisonnier de ce scénario qui ne lui permet pas de partir dans de grandes envolées en termes d’action. Malgré un côté parfois un peu déjanté et dingo, le script le ramène toujours à ces dialogues, parfois un peu trop « perchés » et trop conceptuels pour être réellement intéressants. Les personnages ont aussi tendance à être un peu trop marqués et stéréotypés. Mais cela vient du fait qu’on apprend assez peu à les connaître réellement puisqu’ils ne font presque que parler. Ce long métrage accorde aussi une très grande importance au sexe, notamment lors de la scène d’ouverture, mais aussi dans beaucoup de discussions et, surtout, dans cette séquence appelée déjà à devenir culte où Malkina « se tape une voiture » (je n’en dis pas plus, c’est tout simplement lunaire). D’ailleurs, cette femme, qui est au cœur de toute l’intrigue est l’un des points forts de Cartel. Cameron Diaz s’en donne à cœur joie dans ce rôle de compagne à la fois manipulatrice et complètement givrée sur les bords. Javier Bardem, en truand pas moins déjanté est aussi pas mal du tout. Michael Fassbender, lui, est toujours juste et sobre alors que son personnage comprend peu à peu qu’il s’est fourré dans une situation inextricable et qu’il ne pourra pas en sortir indemne. C’est donc pour lui, mais aussi pour les autres personnages, un véritable voyage au bout de l’enfer, thème très cher à McCarthy. La façon de le mettre en scène lui ressemble aussi beaucoup, ce qui peut faire dire que c’est presque trop le film de l’écrivain plus que du cinéaste. Il n’en reste pas moins un long métrage noir et sans espoir, qui intrigue plus qu’il ne plaît.



 Rédiger Un Commentaire