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TimFaitSonCinema
Ron Woodroof est un vrai cowboy à l’ancienne : macho, homophobe, porté sur les drogues et la boisson. Sa vie va changer quand on va lui annoncer que, diagnostiqué séropositif, il ne lui reste que trente jours à vivre. Il se lance alors dans une bataille pour avoir accès à des nouveaux traitements…
Verdict:
Forcément marquant pour l’interprétation des acteurs principaux, Dallas Buyers Club est aussi un film qui s’intéresse avec réussite à un destin hors norme dans une société en évolution. Il aurait sans doute gagné à être encore plus centré sur cet homme. Rien que pour la performance des deux comédiens, ce film vaut le coup.
Coup de coeur:

Matthew McConaughey

La date de sortie du film:

29.01.2014

Ce film est réalisé par

Jean-Marc VALLÉE

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Ca y est, cette fois-ci, les réalisateurs québécois déferlent sur Hollywood ! Enfin, pour l’instant, il ne faut pas non plus s’enflammer puisqu’ils ne sont que deux, mais ils ont réussi à vraiment marquer chacun à leur manière l’année 2013 de l’autre côté de l’Atlantique. Il y a déjà Denis Villeneuve qui, avec Prisoners, avait signé l’un des polars les plus efficaces de ces derniers temps. C’est cette fois-ci au tour de Jean-Marc Vallée de donner à voir aux Américains un film réussi. Après l’immense succès qu’a été C.R.A.Z.Y. – plébiscité à travers le monde, et à raison car c’était très drôle –, le metteur en scène a eu un peu de mal à vraiment se positionner avec un film d’époque britannique bien à l’ancienne (Victoria, les jeunes années d’une reine) puis un drame canado-français un peu passé inaperçu (Café de Flore). 2013 marque donc son grand retour sur le devant de la scène et c’est en allant cette fois-ci chercher du côté d’Hollywood (c’est un sacré voyageur…) qu’il trouve son bonheur. Il prend en main un script qui trainait depuis pas mal de temps dans les différentes maisons de production mais qui avait toujours été refusé du fait des risques autour d’un tel sujet. Ainsi, par exemple, Marc Forster l’a eu entre les mains avant d’abandonner le projet. On a ensuite parlé de Brad Pitt ou Ryan Gosling pour le rôle principal. Bref, Dallas Buyers Club fait partie de ces longs métrages qui n’ont pas été faciles à monter et qui finissent par l’être avec des gens que l’on n’attendait pas forcément et un tout petit budget. Finalement, pour interpréter Ron Woodroof, c’est l’un des acteurs qui a le plus la côte en ce moment (alors qu’il a longtemps été considéré comme rien d’autre qu’un playboy de comédies romantiques) qui a été choisi : Matthew McConaughey. Autant le dire tout de suite, il est pour beaucoup dans la réussite de ce long-métrage attachant bien que pas non plus parfait.

Commençons donc par là car Matthew McConaughey livre une prestation comme on en voit finalement assez peu au cinéma tant elle est forte, puissante et même déstabilisante. C’est sans doute le rôle de sa vie, même si cette expression est quelque fois utilisée un peu à tort et à travers. Mais il faut bien avouer que dans la peau de ce cowboy qui voit toutes ses certitudes s’effondrer et qui décide de retrouver un sens à sa vie, il est tout simplement exceptionnel et certaines séquences sont vraiment incroyables. Je comprends maintenant mieux pourquoi il a gagné un Golden Globe et pourquoi la statuette de meilleur acteur ne devrait pas lui échapper (j’ai bien peur que ce ne soit pas encore pour cette année, Léo…). Plus encore que le changement physique (il a perdu vingt kilos pour le rôle), c’est l’évolution de la psychologie de cet homme qu’il réussit le mieux à montrer. Et c’est surtout dans sa relation avec Rayon, transsexuel voisin de chambre d’hôpital qui deviendra son associé et son ami, que l’on voit le mieux cette transformation intérieure. En plus, Rayon est interprété par un Jared Leto qui fait un retour fracassant au cinéma après six ans (passés principalement à faire de la musique) avec un rôle tout en démesure mais aussi plein d’intimité. Il parvient à éviter la caricature et lui aussi devrait gagner un Oscar pour la route (en tant que meilleur second rôle). Il est juste dommage que le troisième personnage important du film (une femme médecin qui va peu à peu se faire convaincre par Ron) soit à ce point fade. La pauvre Jennifer Garner n’a pas un rôle facile au milieu de ces deux rôles vraiment marqués, mais je trouve quand même qu’elle ne donne pas grand-chose de vraiment intéressant dans son interprétation. Néanmoins, malgré ces deux performances inoubliables, Dallas Buyers Club n’est pas (seulement) un film d’acteurs puisque c’est un long métrage marquant à différents niveaux.

Il s’inscrit d’abord dans une période assez sombre puisque ce sont vraiment les débuts de l’épidémie du SIDA aux Etats-Unis (années 80) et le long-métrage arrive plutôt pas mal à saisir le mélange de méconnaissance et d’inquiétude qui s’empare de toute une frange de la société. Et là où c’est intéressant, c’est que le personnage principal est justement à l’opposé du stéréotype que l’on peut avoir de l’homme séropositif. Fan de rodéo, hétéro assumé et même homophobe, il ne comprend au départ pas pourquoi il a le SIDA. Ce n’est qu’après des recherches qu’il saisira comment il a pu être atteint. Dallas Buyers Club ne s’arrête pas au « film de maladie » mais montre donc la transformation de cet homme qui va devenir une sorte de « héros » pour tous les malades. Et ce terme de « héros » doit être utilisé avec attention, et c’est là aussi l’un des côtés réussi de ce film. En effet, ce Ron est un personnage ambivalent, à la fois très attachant (il peut être très très drôle) mais aussi particulièrement énervant quand il s’y met. On sent bien au départ que s’il créé ce club et qu’il se bat contre le gouvernement fédéral et les laboratoires, ce n’est pas par philanthropie mais bien car il veut clairement en faire un business et sauver avant tout sa peau. Mais c’est aussi sur cette conception initiale que, à travers ses rencontres, Ron va changer. C’est un vrai destin qui est mis en avant et je trouve un peu dommage que le scénario tende trop du côté de la lutte pour les médicaments. En effet, on sent que ce n’est pas forcément ce qui intéresse le plus le réalisateur qui ne sait pas vraiment quoi en faire. Le long métrage a un côté un peu Erin Brockovich (un homme contre une institution) qui peut être énervant à la longue. Le film débute et se termine par une image de rodéo, sorte de métaphore de la vie de cet homme qui, malgré toutes les difficultés à rester en selle, fera tout pour survivre le plus longtemps. Le spectateur est secoué, lui-aussi, mais en ressort conquis.


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Sophie 04.02.2014, 23:49

Vu dimanche, j'ai graaaave kiffé. Et Mathieu MacConaught, entre les Rives du Mississipi et Dallas Buyers Club, a réalisé deux belles performances cette année :)
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TFSC 05.02.2014, 08:18

Et ne pas oublier sa scène absolument mythique au début du Loup de Wall Street où il arrive, l'espace de dix minutes, à faire oublier DiCaprio. Et puis, dernièrement, dans Paperboy et dans Magic Mike, il était déjà mythique. Bref, cet acteur est actuellement celui qui livre le plus de performances intéressantes. Sacré virage...


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