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TimFaitSonCinema
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FLIGHT

Le capitaine Whip Whitaker réussit l’exploit de poser son avion alors qu’il y a eu de vrais soucis en vol. Il est salué comme un héros. Mais, assez vite, l’enquête va montrer que Whitaker n’était peut-être pas dans son état normal pendant le vol.
Verdict:
Un film assez impressionnant dans la façon qu’il a d’aborder la question de l’alcoolisme. Dommage que les cinq dernières minutes gâchent beaucoup de choses. Denzel Washington, lui, est très bon.
Coup de coeur:

Denzel Washington

La date de sortie du film:

13.02.2013

Ce film est réalisé par

Robert ZEMECKIS

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Depuis 2000, Robert Zemeckis avait lâché quelque peu le cinéma « conventionnel » pour se donner à fond dans des films un peu mixtes entre animation et capture traditionnelle (Le Pôle Express ou Le drôle Noël de Scrooge) comme il l’avait d’ailleurs expérimenté il y a plus de vingt ans avec le complètement fou Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Mais, pour beaucoup de monde, Zemeckis reste le réalisateur de la trilogie Retour vers le futur ou du quand même assez fascinant Forrest Gump. Mais 2013 marque un tournant, comme si, après toute cette période où il a beaucoup travaillé sur le motion capture, il avait décidé de redevenir plus « sérieux » et moins « farfelu », c’est à un drame sur un personnage en proie à une addiction à l’alcool qu’il s’intéresse ici. Changement radical, forcément, mais qui est loin d’être inintéressant et dont il se sort plutôt pas mal. Sans vouloir faire dans le jeu de mots à deux francs six sous, on peut presque parler d’un « atterrissage » en grande partie réussi.

Ce qui est plutôt réussi dans ce long-métrage, c’est la manière dont il lie de façon naturelle film grand spectacle et drame beaucoup plus intimiste. En effet, la première demi-heure est très impressionnante car on est vraiment dans le genre du film catastrophe le plus pur : l’avion a un souci et le pilote doit tout faire pour poser au mieux son appareil. Toute cette séquence est vraiment formidable dans la façon dont le réalisateur gère parfaitement le rythme et la tension qui se font forcément jour dans ce genre de situation. En alternant entre les passagers, le pilote et l’aspect technique, il réussit parfaitement à générer une vraie angoisse chez le spectateur. C’est aussi le cas parce qu’il n’utilise presqu’aucun plan d’extérieur mais reste toujours à l’intérieur de ce cockpit. Toute cette partie du long métrage relève vraiment du grand art mais, en fait, grâce à la première séquence (le pilote qui se réveille dans sa chambre d’hôtel), on comprend bien que là ne sera pas l’enjeu principal de ce film. En effet, si ce pilote a réussi à poser brillamment son avion (avec un nombre de victimes limité), c’est plutôt à une descente aux enfers progressive que l’on va devoir observer puisque cet homme, tout brillant professionnellement qu’il soit, est aussi un alcoolique invétéré.

Et c’est bien là que le film prend toute sa dimension. Car ce personnage de pilote est forcément très ambigu (pilote de génie mais presque jamais dans son état normal) et donc nécessairement intéressant. Denzel Wahington est génial dans un tel rôle où il rend justement très bien les deux facettes d’un personnage que le spectateur a finalement du mal à véritablement apprécier ou détester. Il est un peu entre deux eaux, à la recherche de lui-même. Pour le faire évoluer, le scénario invente une histoire d’amour un peu bidon, il faut bien le dire puisqu’il s’entiche d’une droguée repentie qu’il rencontre à l’hôpital (au cours d’une scène totalement lunaire avec un cancéreux qui sort des répliques légendaires pendant cinq minutes). Il y a aussi quelques autres personnages secondaires assez marquants comme ce copain de débauche interprété par John Goodman, assez légendaire sur ce coup-là. En tout cas, cette facette ambigüe à ce personnage donne un petit côté irrévérencieux à tout le film qui s’amuse à jouer autour de cette question de l’alcool et de ce que l’addiction à celle-ci induit forcément. Ainsi, la simple armoire à boisson d’une chambre d’hôtel devient l’objet d’un suspense cinématographique (boira, boira pas ?). Le rythme est ainsi très bien conservé car, au-delà du dénouement de cette affaire, le scénario propose au personnage central un grand nombre de « petits défis ».

On peut juste regretter les cinq dernières minutes de ce long métrage. Elles sont vraiment affligeantes : c’est le retour d’une morale très américaine avec un discours lénifiant sur l’alcoolisme et ses conséquences. Je trouve particulièrement dommageable qu’après plus de deux heures où cette question était traitée de manière plutôt fine, toutes ces paroles gâchent le tout en ramenant de façon beaucoup trop nette ce problème à une question de manichéisme un peu bête et méchant. Ah, si le film avait pu se terminer cinq minutes plus tôt, quelle n’aurait pas été ma joie… Car, dans l’ensemble, Flight est un film bien rythmé, qui pose un certain nombre de questions de manière plutôt intelligente et qui donne à réfléchir au spectateur puisque celui-ci se retrouve dans une situation complexe par rapport au sentiment qu’il éprouve pour le personnage principal. C’est dommage d’avoir gâché en partie cela. Mais bon, je retiens aussi tout le reste, plutôt de bonne facture.



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