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TimFaitSonCinema
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INTERSTELLAR

Alors que la Terre est à l’agonie et que l’espèce humaine est menacée, Cooper, un ancien pilote de la NASA, est envoyé avec trois autres scientifiques dans l’espace à la recherche d’une nouvelle planète habitable. C’est grâce à une faille nouvelle découverte que cette expédition est possible. Mais le voyage sera encore plus incroyable qu’espéré au départ…
Verdict:

Interstellar est ce que l’on peut appeler un film un peu dingue : long (parfois un peu trop), pas toujours parfaitement construit et pas dénué de défauts... Mais cela ne l’empêche pas d’être un long métrage d’une puissance (de réalisation et émotionnelle) par moments assez incroyable, qui, finalement, finit par l’emporter sur tout le reste. Pas extraordinaire mais quand même assez fascinant.

Coup de coeur:

La puissance d’ensemble

La date de sortie du film:

05.11.2014

Ce film est réalisé par

Christopher NOLAN

Ce film est tagué dans:

Science-fiction

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 La Critique


C’est un fait, Christopher Nolan est arrivé à une période de sa carrière où il peut à peu près tout se permettre. Depuis le début des années 2000 et Memento, le britanno-américain s’est fait plus qu’une place dans l’univers parfois assez complexe d’Hollywood. Alternant un film « personnel » (Insomnia, Le prestige, Inception) avec un volet de sa trilogie autour de Batman (Batman Begins, The Dark Knight, The Dark Knight Rises), il a toujours connu un immense succès et, fait assez rare, il a presque toujours réussi à partager ce triomphe auprès du public mais aussi de la critique (même s’il y a toujours quelques irréductibles pour trouver le réalisateur surestimé). Son nom est devenu une véritable marque avec un style assez particulier : celui de « blockbuster d’auteur » (sur le principe, c’est assez antinomique, je vous l’accorde). Ces œuvres sont toujours à très gros budget, avec des acteurs connus et reconnus, des effets spéciaux à tire-larigot mais, en même temps, il y a toujours une réelle volonté pour Nolan d’avoir une vision très personnelle de ce qu’il raconte et de faire des films « intelligents » et pas seulement à grand spectacle. Et en tant que spectateur, on n’a même pas besoin de savoir de quoi va véritablement parler son prochain film pour aller le voir puisqu’on sait que, forcément, il s’agit d’un événement cinématographique important à ne pas rater. D’ailleurs, la promotion de ses longs métrages joue beaucoup sur le côté mystérieux. C’était déjà le cas avec Inception et le développement d’Interstellar a aussi été marqué du sceau du secret autour d’un projet écrit depuis bien longtemps par Jonathan Nolan (frère de) et proposé (mais refusé pour incompatibilité d’emploi du temps) à Steven Spielberg. De fait, en entrant dans la salle, je ne savais finalement pas grand-chose de ce qui était pourtant rien de moins que l’événement ciné de la fin d’année. Et, ce qui est assez drôle, c’est qu’en ressortant, finalement, je n’en savais pas beaucoup plus…

 

En effet, Interstellar est clairement de ce genre de longs métrages dont il est extrêmement difficile de se faire une idée très nette juste après être sorti de la séance tant c’est un film « gigantesque » à pas mal de niveaux. Déjà sa durée est assez rare dans l’industrie cinématographique actuelle (presque trois heures) et, surtout, Nolan offre là une réelle œuvre qui entrelace beaucoup de problématiques, de genres et qui s’avère être finalement un objet cinématographique extrêmement ambitieux, dense et touffus. Du genre qui mériterait un second visionnage pour en saisir réellement toute la complexité mais aussi toute la puissance narrative. En fait, c’est comme si le réalisateur avait décidé de se lâcher complètement, faisant fi de toutes les contraintes que l’on pourrait lui imposer. Il le peut car, justement, il s’est construit une carrière qui lui permet même aujourd’hui de réunir les deux Majors que sont la Paramount et la Warner autour d’un même projet, ce qui est extrêmement rare. Pour dire quand même les choses d’entrée et avant d’entrer dans plus de détail, je considère Interstellar comme un bon long métrage, voire très bon par moments, mais j’ai vraiment du mal à le voir comme un véritable chef d’œuvre. Selon moi, Christopher Nolan a voulu mettre trop d’éléments dans son œuvre et son ambition l’a un peu desservi au final. Néanmoins, ça reste quand même assez impressionnant, notamment parce que ce réalisateur a une réelle capacité à créer des récits à la structure un peu folle et à les mettre en images (et en son, ce qui est toujours très important chez lui) en signant un film à la fois à très grand spectacle mais aussi assez loin de nombreuses conventions du blockbuster. Ainsi, Interstellar est une œuvre à part, pas toujours facile à appréhender mais qui, honnêtement, marque à sa façon la carrière d’un réalisateur qui semble avoir atteint là une sorte d’apogée dans sa façon de concevoir le cinéma.

 

Il faut croire que l’espace connaît un renouveau sur grand écran puisqu’environ un an après Gravity, survival assez dantesque visuellement au-dessus de la Terre, voici que c’est Nolan qui nous emmène de nouveau dans ce lieu qui fascine. Mais le but recherché n’est pas du tout le même car il est bien plus ambitieux (sans vouloir du tout dévaloriser le film de Cuarón qui, dans son genre, est assez exceptionnel), même si certaines séquences y ressemblent étrangement. Pour Nolan, tout ce qui est de l’ordre de la survie dans ce milieu nécessairement hostile n’est finalement qu’une partie de son long métrage, et pas forcément celle à laquelle il accorde le plus d’intérêt (même si la séquence de l’amarrage d’urgence vaut quand même le détour). Ce qui intéresse le réalisateur, c’est plutôt ce que ce voyage dans l’espace implique pour l’homme et, d’ailleurs, on est toujours relié d’une certaine façon à la Terre (selon une construction parfois un peu trop artificielle). D’ailleurs, c’est un long métrage qui a pour thème principal l’Homme et son rapport au temps. En effet, l’humain est toujours au cœur du récit et tout est construit autour des choix qu’il doit faire, sur ce qu’il est prêt à abandonner en vue d’un but plus grand. Cooper est une sorte de symbole de ces dilemmes et la relation avec sa fille est absolument essentielle et traverse tout le film, provoquant une réelle émotion, chose assez rare chez Nolan. C’est même elle qui fait avancer ce que l’on peut considérer comme une « intrigue ». Mais, Interstellar est aussi un film sur le temps, notion qui a toujours eu une importance folle chez Nolan (Memento et sa construction inversée, Inception et sa séquence d’action découpée en sous strates temporelles,…). Dans ce nouveau film, c’est encore une donnée absolument essentielle autour de laquelle se construit le récit.

 

D’ailleurs, parlons-en de la construction globale du long métrage car c’est l’un des éléments sur lequel je suis peut-être le plus critique. En effet, on peut presque considérer qu’il y a deux (voire trois) films en un avec une première partie se déroulant exclusivement sur Terre et qui est à la fois trop longue pour être une simple introduction mais aussi un peu trop courte pour que l’on puisse saisir réellement tous les enjeux de ce voyage dans l’espace. Cela nous permet de comprendre que notre planète est au bord de l’asphyxie (la nourriture se fait rare et les événements naturels sont de plus en plus violents) et que, pour sauver cette humanité, une mission secrète se prépare (cette découverte vient d’ailleurs un peu de derrière les fagots, mais bon…), ce qui implique un discours scientifique parfois un peu pompeux (nous y reviendrons). On saisit aussi que la relation père-fille est extrêmement importante. Une fois passée cette exposition par moments un peu rébarbative, Interstellar part dans une toute autre direction (c’est le cas de le dire) avec le décollage de la fusée qui compte, à son bord, cinq personnes et deux robots, partant à la recherche de nouveaux mondes habitables. La rupture entre ces deux parties est pour le coup réussie car elle est justement brutale. A partir de là, et même si la Terre n’est jamais oubliée, c’est quand même un autre long métrage qui s’ouvre et qui, en lui-même comporte divers éléments : le côté très scientifique, la découverte de nouveaux mondes, la pure action, la réflexion et l’émotion… C’est un peu tout ça à la fois, ce qui rend d’ailleurs ce film unique mais c’est aussi ce qui, par moments, lui fait perdre un peu de sa force lorsque, dans certaines séquences, tout est mélangée sans que cela ne rende forcément très bien. Selon moi, c’est à ce niveau qu’Interstellar pêche parfois, lors de moments un peu « troubles ». C’est comme si Nolan ne savait pas toujours quoi vraiment faire de son film.

                                                                             

Pourtant, si l’on prend de façon indépendante chacun des genres (ce qui est, je vous l’accorde, une façon de faire artificielle et pas très recommandable car l’intérêt du film se trouve justement dans le mélange), on peut dire que Nolan sait globalement tout faire. Du côté action pure (même s’il y en a finalement assez peu), il est toujours capable d’orchestrer des séquences parfaitement millimétrées, extrêmement prenantes et visuellement sublimes). L’aspect découverte de nouveaux mondes est aussi une réussite puisqu’on aurait envie d’en découvrir davantage, ce qui montre bien qu’il parvient à donner envie, avec des décors particulièrement travaillés. Du point de vue scientifique, c’est un peu complexe par moments pour des gens (comme moi) qui ne sont pas férus d’astrophysique et de tout ce qui s’en suit. Alors c’est sûr que certains dialogues paraissent un peu abscons mais, clairement, Nolan n’en n’a cure puisque là n’est pas vraiment son problème : ce n’est qu’un moyen pour montrer autre chose qui se rapporte bien plus à l’humain et aux réflexions qui sont liées. C’était un peu la même façon de fonctionner pour Inception, d’ailleurs, même si c’était plus au service de l’action. Là où Nolan inaugure un peu dans ce film, c’est dans le côté drame familial présent tout du long (et qui explique aussi pourquoi, au départ, ce scénario avait été proposé à Spielberg). Le réalisateur va clairement chercher l’émotion dans cette relation entre un père et sa fille, complexifiée par le départ vers une destination temporelle inconnue de Cooper. Lors de certaines séquences (notamment celle des messages vidéo), c’est intense du point de vue émotionnel. On peut par contre reprocher certaines facilités dans la conduite du film pour faire parfois poindre cette émotion de manière plus artificielle. C’est finalement quand il est le plus simple (un bon vieux champ-contrechamp des familles) que Nolan parvient le mieux à son but.

 

Tout cela finit par réellement se rejoindre dans la toute dernière partie, un peu barrée, il faut bien le dire, même si cela répond à une certaine « logique » et ne sort pas non plus de nulle part. Personnellement, la dernière demi-heure m’a laissé assez froid et même un peu interloqué. C’est clairement too much, tant dans le discours (les symboles omniprésents) que dans la réalisation, mais c’est aussi pour cela qu’Interstellar est un film unique en son genre et j’ai conscience qu’il faut bien en passer par ce genre de séquences un peu plus discutables. Au moins reste-t-il la puissance des images (c’est visuellement très impressionnant) et celle du son, toujours aussi effarante chez Nolan. Mais c’est vrai pendant tout le film et, dans la salle où je me trouvais, le siège tremblait, du fait des basses surpuissantes, offrant un spectacle assez incroyable. Une nouvelle fois, Hans Zimmer a composé une partition en parfaite harmonie avec l’ensemble du film, avec ces orgues entêtants, son côté mystérieux et par moments épique. Une nouvelle fois, leur association fait des merveilles. Et ça marche aussi du côté de la direction d’acteur car si on retrouve des habitués de la galaxie Nolan (notamment Michael Caine, toujours dans les bons coups) ou Anne Hathaway (déjà présente dans The Dark Knight Rises et plutôt solide ici), le rôle principal est confié à Matthew McConaughey, qui continue son opération rédemption à Hollywood, même si avec son Oscar et sa partition incroyable dans True Detective, il a (re)trouvé une bonne part de son crédit. Il le fait plutôt de belle manière même si, à certains moments, il a une petite tendance à trop outrer son jeu. C’est un peu à l’image de l’ensemble du film qui, dans sa globalité, est une œuvre importante mais qui souffre parfois un peu de l’ambition de son auteur. Ça reste quand même à voir car c’est du très très grand spectacle. D’ailleurs, il n’est pas impossible que j’y retourne, pour me faire une meilleure idée. Interstellar le mérite.



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Hervé (ou pas, visiblement) 19.11.2014, 19:45

Wow. Super impressionné par ton site. Et sinon, à part critiquer le travail des autres, tu as une vie sociale ? Tu sors un peu ? Tu vois des filles ? Tu vis, quoi ?
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Tim Fait Son Cinema 19.11.2014, 19:51

Ça va bien, merci !!! Et, depuis trois mois, je vois beaucoup moins de films qu'avant !
Pour les filles, je n'en vois qu'une mais ça me convient très bien comme ça :)
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Emma 19.11.2014, 20:06

Qui a tout lu ? :p
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Sophi 22.11.2014, 23:49

Un film à voir, ça c'est sûr !!! Je plussoie ta critique !
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Hervé (un autre...) 25.11.2014, 13:35

Merci pour ta réponse, t'es trop cool ! J'espère tout de même que ces kilomètres de pages écrites te rapportent une vraie reconnaissance dans le monde du cinéma... Ou au moins de l'argent. Parce que sinon, c'est un peu pathologique, non ?


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