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TimFaitSonCinema
Pendant que Raymond Depardon effectue un tour de France afin de photographier ce qu’il a envie, sa femme, Claudine Nougaret, s’attelle à un travail de recherche d’images inédites de son mari qu’elle classe chronologiquement.
Verdict:
Documentaire pas vraiment comme les autres et plutôt intéressant, Journal de France permet de découvrir tout en même temps une partie du travail et de la vie de Raymond Depardon, de façon assez originale.
Coup de coeur:

Les dix dernières minutes

La date de sortie du film:

13.06.2012

Ce film est réalisé par

Raymond DEPARDON Claudine NOUGARET

Ce film est tagué dans:

Documentaire

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 La Critique


Raymond Depardon, c’est l’un des photographes français les plus réputés, si ce n’est le plus. Ses photographies de la prise d’otage de Munich en 1972 ont fait le tour de la planète et l’ont rendu mondialement célèbre. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le nouveau Président de la République l’a choisi pour sa photo officielle, dont on peut d’ailleurs penser ce que l’on veut. Mais, toute sa vie a aussi été marquée par le fait qu’il a réalisé de nombreux documentaires, d’abord d’actualité puisque c’était son métier, mais aussi plus d’observation par la suite. Parmi ses films les plus connus, on peut évidemment citer 1974, une partie de campagne, film sur l’élection de Valéry Giscard D’Estaing, longtemps censuré et qui ne sortira qu’en 2002 ou encore 10e chambre, instants d’audience, que j’avais vu au cinéma en 2004 et qui m’avait plutôt marqué. Depuis, j’ai raté ses deux derniers longs-métrages sur le monde paysan et notamment La vie moderne qui est, paraît-il, de grande qualité (il faudra donc que je me rattrape). Là, c’est à un exercice de « bilan » que lui et sa femme, se plient. Et c’est plutôt pas mal du tout pour ce qui peut s’apparenter à un « film somme ».

J’avoue que j’ai toujours un peu du mal avec le style documentaire au cinéma. Je n’en n’ai pas vu tant que ça, loin de là, mais je trouve personnellement que ce n’est pas vraiment le rôle du cinéma de proposer ce genre de films. Le documentaire, est, pour moi, presque un art différent du cinéma « classique », et il me demande en tout cas une autre façon de juger, ce qui n’est pas toujours facile. Mais, justement, ce qui est vraiment intéressant dans ce Journal de France, c’est qu’il ne semble pas vraiment un documentaire comme les autres. En effet, il y a un vrai point de vue puisque c’est la femme de l’artiste qui raconte ce dernier par la voix mais aussi et surtout par l’image. Raymond Depardon lui-même, explique beaucoup sa façon de faire une photographie, à la fois d’un point de vue technique, mais aussi plus intuitif – quand prendre la photo ? et surtout : que prendre en photo ? Il y a dans ce film un aspect binaire assez étrange car ces deux « segments » (images d’archive d’un côté et voyage à travers le pays pour photographier d’un autre) sont complètement entremêlés dans le film, sans qu’il n’y ait véritablement de lien entre eux. On passe ainsi de l’un à l’autre sans qu’une logique l’impose. Mais cela permet de garder un certain rythme et de rarement s’ennuyer. C’est aussi et surtout une vraie source de découvertes.

En effet, Journal de France est avant tout un film de voyages. On peut même parler d’un road movie réinventé. Voyage spatial puisque le photographe se déplace en France à bord d’une camionnette aménagée, mais aussi voyage temporel puisque tous les fragments de films qui sont présentés le sont de manière chronologique. S’ils nous permettent aussi de nous évader dans l’espace (Depardon a été à peu près partout dans le monde, et surtout en Afrique), ils sont surtout source d’un « retour vers le passé » puisque les premiers extraits datent du début des années 1960, au commencement de sa carrière. Claudine Nougaret explique aussi bien l’objet des reportages que le style visuel de Depardon (de longs plans ininterrompu, une volonté d’aller assez près des personnes filmées). C’est en ce sens extrêmement intéressant car, en tant que spectateur, on redécouvre des fragments d’histoire vus du point de vue du documentariste et on voit aussi l’évolution de l’artiste à la fois dans les sujets traités mais aussi dans la manière de les aborder. Il y a quelques petites longueurs dans certains des extraits choisis mais, cela reste dans l’ensemble assez agréable car un rythme assez important est préservé par cette « double narration ». Les dix dernières minutes sont, elles, absolument magnifiques : enchaînement de prises de vues filmées presque comme des tableaux photographiques à travers le monde, avec la musique composée par Alexandre Desplat pour The Tree of Life en fond. C’est en tout cas là que le lien entre les deux passions de Depardon est le plus évident. Journal de France apparaît donc comme un film qui, tout en parlant de façon croisée de la photographie et du documentaire filmé, traite principalement et de façon assez originale de deux notions absolument essentielles au cinéma : le temps et l’espace. C’est en ce sens que ce n’est pas un documentaire ordinaire et qu’il mérite vraiment un coup d’œil.



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