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TimFaitSonCinema
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LE GUETTEUR

Informé d’un braquage, la police se rend sur place mais ne peut arrêter les fuyards puisqu’un sniper fait un carton dans leur rang. Alors que le commissaire Mattei lance une vraie chasse à l’homme pour retrouver ce mystérieux homme, le gang commence lui aussi à être décimé…
Verdict:
Un film policier qui multiplie les pistes, jusqu’à obtenir au final un scénario qui s’enfonce peu à peu dans le loufoque. La réalisation trop pompeuse ne parvient pas à sauver le tout. On n’est pas très loin du naufrage…
Coup de coeur:

Matthieu Kassovitz

La date de sortie du film:

05.09.2012

Ce film est réalisé par

Michele PLACIDO

Ce film est tagué dans:

Film policier

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 La Critique


Il y a six ans de cela, je me souviens avoir pris une sacrée claque devant Romanzo Criminale de Michele Placido, film assez incroyable qui, en deux heures trente, suivait le parcours criminel d’une bande d’amis d’enfance qui, peu à peu, allaient contrôler les réseaux de la drogue, du jeu et de la prostitution à Rome. C’était assez brillant, violent, et prenant. Depuis, le réalisateur est resté en Italie pour réaliser deux films, dont l’un (L’ange du mal) était basé sur l’histoire du plus grand gangster italien, ce qui montre sa vraie attirance pour les films noirs. En 2012, c’est en France qu’il décide de tourner son nouveau film, encore autour d’histoires de truands, avec un casting de qualité : Daniel Auteuil, Matthieu Kassovitz, Olivier Gourmet comme acteurs principaux, ça fait tout de même un trio vraiment intéressant. Le guetteur promettait donc sur le papier et je m’attendais vraiment à un long-métrage de qualité ou au moins, pas trop mauvais. Mais, assez vite, j’ai déchanté, et j’ai compris plus tard que le début du film était encore ce qui était le meilleur... C’est comme si le fait de tourner en France avait complètement déboussolé le réalisateur. Mais où est donc passé le Placido de Romanzo Criminale ?

Pourtant, ça ne commence pas si mal que cela. Si on excepte la mini-introduction un peu trop démonstrative pour être honnête – on pose clairement le face-à-face entre le commissaire et le sniper –, la première scène d’action – ce braquage qui tourne à la boucherie – est plutôt bien réalisée. Toute en rythme (celui des coups de fusil du sniper), elle donne un bon tempo au film. En tout cas, c’est ce que l’on croit. Car, très (trop) vite, le scénario commence dangereusement à s’égarer. Les pistes se multiplient et les personnages aussi. Très vite, le sniper est retrouvé, emprisonné, interrogé, mais il parvient à s’évader. Toute la bande à laquelle il appartenait est peu à peu décimée par un mystérieux tueur qui s’avère être en fait un dangereux psychopathe qui retient une jeune femme en captivité. Le sniper, lui, croit à une trahison dans son propre camp et va mener sa propre enquête. Tout cela pendant que le commissaire continue, de son côté, ses investigations on ne sait trop dans quelle direction tant tout s’embrouille au bout d’un moment. S’y rajoute en plus l’histoire personnelle de son fils tué en Afghanistan... On navigue alors à vue entre tous ces différents éléments, dans le fouillis le plus complet.

Parce qu’en une heure, les scénaristes réussissent l’exploit de balayer tout cela, dans un galimatias étonnant et surtout, complètement indigeste. J’ai rarement vu un film – policier de surcroît – qui avait aussi peu de ligne directrice et qui lançait autant de pistes sans vraiment les développer. Alors, bien sûr, cela permet un grand nombre de scènes violentes d’exécution de différents types, mais aussi quelques poursuites et séquences de suspense. Mais, honnêtement, quand on voit de quoi on est parti et où on est arrivé (ainsi que la manière dont on y est parvenu), il y a franchement de quoi se poser des questions sur les scénaristes de ce film. Et d’ailleurs, ce qui est assez étonnant, c’est que du face-à-face initial entre le commissaire Mattei et celui qui est suspecté d’être le sniper, rien n’est véritablement tiré puisque, jusqu’à la dernière séquence (et encore), ce n’est plus vraiment cette histoire-là qui importe. Entre-temps, Le guetteur s’est complètement perdu. Là où Romanzo Criminale, en se tenant au parcours de cette bande criminelle, avait justement pour lui un vrai fil directeur auquel venaient s’accrocher tous les épisodes, le nouveau film de Placido n’est qu’une succession sans queue ni tête de séquences plus ou moins violentes.

Et, en plus, ce n’est pas la réalisation qui sauve le film. Peut-être parce qu’il sent que le scénario n’est pas assez crédible, Michele Placido décide de contrebalancer en en faisant trop dans le côté polar. C’est par exemple le cas avec cette esthétique beaucoup trop marquée. C’est simple, tout est gris, tout le temps : que ce soient les bâtiments, le ciel ou la tête des bandits. Une heure trente avec un filtre gris, à la longue, je vous assure que c’est fatiguant. De même, la musique ressemble vraiment à celle que l’on entend toujours pour ce genre de films. Pour faire monter le suspense, le réalisateur utilise aussi un peu toutes les ficelles que l’on a déjà vues maintes et maintes fois. A trop vouloir se conformer aux codes du polar, Michele Placido en perd un peu de son talent propre, qu’il avait pourtant si bien exploité dans Romanzo Criminale (ou sinon, c’est que je mythifie peut-être ce film). En ce sens, le film dans son ensemble se prend un peu trop au sérieux dans la forme alors qu’il n’y a vraiment pas de quoi quand on regarde rapidement le fond du long-métrage. Au niveau des acteurs, je trouve qu’Auteuil n’est pas vraiment crédible dans ce rôle de grand flic qui cherche aussi des réponses à des questions personnelles. Olivier Gourmet, lui, est, comme toujours, très bon dans un rôle trouble. Matthieu Kassovitz, lui, est vraiment intéressant pour ce personnage un peu double. S’il était plus creusé par le scénario, il y aurait vraiment quelque chose d’intéressant à en tirer. Mais, malheureusement, ce n’est pas le cas. Et c’est bien le film dans son ensemble qui finit par plonger dans une médiocrité assez déconcertante quand on sait de quoi est capable le réalisateur. Mais bon, on a le droit à l’erreur. Une fois, mais pas deux.



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