La Critique
Après avoir conté la même bataille d’un point de vue américain (on ne voyait presque jamais de japonais), Clint Eastwood innove en changeant de point de vue et c’est tout à son honneur. Il permet ainsi de compléter de manière singulière son œuvre sur cette bataille. Ce film fait beaucoup moins place aux retours en arrière, très présents dans Mémoires de nos Pères, mais ceux-ci sont très éclairants et souvent magnifiques. Les personnages prennent une réelle profondeur grâce aux lettres qu’ils écrivent et qui sont retrouvées à notre époque. Les scènes de guerre sont toujours aussi réalistes mais il y’a aussi des scènes splendides où les personnages sont plus posés.
On suit tout au long du film le jeune Saigo, soldat démotivé qui va tout de même s’en sortir alors que tous ses compagnons vont se faire descendre un a un dans des conditions plus ou moins horribles. Vers la fin du film, une scène est révélatrice de l’esprit qui animait ces soldats. Saïgo se retrouve avec le Commandant Kuribayashi, qui lui dit : « Tu es un bon soldat. », il répond : « Non, moi, je suis un bon boulanger. ». Ces soldats se sont sacrifiés pour leur patrie, sachant très bien qu’ils ne reviendraient pas de cet enfer. Ce qui est aussi intéressant dans le film, c’est le fait de montrer que les américains ont aussi commis des horreurs (le soldat tuant les deux prisonniers) alors que les japonais ont pu être très bons avec l’ennemi (la scène magnifique où un marine recueilli, soigné, meurt et qu’un japonais lit la lettre de sa mère). Malgré tout, on voit que le poids des traditions était très important au Japon (suicides collectifs, fait de mourir en héros).
Et que dire de la réalisation, du montage, de la photographie ou de la musique sinon que tout est parfait, comme d’habitude. Peut-être la première heure peut paraître à peine longue mais elle est en fait très importante car elle nous place les personnages. Le début, en miroir avec la fin du précédent opus est très intelligent. Et comme très souvent dans les films d’Eastwood, la dernière demi heure est splendide, emplie d’humanité.