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TimFaitSonCinema
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MONEY MONSTER

Lee Gates est un animateur de télévision célèbre puisqu’il est à la tête d'une émission autour de la finance. Alors qu’il tourne en direct un nouvel épisode, et que sa fidèle réalisatrice est là pour l’aider, il est pris en otage par un homme qui veut obtenir des réponses sur une opération financière qui lui a fait perdre beaucoup d’argent récemment. Jusqu’où sera-t-il prêt à aller pour trouver la vérité ?
Verdict:

Money Monster est un long métrage qui vaut beaucoup plus par le suspense qu’il instille, le rythme soutenu qu’il tient tout du long et sa critique de l’univers de la télé aujourd’hui plutôt que pour sa dénonciation des dérives financières, sur lesquelles il est moins convaincant. Ça reste un bon divertissement, qui manque sans doute de fond, et d’une vraie vision de mise en scène pour être plus que ça.

Coup de coeur:

Le rythme, qui ne retombe jamais

La date de sortie du film:

12.05.2016

Ce film est réalisé par

Jodie FOSTER

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Après deux films en tant que réalisatrice dans les années 90, Jodie Foster, considérée comme l’une des meilleures actrices d’Hollywood, semble avoir repris goût à la mise en scène ces dernières années. Cela tient peut-être au fait qu’on la voit de moins en moins devant la caméra avec seulement cinq films en dix ans, ce qui est totalement indigne de son talent. Elle semble être l’une des preuves vivantes de la difficulté qu’a le cinéma à offrir de vrais beaux rôles aux actrices qui ont plus de quarante ans. En 2011, elle avait donc mis en scène Le complexe du castor, film que j’avais eu du mal à réellement apprécier malgré une idée de départ que je trouvais loin d’être inintéressante. Elle remet donc le couvert cette année avec un long métrage extrêmement différent puisque Money Monster, loin d’être un drame familial doux-amer, lorgne plutôt du côté du thriller économique, un genre plutôt à la mode en ce moment. En effet, Margin Call ou encore The Big Short se sont inscrits dans cette veine, liée en partie à la crise économique de 2008. En expliquant à leur manière les ressorts et les conséquences d’un monde financier devenu un peu fou, ces longs métrages avaient un rôle d’information auprès des citoyens même si ça reste évidemment du cinéma, dans toute sa subjectivité. Et voir George Clooney dans ce projet, en tant qu’acteur principal et coproducteur, est assez logique, lui qui, depuis quelques années, a fait évoluer sa carrière en lui donnant un ton bien plus politique, que ce soit dans ses choix de réalisation ou en tant qu’acteur. Avec Money Monster, Jodie Foster a clairement choisi un angle plus « spectaculaire » et moins explicatif que d’autres films pour traiter à sa manière des mêmes problématiques. Réussit-elle pour autant son pari ?

 

Par son sujet, Jodie Foster s’attaque en fait à deux thèmes différents qui sont réunis dans cette émission, Money Monster, sur le plateau de laquelle une bonne partie du film va se dérouler. Il s’agit bien évidemment de la finance mais aussi de la télévision et de la façon dont tout est source de spectacles. Nous reviendrons un peu plus tard sur la critique de la finance qui est à la fois la plus évidente mais aussi la moins réussie. Pour ce qui est du monde de la télé, il faut plutôt voir la satire dans ce qui n’est pas dit et, surtout, dans la relation entre le présentateur vedette et la réalisatrice de l’émission. Celle-ci (interprétée par une Julia Roberts plutôt convaincante) a un rôle vraiment intéressant autant en elle-même (sa réaction par rapport à ce qui se passe) qu’en tant que « conscience » du présentateur : elle le calme, le rassure, lui dit quoi faire. Dans l’ombre, c’est donc elle qui décide véritablement de ce que lui doit faire. Cela dit beaucoup de la télé d’aujourd’hui où celui qui est sur le devant de la scène n’est souvent qu’un « pantin » qui ne fait qu’exécuter ce qu’on lui dit dans l’oreillette pour que, quoi qu’il se passe, la télé reste un spectacle. Sans doute ce personnage de la réalisatrice aurait mérité plus d’approfondissement. Car on voit davantage Lee Gates, joué par un George Clooney qui en fait des tonnes à tous les niveaux. La dernière réplique du film est glaçante et dit à peu près tout de ce que peut être une certaine télévision aujourd’hui. Sur la finance, j’ai trouvé que beaucoup de questions sont posées mais soit elles sont évacuées, soit elles trouvent une réponse bien trop simpliste. Le scénario ne cherche jamais à aller beaucoup plus loin que des généralités sans trop d’intérêt. Cela tient principalement dans la structure même du long métrage.

 

En effet, pour articuler et mettre en perspective ces deux critiques, le scénario prend le parti d’entraîner le spectateur dans un thriller sans presque aucun temps mort et où l’action se déroule en temps réel. C’est un choix qui est assumé jusqu’au bout et qui permet vraiment de ne jamais décrocher, même si la tension n’est pas non plus extrême. Ce qui est assez habile, c’est que, à certains moments où l’action est moins prégnante, le scénario se sert plutôt de l’humour, avec quelques répliques bien senties, pour continuer à attiser l’attention du spectateur. En ce sens, Money Monster est une réussite. Mais, en contrepartie, c’est la crédibilité d’ensemble qui en prend un coup puisque, par exemple, en deux minutes de recherches sur internet, un journaliste réussit à mettre à jour toute la supercherie qui a mené à la perte des 800 millions de dollars, rien que ça. Il faut nécessairement que tout aille vite donc les raccourcis sont nombreux et les ficelles parfois un peu trop grosses pour être honnêtes. Le caractère assez manichéen du scénario est également gênant et lui fait perdre de la crédibilité, ainsi que la rédemption un peu facile offerte au personnage principal qui, finalement, ne s’en sort pas si mal alors qu’il est également un rouage de tout ce qui est dénoncé. Ce qui manque peut-être le plus avec ce long métrage, c’est une mise en scène qui prenne réellement en charge ce sujet et ses spécificités et ne pas en faire quelque chose de déjà-vu. Par exemple, le fait que presque trois-quarts de l’histoire se déroule dans un espace clos et de petite taille (le studio de télévision) n’a pas vraiment été pris en compte dans la réalisation, qui aurait pu instaurer une ambiance bien plus angoissante. Parfois, on a l’impression que Jodie Foster a presque eu un peu peur de pousser ses idées plus loin et elle reste dans des sentiers relativement balisés, ceux qui empêchent son œuvre de dépasser le simple cadre du bon film qui se laisse largement regarder, mais qui ne marque pas plus que ça. Il me semble qu’il y avait moyen de faire bien mieux…




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