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TimFaitSonCinema
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POTICHE

Alors que son mari dirige une entreprise de parapluie face à la méfiance de ses ouvriers, Suzanne Pujol reste dans un rôle de femme « potiche », mais tout va changer le jour où, suite à une attaque cardiaque de son mari, elle va devoir prendre la direction de l'entreprise...
Verdict:
Un film qui m'a toujours donné l'impression d'être un peu bancal, comme s'il n'arrivait pas à se défaire de son inspiration directement théâtrale. Quelques répliques savoureuses et des acteurs très performants néanmoins.
Coup de coeur:

Catherine Deneuve

La date de sortie du film:

10.11.2010

Ce film est réalisé par

François OZON

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


Après une période où il avait enchaîné quelques drames (dont le pas malhonnête Le Refuge), François Ozon s'attaque ici à une vraie comédie, inspirée d'une pièce de théâtre vaudevillesque des années 80. Et, malheureusement, ça n'est pas sans poser certains problèmes, qui, selon moi, font de ce film, au demeurant assez sympathique, un objet cinématographique un peu trouble.

Selon moi, le défaut majeur se retrouve dès l'affiche : y est inscrit « librement adapté de la pièce de ... ». Tout au long du film, on est dans cet entre-deux. C'est très clairement une pièce de théâtre et on pourrait très facilement découper la pièce en trois ou quatre actes (les raccords sont d'ailleurs plus longs à ces moments-là). Cela culmine dans le premier tiers du film où la présentation des personnages se fait peu à peu, de façon plus ou moins artificielle (les deux enfants rentrent, sans trop de raisons objectives). C'est tout sauf naturel. D'ailleurs, toute cette séquence finit par l'attaque cardiaque dont est victime le directeur de l'usine, devant tous les autres personnages principaux. Fin de l'Acte 1. L'adaptation d'une pièce de théâtre ne me gène pas dans l'absolu mais là, on a l'impression qu'Ozon a du mal à s'en défaire. Il aurait pu prendre le parti de l'assumer un peu plus (peut-être en séparant son film en actes, pourquoi pas ?) mais il reste dans une position un peu bâtarde et finalement assez dérangeante. Cela n'empêche pas du tout de nombreuses scènes savoureuses et des répliques très drôles. Mais elles ont tendance à se perdre dans des séquences bien plus artificielles et moins amusantes.

Ce film est aussi assez étrange par rapport à la question de la temporalité. On est bien d'accord que le film se passe en 1977 et, d'ailleurs, tout est fait pour bien nous le rappeler. De ce côté-là, on ne peut pas vraiment dire que les équipes déco et costumes aient fait les choses à moitié (il suffit juste d'observer les tenus de Karin Viard ou Jérémie Rénier, pour les plus édifiantes), mais, en même temps, tout ramène finalement à notre époque. C'est particulièrement le cas avec ces références directes à la politique actuelle (le « cass' toi pôv'con » ou cette scène où Catherine Deneuve fait ouvertement du Ségolène Royal) : je ne suis pas sûr que c'était vraiment utile. C'est comme si, en s'ancrant de façon presque caricaturale dans la fin des années 70, Ozon voulait finalement nous donner une vision d'aujourd'hui. Ce n'est pas forcément vraiment réussi. Mais cette question de la temporalité vaut aussi pour les acteurs.

En effet, ce film réunit sans doute les deux plus grands monstres sacrés actuels du cinéma français : Gérard Depardieu et Catherine Deneuve. Ces deux immenses comédiens ont dépassé le stade de simples acteurs mais sont devenus des mythes, qu'on ne peut plus vraiment, dans un film, voir comme simples personnages. Les faire cohabiter dans ce film invite forcément à une vision du présent mais aussi de leurs carrières passées. Cela est renforcé par le décalage qui existe par le fait qu'ils sont plongés avec leur âge actuel dans l'époque même où ils se sont fait connaître en tant que comédiens. Leur « couple » est assez savoureux mais c'est bien Deneuve qui a le rôle principal du film et qui est excellente. Dans un rôle bien plus compliqué qu'on peut le penser (du moins, bien plus nuancé), elle arrive à rendre toutes les facettes de ce personnage qui se découvre. Sans aucun doute en lice pour un césar en février, elle qui n'en a que deux...

De toute façon, il faut avouer que réunir trois acteurs et au moins deux actrices de ce niveau (je suis toujours aussi réservé sur Judith Godrèche), c'est forcément un gage de qualité. Luchini, dans un rôle comme celui-ci, peut difficilement être mauvais : il en fait des tonnes, en rajoute, mais c'est aussi comme cela qu'on l'aime. Karine Viard, en secrétaire bien de son temps, est, elle-aussi, assez géniale. C'est sans doute là que repose une des forces principales de ce film.



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