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Alors que douze vaisseaux extraterrestres apparaissent tout d’un coup dans différents endroits du globe, le Monde s’interroge : que veulent-ils et pourquoi sont-ils là ? L’armée américaine fait alors appel à une experte en linguistique afin de décoder leurs réelles intentions. Celle-ci va tenter d’entrer en contact avec ces choses que personne ne comprend…
Verdict:

Premier contact est un long métrage réellement stupéfiant, qui prend à rebours le spectateur pour l’emmener dans quelque chose de profondément humain, qui est franchement bouleversant par moments. Les quelques petits défauts ne peuvent gâcher une impression d’ensemble extrêmement positive. Et Amy Adams prouve une nouvelle fois quelle incroyable actrice elle est. 

Coup de coeur:

Amy Adams

La date de sortie du film:

07.12.2016

Ce film est réalisé par

Denis VILLENEUVE

Ce film est tagué dans:

Science-fiction

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 La Critique


Au premier abord, je ne peux pas dire que je sois un immense fan de science-fiction. C’est même un genre cinématographique qui ne me donne guère envie et ce n’est sans doute pas un hasard si j’ai vu aussi peu de films de SF depuis quelques années, si l’on excepte les quelques grosses sorties « incontournables » (Avatar, Prometheus, Interstellar ou encore le dernier Star Wars). Même dans une dimension un peu plus historique je ne me suis jamais vraiment motivé pour voir les œuvres de science-fiction qui ont fait les grandes heures du Septième Art. En fait, j’ai toujours considéré qu’il y avait suffisamment de choses à dire et à montrer sur notre monde tel qu’il est pour qu’on ait à inventer des univers parallèles (je tiens d’ailleurs le même raisonnement sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à de l’heroic fantasy). J’ai peut-être tort mais c’est ainsi ! Dernièrement, Midnight Special m’avait plutôt beaucoup plu mais c’est autant un drame ou un thriller qu’un véritable long-métrage de science-fiction. Pourtant, je dois bien dire que ce Premier contact me faisait réellement envie et ceci pour plusieurs raisons. La principale tient dans le pedigree du metteur en scène. En effet, on peut dire de Denis Villeneuve qu’il est un réalisateur qui monte. Le Canadien s’est fait connaître au niveau international avec son quatrième long métrage, Incendies et, depuis, il réalise une carrière assez remarquée du côté d’Hollywood, variant notamment autour des différents styles de thriller avec Prisoners (policier), Enemy (psychologique) ou Sicario (action). Et c’est avec une certaine surprise que l’on a pu apprendre qu’il réaliserait l’une des suites les plus attendues de ces prochaines années : celle de Blade Runner. Avant cela, il s’est déjà essayé à la science-fiction avec Premier contact. Doit-on voir dans ce projet uniquement une sorte de ballon d’essai avant un long métrage qui devrait forcément déchainer les passions ?

 

J’avais espoir de visionner un bon film, mais je ne m’attendais pas du tout à prendre une telle claque. Car, franchement, Premier Contact est un long métrage vraiment réussi, qui m’a surpris à la fois par son esthétique ainsi que par sa manière de traiter un thème a priori battu et rebattu. En effet, le sujet d’une invasion extra-terrestre est loin d’être neuf au cinéma et plusieurs réalisateurs s’y sont attaqués, chacun à leur manière, que ce soit du côté plutôt humoristique avec Mars Attacks ! de Tim Burton, celui plus « bourrin » avec Independance Day de Roland Emmerich ou se voulant un peu plus « réaliste » avec La guerre des Mondes de Steven Spielberg. Ces longs métrages avaient en commun de montrer des aliens débarquant sur Terre avec des envies belliqueuses et déployaient alors des montagnes d’effets spéciaux pour narrer la bataille qui s’engageait alors. Quand on regarde d’un peu loin le scénario de Premier contact, on peut avoir le sentiment que ce n’est qu’un film de plus dans la même lignée. Pourtant, en se basant sur une nouvelle (L’histoire de ta vie) de Ted Chiang, le scénariste Eric Heisserer (surtout connu pour ses films d’épouvante) prend complètement à contrepied ce que l’on pourrait attendre à première vue. Il ne faut pas trop en dévoiler, car la réussite de ce film réside aussi dans la surprise que peut avoir le spectateur devant l’histoire qui se déroule. Peut-être qu’un seul élément « statistique » montre que l’on est très loin des films précédemment cités, c’est le fait qu’il n’y ait au cours du film qu’une seule explosion. De façon très claire, Denis Villeneuve a choisi d’aborder la problématique de l’invasion extra-terrestre par un côté beaucoup plus « métaphysique » et moins spectaculaire et il a le mérite de s’en tenir à cette ligne directrice très claire jusqu’au bout. C’est d’ailleurs sans doute cela qui donne sa force à cette œuvre.

 

Evidemment, tout film de ce genre a pour vocation de parler du genre humain en le mettant face à une nouvelle réalité qu’il ne connaît pas. Premier Contact ne déroge pas à cette règle et, bien plus que cela, il la magnifie presque, en y apportant une dimension supplémentaire. En ce sens, cela m’a fait penser à Interstellar qui avait aussi cette façon assez impressionnante de toujours ramener l’humain au cœur de ses enjeux. Tous les thèmes traités ici sont profondément ancrés dans notre société, notamment ceux de l’altérité ou encore du deuil et le long métrage parvient à leur donner un sens de façon parfois bouleversante, notamment en liant l’intime à l’universel. C’est par exemple le cas sur la question de « l’autre », très importante puisque, au départ, on ne sait rien de ces nouveaux arrivants. En tant que spectateur, on va réellement sentir ce que peut être l’émotion d’une première rencontre, avec tout ce que ça implique dans la découverte : la surprise, le refus des préjugés, l’envie de communiquer, le besoin de se retrouver,… Et Premier contact délivre un très beau message car, justement, le personnage principal se bat contre ce qui semble presque évident pour tout le monde, recherchant toujours le positif dans ce qui est pour beaucoup rien d’autre qu’une agression d’une puissance étrangère. Sur la question du langage et de son importance, je trouve que le film a également une position vraiment intéressante, en en faisant presque un personnage à part entière (qui ressemble presque à un organisme vivant, d’ailleurs). Si l’héroïne est une linguiste, ce n’est pas un hasard car pour comprendre l’autre, communiquer est un préalable nécessaire et le long métrage va beaucoup tourner autour de la manière dont ce langage peut prendre une dimension encore bien supérieure à ce que l’on aurait pu imaginer à première vue.

 

Dans sa façon de réaliser, on sent vraiment que Denis Villeneuve insiste sur le côté profondément humain de son film en montrant par exemple toujours en premier la réaction des personnages devant ce qu’ils observent, avant que le spectateur ne puisse le découvrir lui-même. D’ailleurs, on ne voit finalement que très peu ces extra-terrestres et la première scène où on les découvre est un véritable modèle de gestion du rythme et de l’espace. Il y a une montée progressive d’une forme de tension, qui correspond très bien à l’état d’esprit des personnages principaux, qui ne savent pas, eux non plus, à quoi s’attendre de cette première rencontre. Globalement, d’ailleurs, on ne sait jamais trop quoi penser de ces extra-terrestres et on reste longtemps dans une forme de flou par rapport à leurs intentions. Dans l’ensemble, Premier contact est extrêmement bien réalisé, notamment parce que le réalisateur reste fidèle tout du long à ses choix esthétiques qui s’apparentent par moments presque à de la pure contemplation. Plutôt que d’imprimer un rythme effréné, il préfère largement s’attarder plus spécifiquement sur des moments clés, quitte à faire des ellipses parfois très importantes. D’ailleurs, la bande son minimaliste de Jóhann Jóhannsson, compositeur islandais de plus en plus prisé à Hollywood, s’inscrit très bien dans toute cette ambiance. Le travail de photographie est lui aussi particulièrement réussi, même si, cette fois-ci, ce n’est pas Roger Deakins qui est à la manœuvre mais Bradford Young, à qui l’on devait les images (déjà très belles) de A most violent year. Le tout, à savoir l’adéquation entre la forme et le fond, culmine dans un dernier acte assez sublime, aussi bien visuellement que dans l’émotion procurée, même si on voit un peu trop venir les dialogues de loin (je me suis surpris à les dire en même temps que les personnages, c’est pour dire). Et le magnifique On the nature of daylight de Max Richter en bande-son donne encore plus d’ampleur à une fin qui provoque véritablement des frissons.

 

Au rayon des quelques déceptions (car oui, je suis bien obligé d’avouer qu’il y en a certaines), on peut reprocher une peinture géopolitique qui manque clairement de nuances et qui est même franchement caricaturale par moments. Même si ça reste un élément finalement assez annexe qui n’a que peu d’influence sur le film dans sa globalité, c’est un peu dommage. D’une certaine façon, on peut aussi se dire que tout est fait pour s’interroger sur la manière dont se gèrent les relations internationales, notamment dans le rapport aux médias (encore un autre thème abordé de façon intelligente puisqu’on voit tout ce qui se passe dans le monde à travers ce canal). Au final, le message délivré est là encore positif et c’est plutôt une bonne chose. Et puis, on peut regretter que ce soient toujours les mêmes ressorts narratifs qui soient utilisés ici : une personne seule va sauver tout le monde et trouve dans son histoire personnelle la force de le faire. C’est un schéma vu et revu, même s’il est plutôt bien exploité ici et que les ficelles ne sont pas trop grosses. Pour finir, il est tout de même nécessaire de dire un mot sur Amy Adams, l’actrice principale, qui est absolument géniale dans ce film. Elle parvient parfaitement à rendre le mélange assez incroyable d’une détermination sans faille et d’une infinie faiblesse intime de Louise Banks, le personnage central de l’histoire. Face à elle, Jeremy Renner, d’ailleurs plutôt convaincant, est contraint de s’effacer. La comédienne prouve en tout cas qu’elle est aujourd’hui l’une des seules actrices de sa génération (elle a 42 ans) à trouver des rôles de plus en plus intéressants et à les interpréter toujours avec talent. Elle risque de ne pas être loin de l’Oscar et, en tout cas, son regard presque halluciné risque de vous hanter longtemps après la séance. Un peu comme ce film vraiment beau, optimiste et intelligent. Rien que ça.




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