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TimFaitSonCinema
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SPECTRE

Lors d’une mission à Mexico qui n’était pas autorisée par sa hiérarchie, James Bond retrouve le fil d’une organisation criminelle qu’il doit éradiquer. Dans le même temps, M doit se battre pour que les services secrets continuent à exister en Angleterre. C’est dans ce contexte que Bond part à la recherche de ce qui se cache derrière le Spectre.
Verdict:

Si Sam Mendes gère plutôt bien son affaire sur la forme avec des scènes d’action propres et un ensemble de qualité, le fond est bien plus discutable avec des longueurs, un scénario peu novateur et bien trop prévisible ainsi que des personnages secondaires qui manquent bien trop de consistance. On est quand même un peu déçu, forcément…

Coup de coeur:

La séquence d’ouverture

La date de sortie du film:

11.11.2015

Ce film est réalisé par

Sam MENDES

Ce film est tagué dans:

Film d'action

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 La Critique


Sam Mendes reprend donc du service ! Pourtant, il y a trois ans, lors de la sortie de Skyfall, c’était loin d’être évident de revoir le Britannique aux commandes d’une aventure de James Bond. Il faut dire que l’attelage entre le réalisateur d’American Beauty  et des Noces Rebelles avec l’espion le plus connu au monde avait de quoi détonner à première vue et on se disait franchement que ce n’était rien d’autre qu’un one shot ambitieux. De plus, cela faisait six épisodes de suite que le réalisateur changeait d’un film sur l’autre. Et pas toujours pour des grandes réussites, il faut bien le dire. Depuis 1995 et le « retour » de 007 après six ans d’absence, seuls GoldenEye et Casino Royale m’avaient semblé réussis. J’idéalise d’ailleurs peut-être un peu trop le premier nommé… Hasard ou coïncidence, les deux étaient réalisés par Martin Campbell. Les trois autres films de la période Pierce Brosnan ressemblaient franchement à du grand n’importe quoi et Quantum of Solace était assez insignifiant bien que plutôt sympathique. Skyfall marquait en tout cas une vraie rupture avec ce qui s’était fait précédemment : pas beaucoup de gadgets, une absence quasi-complète de James Bond Girl et assez peu d’action, finalement. En même temps, il offrait un vrai retour aux sources pour Bond, obligé de revenir sur les lieux de son enfance et la réapparition de Q et Miss Moneypenny, personnages emblématiques de la série, un peu délaissés depuis quelques épisodes. Bref, on sentait vraiment une patte Sam Mendes, ce dernier insistant plus sur le côté sombre du personnage et réussissant à marier avec talent action et scènes plus posées. Le voir aux commandes de ce nouvel opus ne pouvait qu’être rassurant et même excitant puisqu’on se prenait à rêver que, Mendes ayant vraiment pris conscience de ce qu’il devait faire, il parviendrait cette fois-ci à transcender son personnage principal pour offrir un opus exceptionnel. Malheureusement, c’est un peu l’inverse qui se produit, tant Spectre peine à vraiment décoller…

 

Pourtant, on ne peut pas dire que la séquence pré-générique soit ratée et qu’elle manque de hauteur, loin de là. En plein cœur de Mexico, au milieu de la foule célébrant la Fête des Morts, James Bond va y aller un peu fort en détruisant un immeuble puis en poursuivant un homme jusqu’à finir par se battre dans un hélicoptère au-dessus d’une place noire de monde. C’est intense et très sérieux visuellement avec de longs plans aériens. Le générique est lui aussi plutôt pas mal, avec ces images du passé qui reviennent (à travers les personnages principaux des précédents opus), même si je trouve la chanson relativement ratée. A ce moment-là, on est encore sous le charme et plein d’espoir pour ce qui va suivre. Deux heures plus tard, le constat est bien plus mitigé et on ne peut pas dire de Spectre qu’il nous séduit. Par rapport à son prédécesseur, il est même assez décevant. Comment en arrive-ton à une telle sensation alors que Spectre s’inscrit complètement dans la lignée de Skyfall au niveau de l’histoire et qu’il fait même explicitement référence à Casino Royale, une autre réussite récente ? C’est en fait une succession de petites choses mises bout à bout – une longueur par ci, par là, une facilité de scénario, l’impression de voir un Mission : Impossible à certains moments – qui font qu’on a du mal à véritablement s’y accrocher. Mais c’est quand même surtout du côté de l’histoire globale qu’il y a pas mal de choses à redire tant elle est simpl(ist)e. On repense alors aux fuites chez Sony il y a un an (lors desquelles le scénario de cet épisode a été dévoilé). Elles ont obligé  les scénaristes à retravailler l’ensemble pour (re)créer de la surprise et c’est à se demander si c’est là que le film a perdu de sa saveur. Honnêtement, je n’en suis même pas persuadé car c’est en fait l’ambiance générale du long métrage qui a quelque chose d’un peu étrange.

 

En effet, ce qui est peut-être le plus étonnant devant Spectre, c’est l’impression de regarder un « vieux » James Bond dans une apparente modernité. On retrouve une « vraie » James Bond Girl, un homme de main qui ne dit pas un mot mais qui frappe fort, un méchant mégalomane, un mini tour du monde pour mener une enquête, quelques gadgets, des répliques qui font mouche, du Vodka Martini au shaker,… Bref, si Skyfall avait cassé quelques codes, à notre plus grand bonheur, là, on y retourne à plein, et sans donner l’impression que ce soit avec recul ou un certain second degré. C’est par exemple le cas pour le rôle des femmes ici : réglons rapidement celui de Monica Bellucci, qui se trouve ici affublée d’un rôle presque grotesque tant il est caricatural, mais attardons nous sur celui de Madeleine Swann (quel nom, d’ailleurs), interprété par Léa Seydoux. C’est en fait la fille d’un méchant qui, très vite, va tomber sous le charme de James, sans que soit montré chez elle le minimum de l’ombre d’une personnalité. Ce n’est pas Léa Seydoux qui est à blâmer ici (elle fait de son mieux pour donner un côté presque espiègle à son personnage) mais bien un scénario qui n’arrive jamais à donner à cette Madeleine la moindre consistance. La comparaison avec une Vesper Lynd, par exemple, est violente… Même le méchant est particulièrement faible : sorte de mégalo dont on ne comprend pas vraiment bien la réelle ambition, il n’est jamais assez crédible pour inspirer la moindre crainte chez le spectateur. Christoph Waltz a même l’air un peu perdu dans ce rôle. Et le scénario global réserve bien trop peu de surprises pour que l’on s’y accroche vraiment. On comprend assez vite le fin mot de l’histoire et, jusqu’au bout, on se dit qu’il va y avoir un gros rebondissement, mais non, on reste gentiment sur des rails bien tracés…

 

Suite à Skyfall qui avait réveillé de vieux démons chez Bond, on aurait eu envie que ce film continue de les explorer, surtout qu’en nous rappelant assez souvent le personnage de Vesper Lynd ou celui du Chiffre, il refait monter d’autres souvenirs (ceux de Casino Royale). Se voulant comme une conclusion à une « trilogie » ouverte il y a neuf ans (dont est exclu Quantum of Solace, jamais cité ici), on attendait quelque chose de l’ordre du dilemme chez le personnage principal ou de vrais questionnements internes, mais, non, tout reste en surface, sans même la volonté d’aller gratter un tout petit peu. C’est d’ailleurs le même constat sur le thème global puisqu’il y a quelque chose de très actuel et d’assez intéressant (sur la surveillance généralisée des populations) mais, là encore, tout passe sans qu’on s’y attarde ou que l’on creuse le sujet. Pourtant, il y a de vrais temps morts dans le film mais ils ne sont jamais vraiment utilisés pour développer les thèmes les plus intéressants. En fait, le scénario se raccroche complètement à ce qu’on attend le plus d’un James Bond : des bonnes scènes d’action. Et, de ce côté-là, on n’a pas vraiment à se plaindre. Même s’il n’y a rien d’extrêmement inventif ou de vraiment spectaculaire, ça reste très propre et explosif par moments, avec une grosse partie qui se passe dans les airs (hélicoptère, avion,…). La poursuite en voiture dans les rues de Rome a, elle, un côté un peu plus « mécanique ». Si le réalisateur parvient donc à offrir des scènes d’action de qualité, il ne parvient jamais à donner du souffle à un long métrage dont on a souvent le sentiment qu’il tourne à vide… Bien sûr, je suis sévère car ça reste du cinéma agréable et divertissant mais quand on s’attendait à mieux, on reste sur notre faim… 




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