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TimFaitSonCinema
Quatre jeunes filles décident de partir en Spring Break, ces grandes fêtes à ciel ouvert où tout est permis. Mais une fois arrivées là-bas, la fête qu’elles étaient venues chercher va quelque peu changer de forme.
Verdict:
Spring breakers n’est pas un objet cinématographique dénué d’intérêt, mais le tout est tellement outrancier, notamment dans la réalisation, pour que je puisse y adhérer complètement.
Coup de coeur:

Le fait de s’en tenir à une esthétique particulière

La date de sortie du film:

06.03.2013

Ce film est réalisé par

Harmony KORINE

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Harmony Korine est un peu considéré comme l’un des enfants terribles du cinéma américain actuel. A 22 ans, il signait le scénario de Kids, un film de Larry Clark sur la jeunesse face au SIDA. A 24 ans, il tournait son propre film, Gummo, qui traitait d’adolescents livrés à eux-mêmes dans une ville ravagée par une tempête. Depuis, il a continué à creuser son sillon, avec une réputation de réalisateur borderline qui n’est plus à refaire. Mais ses derniers films étaient plus confidentiels. Il revient cette année en force avec un film qui fait un sacré buzz notamment pour la présence d’actrices très connues des adolescents mondiaux car pur produits de l’industrie de divertissement Disney : Vanessa Hudgens et Selena Gomez. Ashley Benson, elle, est plus réputée pour son rôle dans de très nombreuses séries outre-Atlantique. Rachel Korine, la quatrième larronne est beaucoup moins célèbre, mais c’est la femme du réalisateur, ce qui peut toujours être utile… Le tout saupoudré de James Franco, ce qui n’est jamais négligeable. Ce film, qui se présente au premier abord comme un nouveau « film de fête » comme Projet X en est le nouvel étendard, est en fait assez loin de tout ça même si cet aspect n’est pas oublié. Spring breakers est une forme d’hymne à la liberté d’une certaine jeunesse. Mais, dans l’ensemble, ça m’a assez peu convenu, bien que j’y reconnaisse une sorte de « geste cinématographique ». Il faut dire que c’est vraiment le type de film qui ne peut que diviser de façon net le public tant c’est un objet assez étrange et surtout particulièrement outrancier.

Le film s’ouvre sur une séquence assez hallucinante qui donne, en partie, le ton du film. On y voit, sur le son puissant d’une chanson de Skrillex, la fête battre son plein lors d’un Spring Break : tout ça au ralenti, avec seins nus à volonté, gros plan sur les fesses, alcool qui coule à flot… Ca doit durer trois minutes mais c’est déjà, en soi, assez fou et cela place d’entrée ce film dans une catégorie. Mais le réalisateur (qui scénarise aussi le long métrage) ne souhaite pas n’en rester qu’à une simple description de ces fêtes où tout est permis. Non, lui, ce qui l’intéresse, c’est plutôt les à-côtés et la manière dont, pris dans un engrenage et éprises de liberté, des personnes peuvent peu à peu sombrer dans le n’importe quoi. Ainsi, ce film dit beaucoup sur une certaine jeunesse américaine qui ressent un vrai besoin d’exprimer sa soif de liberté et sa véritable peur de s’enfermer dans une vie conformiste et bien rangée. En même temps, ces quatre jeunes filles font encore complètement leur âge, quand elles chantent à tue-tête Britney Spears et appellent leurs parents pour les rassurer. Tout est ici dans cette forme de contradiction qui dit bien une perte des repères et des priorités d’une partie de la jeunesse américaine. Pour contrer cet ennui qui les guette, elles sont prêtes à faire vraiment n’importe quoi. D’ailleurs, le film nous présente chacune des quatre protagonistes alors qu’elles sont encore dans leur université. Et, dès le départ, le scénario fait une différence entre deux d’un côté, qui semblent les meneuses, une autre qui les suit, et une quatrième plus réservée sur tout ce qui se passe. Cette distinction se poursuivra pendant tout le film, sans doute de manière un peu trop caricaturale pour avoir un véritable sens et permettre aux personnages d’être plus creusés que cela.

Pour aller là où elles rêvent d’aller (en Floride, participer à un Spring Break), elles commencent déjà par commettre un braquage, premier pas dans un engrenage qui s’avèrera de plus en plus dangereux. Arrivées sur place, elles profitent au maximum de ce qui leur est proposé (et on retrouve donc les mêmes séquences qu’au début). Un passage chez les policiers va mettre un premier coup d’arrêt à leur folle épopée. Quand elles en ressortent, libérées par un truand local, elles ne seront plus les mêmes et, peu à peu, le groupe, soudé au départ, va se séparer. Cela commence avec Faith, la plus jeune et la plus « responsable » des quatre qui, sentant que les choses ne vont pas forcément bien tourner, préfère quitter le « navire ». C’est un vrai point de rupture dans le film et, personnellement, je pensais que cela allait redonner une sorte de coup de fouet à un ensemble qui commençait sérieusement à s’essouffler. Mais, en fait, c’est l’inverse qui se produit car j’ai trouvé la deuxième moitié extrêmement limite. Il y a beaucoup plus de longueurs, et, dans l’absolu, il ne s’y passe pas grand-chose. Et surtout, le style se fait de plus en plus outrancier.

Parce que Spring breakers se caractérise quand même par une esthétique assez particulière et qui ne nous quitte pas de tout le film. Cela se remarque à la fois dans le jeu de couleurs assez impressionnant : tout est presque fluo (les bikinis, les lumières,…) et toute l’histoire se déroule ainsi dans un univers très pop et acidulé. On est dans l’excès le plus total, au niveau de la réalisation dans son ensemble, avec une sur-utilisation des ralentis, un montage parfois un peu étrange et un rythme qui passe du très rapide au très lent entre deux séquences. On pourrait dire que cette mise en scène accompagne le destin tourmenté de ces jeunes filles, ce qui n’est pas faux. Mais c’est tout de même un peu trop pour moi car ça devient un peu répétitif et fatiguant. La Bande Originale accompagnant le tout n’est pas mal du tout (si l’on excepte le rap et le RnB) avec ce mélange de la violence de Skrillex et du calme de Cliff Martinez. Elle renforce vraiment l’aspect de certaines séquences, en correspondant bien aux différents moments du film. Du côté des actrices, il n’y a pas grand-chose à redire si ce n’est qu’elles font plutôt le boulot dans des rôles à contre-emploi de ce qu’on les voit (enfin, pas moi) faire d’habitude. C’est un passage obligé pour ces comédiennes qui souhaitent sortir de leur image fabriquée patiemment par Disney (et les médias « spécialisés ») et devenir de vraies actrices capables de tout jouer. On peut donc presque voir, en miroir de celles qu’elles interprètent, leur décision de jouer dans Spring breakers comme une forme d’acte de rébellion. Face à elles, on trouve un James Franco assez génial, complètement dans l’outrance, que ce soit dans son apparence (ses dents en argent sont formidables) ou son attitude générale. Il est bien le symbole d’un film, qui malgré ses excès (et ils sont vraiment nombreux), en garde un caractère pas déplaisant.



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