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TimFaitSonCinema
Celle d'une famille dans le Texas des années 1950, où trois enfants vivent entre une mère aimante et un père très autoritaire... Et bien plus encore...
Verdict:
Un film d'une beauté visuelle sans doute jamais atteinte au cinéma. Une grande odyssée de plus de deux heures dont je ne suis pas ressorti indemne. Extraordinaire parce que extra ordinaire.
Coup de coeur:

Les images, toutes plus belles les unes que les autres

La date de sortie du film:

18.05.2011

Ce film est réalisé par

Terrence MALICK

Ce film est tagué dans:

Inclassable Palme d'Or

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 La Critique


Attendu depuis plusieurs années et notamment depuis son faux-pas cannois de l'an dernier (pressenti en compétition jusqu'au dernier moment mais annulé, faute d'un montage bouclé), précédé d'une bande-annonce sublime, The Tree of Life s'annonçait comme l'évènement cinématographique de la quinzaine cannoise mais aussi sans doute de toute l'année 2011. En effet, le mystérieux Terrence Malick ne tourne pas souvent (4 films en 32 ans...) mais quand il le fait, c'est souvent particulièrement marquant. M'étant échauffé tout le week-end en (re)visionnant la plupart de ses films (trois sur quatre, en fait... d'ailleurs, ne ratez pas La ligne rouge qui est vraiment un film épatant et bien plus qu'un film de guerre, genre auquel on le résume trop souvent), j'étais vraiment dans un état d'excitation rarement atteint avant d'aller un film. Dans ces cas-là, les sentiments sont toujours un peu ambivalents avant la projection : ne vais-je pas être déçu ? Ne l'ai-je pas trop espéré ? Bref, je me faisais un peu de soucis en anticipant quelques surprises (bonnes ou mauvaises) dans ma tête. Mais, honnêtement, je ne m'étais pas attendu à prendre une telle claque ! Car The Tree of Life est bien l'un des films les plus incroyables que j'ai vu dans toute ma vie. Et je vais m'en expliquer de suite.

Par différents aspects, on reconnaît très clairement le style Malick avec ses « manies » (mais quelles manies) de réalisateur (la voix-off, ces plans en contre-plongée avec le soleil en fond, le passage dans les blés), mais, là, il va bien plus loin. On a vraiment l'impression que c'est un projet qui lui tient à cœur depuis très longtemps et qu'il en profite un maximum pour laisser parler sa créativité. C'est ce que l'on pourrait appeler un « film somme » où il mêle tous les sujets qui habitent ses précédents films (notamment le sens de la vie, la religion, la mort...). Il laisse complètement son art se déployer, en allant plus loin que ce qu'il a déjà fait. C'est en ce sens un film très personnel, presque mystique. Ce long métrage peut avoir quelque chose de « monstrueux » : il fait un peu peur, il est parfois assez intimidant. En tant que spectateur, on ne sait plus toujours où est notre place, on peut se sentir mal à l'aise, un peu perdu, dans cet univers à la fois grandiose et très intime. Est-il pour autant inaccessible ? Je ne le crois pas, car c'est avant tout, selon moi, un film de la sensation, du sentiment. On peut être touché par ce film sans que l'on s'y attende vraiment et sans que l'on soit un spécialiste ou un amateur de cinéma. En ce sens, ce film m'a un peu fait penser au Scaphandre et le Papillon qui, lui aussi, prenait vraiment aux tripes sans que l'on comprenne vraiment parfois.

Car c'est ce qui s'est passé avec moi plus d'une fois au cours du film. L'émotion m'a vraiment pris et je pense n'avoir jamais autant pleuré au cinéma. Certaines séquences m'ont vraiment scotché et m'ont fortement remué. Et ce qui est assez impressionnant, c'est que je ne sais pas vraiment pourquoi certaines scènes plus que d'autres m'ont fait cet effet. Je pense quand même que c'est souvent le lien parfait entre l'image et la musique qui m'a vraiment ému et « retourné ». Globalement, si la partition d'Alexandre Desplat est assez discrète, certains passages musicaux sont assez incroyables dans la façon dont ils s'accordent parfaitement à l'image (la séquence avec la Moldau de Smetana en fond : tout simplement magique). Cet accord entre la musique, l'image et le discours permet au film de se déployer comme une vraie ode, un véritable voyage sensoriel qui procure un torrent d'émotions vraiment intenses. Tout est aussi dans la forme du film, assez incroyable et qui est, selon moi, le point où les critiques vont se formaliser.

En fait, The Tree of Life est une longue prière, une supplique adressée à un être supérieur, à propos du sens de la vie, de la vie, de la mort. Cela est particulièrement marqué aux deux extrémités du film, dans la première demi-heure et le dernier quart d'heure. Il y a dans ces passages une alternance de prises de vue du monde réel et d'images (fantasmées, forcément) du cosmos, de la naissance de la Terre et de la création de la vie sur cette Terre. C'est surtout en cela que le film est déroutant car il présente quelque chose d'assez novateur, en montrant une vision personnelle de la création de notre monde. Il y a notamment un quart d'heure consacré uniquement à cela et qui a semblé vraiment gêner beaucoup de personnes dans la salle. Malick va peut-être un peu loin (on peut presque dire qu'il donne les bâtons pour se faire battre) même si, personnellement, j'ai trouvé ça magnifique et épatant. Et je pense qu'il ne faut pas s'arrêter aux cinq minutes sur les dinosaures (qui ont vraiment traumatisé beaucoup de monde, visiblement), il est vrai, pas forcément utiles, mais voir plus loin et se dire simplement que c'est une vision de la naissance du monde qui s'arrête à cette époque. D'ailleurs, dans le reste du film, il fait des rappels à cette naissance de la vie sur Terre à travers d'autres moyens (images un peu plus subliminales, vision à travers les yeux des enfants) pour en arriver à la partie finale qui clôt de façon majestueuse le film.

Au cœur du long métrage, la partie centrale est consacrée à la vie de cette famille américaine et notamment à la relation des trois enfants avec es parents si différents. Si Malick n'oublie pas à certains moments quelques « digressions », ce long passage est tout de même beaucoup plus linéaire et donc moins déroutant. Il est, par contre, d'une maîtrise absolument virtuose (les dix années passées de vie « résumées » en dix minutes, presque sans aucune parole, c'est vraiment extraordinaire...). Il y a très peu de dialogues mais on comprend tout ce qui se passe dans la tête de chacun des personnages, pour nous rappeler que l'image, au cinéma, est très souvent bien plus forte que la parole. En plus, Malick a sous la main des acteurs vraiment géniaux car ce film permet de confirmer que Brad Pitt est vraiment un comédien de très grand talent et il nous offre aussi la chance de découvrir Jessica Chastain, qui, toute en sensibilité, donne une vraie force au film. Ce qui est assez intéressant, c'est de voir que, par rapport à ces films précédents, la caméra et le montage de Malick se font plus vifs, comme s'il voulait vraiment donner une vie supplémentaire à tout ce passage, en opposition aux parties plus « contemplatives » de début et fin du film. Mais l'image, elle, reste sublime.

En effet, ce qui est tout simplement effarant dans ce film, c'est que pendant plus de deux heures, l'image est constamment magnifique. Ce n'est même pas qu'il y a rien à jeter, mais c'est que tout est beau... N'importe quelle scène, n'importe quel plan sont absolument brillants. Malick a le don pour transformer la moindre séquence, si futile soit-elle en un moment de grâce absolue. Un banal jeu entre enfants devient ainsi une trouvaille. Et, à ce niveau-là de perfection et surtout, de continuité dans un même film, c'est pour moi quelque chose qui n'avait jamais été atteint et qui risque fort de ne jamais être reproduit de nouveau. En tout cas, ce film m'a vraiment fait prendre conscience que dans toutes les formes d'art, ce qui me touche le plus, c'est bien la belle image cinématographique. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai été plus que servi avec ce film.

Vous aurez donc compris que The Tree of Life est un film qui m'a marqué, très profondément. C'est un long métrage dont je comprends tout à fait qu'on puisse le trouver prétentieux, détestable et surfait, voire totalement insensé. En ce sens, il me fait un peu penser à la Palme d'Or de l'an dernier, qui m'était complètement passé au-dessus de la tête, mais dont j'avais dit que je comprenais parfaitement qu'il puisse faire rêver certaines personnes. Par contre, The Tree of Life ne peut pas laisser indifférent. On ne peut pas sortir en disant qu'on en n'a rien pensé. D'ailleurs, à la sortie de la séance, les réactions étaient plutôt assez « violentes ». Forcément, ce film remue, questionne, et nous fait nous interroger un peu sur ce qu'on pense du cinéma en général, de ce qu'il doit être, de ce qu'on a envie qu'il soit. Car avec ce film, dont on reparlera sans aucun doute dans trente ou quarante ans, Terrence Malick nous offre quelque chose qui n'avait sans doute jamais été vu à un tel degré. Il nous emmène dans un nouveau monde (d'ailleurs, il est assez amusant de voir que le titre de son précédent film aurait pu correspondre à celui-ci, et, presque, vice versa). En tout cas, moi, je retournerai le voir très vite, justement pour essayer de comprendre un peu mieux ce qui a pu vraiment autant me toucher, et me laisser transporter de nouveau dans l'univers de Malick.

REVU LES 21/05/2011 ET 13/06/2011



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