Toggle navigation
TimFaitSonCinema
Dans le treizième arrondissement de Paris, deux frères exercent ensemble la profession de médecin. Ils vont être bouleversés par la mère de l’une de leur jeune patiente dont tous deux tombent amoureux…
Verdict:
Un film sensible et plutôt intelligent qui, bien que non dénué de certains défauts, n’en garde pas moins un vrai charme. Les trois interprètes principaux n’y sont d’ailleurs pas pour rien…
Coup de coeur:

Le trio d’acteurs principaux

La date de sortie du film:

04.09.2013

Ce film est réalisé par

Axelle ROPERT

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

Chargement...


 La Critique


Bon, je ne vais pas vous refaire une nouvelle fois le couplet sur les femmes réalisatrices, mais il s’avère vraiment que cette rentrée est marquée par un nombre très important de longs métrages réalisés par des femmes. Hasard ou réelle « prise de pouvoir », l’avenir nous le dira… Axelle Ropert, elle, s’était fait remarquer précédemment avec un film pourtant passé un peu inaperçu aux yeux du public, La famille Wolberg, qui permettait surtout à François Damiens de montrer qu’il savait faire autre chose que des pitreries. Il faudrait d’ailleurs que je me penche sur ce film que j’avais raté au cinéma malgré des échos plutôt bons. La femme du réalisateur Serge Bozon (second rôle ici dans le film), dont elle coécrit les scénarios, livre ici un film plutôt réussi dans son genre et qui réinvente un peu la notion de triangle amoureux en y incluant une dimension familiale. Tourné dans un quartier de Paris très peu abordé au cinéma (le treizième arrondissement) mais qui prend son sens dans le film, Tirez la langue, mademoiselle est à la fois un drame et aussi, d’une certaine manière, un conte amoureux qui met aux prises des personnages finalement assez banals mais qui, grâce à leurs actions et à ce qui se passe pour eux, gardent tout de même un certain intérêt pour le spectateur. Si on regarde bien, il ne se passe vraiment pas grand-chose dans ce long-métrage mais c’est justement dans cette économie d’action mais aussi de dialogues que le véritable sens du film va se révéler. Tirez la langue, mademoiselle est donc un film qui s’apprécie pour son côté extrêmement « doux » et sensible, bien qu’il ne soit pas non plus dénué de certains défauts.

C’est une histoire d’amour « double » tout ce qu’il y a de plus « simple » et c’est pourquoi le scénario n’offre pas grand-chose de palpitant ou de spectaculaire. C’est justement plutôt dans la simplicité que se trouve l’intérêt du film. Son côté singulier vient du fait que les prétendants de la jeune femme (Louise Bourgoin, qui s’en sort très bien) sont deux frères, qui travaillent ensemble (ils font consultation commune, ce qui est quand même lunaire), sont voisins et ont donc presque des attitudes de jumeaux. Pourtant, quand on voit les deux acteurs (Cédric Kahn d’un côté et Laurent Stocker de l’autre), on a vraiment du mal à les imaginer frères. Mais cette différence permet à leur jeu de prendre encore plus de relief puisque, à la fin, leur lien semble assez évident. Bien plus que dans une ressemblance physique inexistante, tout passe par des attitudes, des gestes ou des regards, même si leurs caractères différent aussi. Les deux comédiens s’en sortent très bien et donnent à la fois une vraie singularité à chacun de leurs personnages tout en formant un « couple ». Et là où le film est plutôt fort, c’est dans cette façon de montrer comment l’irruption dans leur vie de cette jeune femme va les bouleverser à la fois individuellement mais aussi et surtout dans la relation qu’ils ont l’un avec l’autre. C’est comme si cet événement avait valeur de déclic pour eux qui ne pourront plus se comporter entre eux comme avant. Finalement, ce triangle amoureux va assez vite se décanter et cela aura de vraies conséquences sur chacun.

Tout n’est pas parfait, par exemple dans des dialogues parfois un peu tirés par les cheveux et qui font bien trop penser à du théâtre du filmé tant ils manquent de naturel. Il en est de même pour certains thèmes évoqués au cœur du film et dont on ne comprend pas forcément ni la pertinence ni l’intérêt. C’est notamment le cas pour celui de l’alcoolisme qui touche l’un des deux frères. Il se rend parfois aux réunions des alcooliques anonymes mais ces scènes tombent comme un cheveu au milieu de la soupe et n’apportent finalement rien du tout au projet d’ensemble. On a presque l’impression que c’est plus du remplissage qu’autre chose. Dans sa façon de faire, Axelle Ropert privilégie beaucoup les silences qui, souvent en disent plus que des paroles. Ainsi, l’ensemble manque parfois un peu de nerf et on a l’impression de revoir (ou même re-revoir certaines séquences) mais c’est aussi de cette manière que la réalisatrice valide sa manière de faire avec une réalisation sensible, très loin du tape à l’œil et qui fait de son film un objet un peu hors du temps. D’ailleurs, on trouve quelques raccourcis scénaristiques et des situations bien trop hasardeuses pour être crédibles. Cela fait penser que ce film a aussi été écrit comme une sorte de conte amoureux, un peu déconnecté du réel et de ses contingences. Le fait que la majorité du film se passe la nuit n’est sans doute pas étranger à cette volonté du scénario. En effet, cette femme (serveuse dans un bar) et ces deux médecins ont une vie nocturne aussi (voire plus) importante que diurne et c’est souvent pendant ces périodes un peu intermédiaires (tombée de la nuit et aube) que se jouent véritablement les enjeux et que se dévoilent chacun des personnages. Et cela se fait comme tout le film, de manière assez élégante, sans trop d’effets et avec une vraie réflexion qui font de ce Tirez la langue, mademoiselle un film qui mérite un coup d’œil.



 Rédiger Un Commentaire