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TimFaitSonCinema
Instituteur remplaçant, Baptiste ne reste jamais bien longtemps dans le même endroit. Lors d’un week-end prolongé, il doit s’occuper de Mathias, l’un de ses élèves. Il décide de l’emmener jusqu’à sa maman qui travaille sur une plage près de Montpellier. Une relation va naître entre eux et pousser Baptiste à revenir à ses origines familiales.
Verdict:
Ce drame se transforme peu à peu, en étant bien meilleur dans la seconde partie que dans la première. Mais ça reste tout de même assez moyen, notamment du fait d’un scénario qui manque de finesse et de l’interprétation un peu fade de Pierre Rochefort. Par contre, Dominique Sanda est immense dans ce rôle de matriarche.
Coup de coeur:

Dominique Sanda

La date de sortie du film:

05.02.2014

Ce film est réalisé par

Nicole GARCIA

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Avec une régularité métronomique (qui confine presque à une certaine rigidité), Nicole Garcia réalise un film tous les quatre ans et ceci depuis 1990 (avec, même, un court-métrage quatre ans auparavant). Il s’avère que c’est donc lors des années où se déroulent aussi (et surtout) les Coupes du Monde de football mais je ne suis pas persuadé qu’il faille voir un rapport quelconque entre ces deux informations. Cela fait donc le septième long-métrage qu’elle met en scène, sans que j’en aie vu aucun, que ce soit L’adversaire (sur le destin de Jean-Claude Romand) ou son dernier, Un balcon sur la mer, avec Jean Dujardin. Il avait été, autant que je m’en souvienne, pas mal éreinté par la critique, ce qui est un peu le contraire de son nouveau film, qui a reçu un accueil globalement positif. Entre ses différentes réalisations, celle qui s’est d’abord fait connaître en tant qu’actrice est aussi revenue à ses premières amours et on pouvait notamment la voir dans 38 témoins de Lucas Belvaux. Pour ce nouveau long-métrage, elle a écrit le scénario avec Jacques Fieschi, son coscénariste de toujours (qui était d’ailleurs aussi de la partie pour le Yves Saint Laurent de ce début d’année) et a choisi comme acteurs principaux ce que l’on peut considérer comme deux « paris ». D’un côté, on trouve Louise Bourgoin qui, après un début de carrière comme comédienne marquée notamment par quelques comédies romantiques assez insignifiantes, a choisi d’évoluer pour asseoir sa crédibilité dans le métier. On a ainsi pu dernièrement la voir en mère supérieure sadique dans La religieuse puis en mère (tout court) face à un amour compliqué dans Tirez la langue, mademoiselle, deux rôles très loin de l’image qu’elle s’était forgée en tant que Miss Météo estampillée Canal+. Et du côté du garçon, c’est Pierre Rochefort, fils de Jean et de Nicole Garcia elle-même qui se voit offrir son premier vrai grand rôle au cinéma, après quelques apparitions ci et là. Le tout pour un résultat finalement assez mitigé.

Etant un peu au courant de ce dont parlait le film, j’ai été très surpris par la séquence d’ouverture (l’évacuation par les forces de l’ordre d’une sorte de squat). Et, d’ailleurs, je n’ai toujours pas compris le pourquoi du comment de ce plan qui n’a aucune suite ni même aucune résonnance dans le reste du film. Alors, est-ce un simple geste politique ou alors quelque chose que je n’ai vraiment pas compris (ce qui n’est pas impossible, me direz-vous)? En fait, le long métrage démarre réellement lorsque l’on voit Baptiste avec ses élèves, juste avant un long week-end qui s’annonce. Finalement, il se retrouve avec un enfant sur les bras après plusieurs péripéties, qui, foi de l’expérience professionnelle de ma voisine de siège (et plus que ça, d’ailleurs), sont totalement impossibles dans la vraie vie, nous mettrons donc cela sur le compte de cette fameuse « magie du cinéma »… Il se rend donc avec lui à la recherche de sa mère, serveuse sur une plage de la Méditerranée. Comme on peut s’en douter, cette rencontre ne sera pas anodine. On verra alors comment, pendant trois jours, ces deux êtres cabossés par la vie, chacun à leur manière, vont se découvrir mutuellement, tout cela sous les yeux d’un enfant qui en est un peu le témoin involontaire. En ce sens, c’est donc une vraie histoire d’amour mais le souci, c’est que toute la première partie où ils s’« apprivoisent » n’est pas très réussie. C’est une succession de scènes attendues, qu’on a déjà l’impression d’avoir vu de nombreuses fois et les enjeux dramatiques sont quasi-nuls (oui, Sandra est « poursuivie » par des hommes qui veulent récupérer de l’argent mais ça ne va pas bien loin). En fait, le film décolle véritablement quand les trois personnages changent d’endroit et se rendent dans la famille de Baptiste. Et ce voyage est autant géographique que social.

En effet, des plages de la Méditerranée aux montagnes du sud-ouest, ce sont deux mondes qui s’opposent et que le film se propose de « réunir ». Pour dire les choses rapidement, il y a les prolétaires d’un côté et la bourgeoisie de l’autre. Le souci, c’est que la différence est trop marquée, d’abord parce que toute la partie initiale du film est consacrée aux premiers et la finale aux seconds mais aussi parce que tout est mis en parallèle (les loisirs, l’habitation, la façon de s’habiller,…). Forcément, il y a de grandes différences, on le sait, mais ce n’est pas forcément utile d’insister là-dessus de cette manière. Mais en même temps, c’est réellement à l’arrivée dans cette immense demeure que le film va prendre un peu de hauteur et sortir d’un rythme qui devenait dangereusement lassant. Cela car le film se transforme en drame familial. On assiste en fait à un retournement puisque ce n’est plus Sandra qui est au cœur des enjeux mais bien Baptiste. Car le jeune homme se retrouve face à son destin qu’il va devoir de nouveau affronter, notamment dans une scène de repas où les choses sont dites (et ainsi des éléments, évoqués précédemment, enfin expliqués). Cette séquence fait penser à celle de Festen, bien qu’elle soit moins violente. Ainsi, dans cette confrontation familiale, l’ensemble prend un peu d’épaisseur et devient plus intéressant, en posant de vraies questions, parfois de façon un peu trop caricaturale, sans qu’on atteigne non plus des sommets de cinéma, même si la fin est plutôt poignante. Cela tient aussi sans doute à la performance de Dominique Sanda, actrice qui n’avait plus tourné depuis presque quinze ans et qui livre une partition absolument géniale de matriarche qui passe par différents sentiments par rapport à son fils. Elle donne vraiment une autre dimension à toutes les scènes où elle apparaît. On ne peut pas vraiment dire la même chose de Pierre Rochefort que j’ai personnellement trouvé très moyen et, surtout, relativement transparent. Louise Bourgoin, elle, confirme qu’elle est plus qu’une ancienne Miss Météo mais bien une actrice de qualité. Ce film en est une preuve supplémentaire, pas forcément la plus éclatante car je trouve qu’elle en fait parfois un tout petit peu trop dans un long métrage qui, sans totalement déplaire, peine à vraiment trouver le ton juste pour séduire davantage et souffre de sa première moitié, vraiment limite.



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