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TimFaitSonCinema
Tom, un Australien qui revient de la Grande Guerre et qui veut se reconstruire, décide d’accepter le poste de gardien de phare sur une île perdue. Sur la terre ferme, il fait la rencontre d’Isabel, qui va devenir sa femme et l’accompagner sur ce caillou isolé. Mais alors qu’elle ne parvient pas à avoir d’enfant, un canot s’échoue avec un homme mort et un bébé qui, lui, est bien vivant…
Verdict:

Vrai mélo, avec tout ce que ça implique en termes d’événements dramatiques et d’émotions en tout genre, Une vie entre deux océans a le mérite de remplir avec application son programme initial : l’image est travaillée, la musique poignante et les acteurs par moments bouleversants. Mais le souci, c’est que tout est presque trop calibré et un peu trop long pour vraiment émouvoir le spectateur. Comme si le réalisateur ne savait pas vraiment quoi faire de son matériau de départ.

Coup de coeur:

La qualité de l'image

La date de sortie du film:

06.10.2016

Ce film est réalisé par

Derek CIANFRANCE

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

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 La Critique


Depuis son deuxième long-métrage, qui l’a vraiment fait connaître, Derek Cianfrance s’est imposé comme l’un des « jeunes » réalisateurs américains à suivre dans les prochaines années. En effet, Blue Valentine (toujours pas vu…) est considéré comme l’une des romances les plus fortes de ces dernières années. Il a ensuite enchaîné sur The Place Beyond the Pines, film assez compliqué à décrire tant il oscille toujours entre drame familial et thriller. Personnellement, j’avais trouvé l’ensemble un peu trop touffu mais quand même puissant. En tout cas, on pouvait y sentir que ce réalisateur avait vraiment quelque chose. Comme souvent dans ce genre de cas, Cianfrance a connu une « promotion » en passant du cinéma indépendant à un film de studio, ce qui n’est pas tout à fait la même chose et qui marque souvent une rupture (plus ou moins importante) dans la carrière des réalisateurs. En effet, c’est Dreamworks, et plus particulièrement David Heyman (surtout connu pour être l’un des producteurs de la saga Harry Potter), qui détenaient les droits de ce roman, premier d’une écrivaine australienne et gros succès de librairie dans les pays anglo-saxons. Cianfrance l’a beaucoup apprécié et a tout fait pour convaincre le studio de lui confier la réalisation. C’est d’ailleurs lui qui a écrit le scénario, forcément un peu différent pour que l’histoire soit adaptée au grand écran. Quand on voit les longs métrages précédents du metteur en scène, on peut comprendre ce qui l’a attiré dans cette histoire avec des thèmes que l’on retrouve de façon récurrente chez lui, autour du couple, de la famille ou encore du secret. Mais, en même temps, si on peut voir des similitudes avec ses anciennes œuvres, Une vie entre deux océans marque aussi une véritable étape dans la carrière de Cianfrance et ceci à plusieurs niveaux. Mais est-ce pour autant une évolution positive ?

 

Ce qui est peut-être le plus marquant quand on découvre ce long métrage, c’est la manière dont Derek Cianfrance s’est clairement mis au service de son scénario et de ce que celui-ci implique : un lieu bien particulier (la plupart du film se déroule sur une île perdue au milieu de l’océan), une époque spécifique (l’immédiat après Première Guerre Mondiale) et, surtout, une histoire véritablement dramatique. Alors que, dans son film précédent, on pouvait sentir que le cinéaste prenait le pas (parfois même un peu trop) sur le scénariste, là, il s’efface presque, de fait que l’on a le sentiment à certains moments qu’il s’est un peu laissé dépasser par le projet dans sa globalité. Est-ce parce qu’il était moins libre dans ses choix, du fait d’une production plus « cadrée » ou est-ce une réelle volonté de sa part ? Dans tous les cas, j’ai honnêtement eu du mal à reconnaître le réalisateur de The Place Beyond the Pines. Et ça m’a surpris, et même un peu déçu. En effet, Une vie entre deux océans est un long métrage extrêmement classique dans sa facture globale, avec très peu d’inventivité dans la mise en scène, de sorte qu’on pourrait croire que ce long métrage est sorti il y a une trentaine d’années. Le bon côté des choses, car il faut toujours commencer par là, c’est que Cianfrance sait évidemment faire du cinéma et, ainsi, la forme est de qualité, avec une photographie léchée (c’est le chef opérateur de True Detective, notamment, qui est aux manettes), de très belles images de nature, notamment de l’océan, et une direction d’acteurs réussie, entre un Michael Fassbender tout en intériorité, une Alicia Vikander comme souvent très juste et une Rachel Weisz plutôt convaincante. Ainsi, on peut vraiment dire qu’Une vie entre deux océans est un long-métrage élégant mais il a néanmoins peiné à m’attirer plus qu’une sympathie que je qualifierais de polie.

 

En fait, on comprend assez rapidement que ce film est un vrai mélodrame et Cianfrance a le mérite d’assumer complètement cet état de fait, n’hésitant d’ailleurs pas à en rajouter une petite couche de ce côté-là. Le destin de ce couple a en effet un côté presque inexorable et, de fait, le scénario ne réserve absolument aucune surprise (puisqu’on voit venir les « rebondissements » de très loin). Ce qui est important ici, c’est à la fois le déchirement que va connaître ce couple et la façon dont il va le vivre mais également toute la dimension symbolique et presque métaphysique que prend leur existence. Ainsi, le fait que l’île où ils habitent se nomment Janus (du nom du Dieu aux deux faces bien distinctes) ne peut être un hasard et Cianfrance se sert beaucoup de la nature environnante et de son côté inexorable (les vagues continuent à déferler quoi qu’il se passe) comme d’une métaphore de la propre existence des personnages principaux : leur destin est implacable et il est impossible à contrer du moment qu’ils ont fait un choix irréversible, à partir duquel tout s’enchaîne. Il y a clairement, à la fois dans le scénario et dans le traitement qui en est fait, une volonté d’émouvoir. Ainsi, la partition composée par Alexandre Desplat, élégante et émouvante, s’inscrit tout à fait dans cette logique. Mais, le réalisateur rate finalement un peu sa cible, ne parvenant jamais à vraiment toucher le spectateur, sauf dans la toute fin, plutôt réussie. Je pense qu’en étant recentré et resserré, surtout dans une première partie un peu longuette, le film aurait gagné en cohérence et en émotion. Malgré tout, cela reste un joli film, loin d’être désagréable mais, quand on connaît le talent du bonhomme derrière la caméra, on pouvait s’attendre à bien mieux. C’est comme si Cianfrance était bridé et pas forcément à sa place avec ce long-métrage.




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