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TimFaitSonCinema
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ZULU

Dans l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, deux flics (l’un noir et l’autre blanc) enquêtent ensemble sur le meurtre sauvage d’une jeune femme. Mais ce qu’ils vont peu à peu découvrir dépasse ce qu’ils avaient pu imaginer…
Verdict:
Thriller sombre, rythmé et parfois très prenant, Zulu souffre néanmoins d’un côté un peu caricatural et d’une fin plus que limite. Et puis, il y a Forest Whitaker, toujours épatant quoi qu’il joue.
Coup de coeur:

Forest Whitaker

La date de sortie du film:

04.12.2013

Ce film est réalisé par

Jérôme SALLE

Ce film est tagué dans:

Thriller

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 La Critique


Le hasard du calendrier fait parfois curieusement les choses… En effet, je suis allé voir Zulu, film traitant de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui et où la question de l’apartheid est très présente, le jour même de la cérémonie en hommage à Nelson Mandela. Ce n’est pas fait exprès mais, d’une certaine manière, ça a du sens. On a parlé pendant une semaine du formidable héritage laissé par Mandela, ce qui est tout à fait normal, mais il ne faut pas non plus oublier que l’Afrique du Sud est aussi un pays gangréné par la violence et où certaines villes font partir des plus dangereuses de la planète, notamment pour les femmes. C’est plutôt sur ce constat-là que se base le long métrage, tiré d’un roman paraît-il excellent et écrit par un auteur français. Et même si, à sa manière, Zulu ne fait pas les choses à moitié par rapport à toute cette problématique complexe à traiter dans sa globalité, il a le mérite de s’interroger dessus et de donner à voir une certaine réalité, ce qui est déjà un premier pas nécessaire. Malgré son tournage en Afrique du Sud, en langues locales (anglais, zoulou et afrikaans) ainsi que son casting anglo-saxon, Zulu est un film principalement français, en tout cas dans les financements. Il est réalisé par un habitué de ces productions internationales, Jérôme Salle, qui s’était notamment occupé des deux premiers volets de Largo Winch, là-aussi des productions hexagonales mais fortement mondialisées dans le casting. Salle a ici adapté le roman en compagnie de Julien Rappeneau (scénariste qui a déjà touché à la comédie autant qu’aux films d’action) afin d’en tirer un long métrage le plus efficace possible. Il livre finalement un polar qui, s’il se laisse largement regarder, souffre de trop de défauts pour être un vrai thriller de qualité.

Ce qui est vraiment gênant, ce sont ces cinq dernières minutes qui, vraiment, n’auraient jamais dû exister. D’abord, elles trainent beaucoup trop en longueur et là, où le film est justement marqué par son efficacité, j’ai vraiment du mal à comprendre cette manière de prendre autant de temps. Mais, surtout, elles sont dans le fond vraiment dérangeantes. Sans trop en dire, c’est une vraie justification de l’autojustice et d’une forme de barbarie qui est dénoncée pendant tout le film. Et c’est même presque pire car ça concerne un personnage que l’on croyait à l’abri de tels agissements. Alors que le discours véhiculé jusque-là était assez mesuré, malgré des pointes de violence, cette fin remet tout en cause. Ça m’a beaucoup dérangé et je trouve vraiment dommageable que ce long métrage se termine (presque) de cette manière. Mais c’est aussi à l’image d’un film qui, en voulant traiter des questions très compliquées de manière rapide et à travers le prisme d’un polar, perd aussi en niveau d’analyse. Clairement, l’ensemble manque de nuances et les personnages comme les situations sont plutôt brossés à (très) grand trait et deviennent presque caricaturaux. On trouve déjà le flic noir qui a connu dans sa chair la période de l’apartheid (la première séquence nous le fait comprendre), interprété par une Forest Whitaker toujours aussi classe et juste dans ses rôles ; le flic blanc qui, à cause de ses problèmes de couple, est complètement dépravé (Orlando Bloom qui, pour le coup, en fait un peu trop) ; les méchants qui, à leur manière, profitent encore de l’ancien système ; ceux qui se battent encore contre les inégalités… Ainsi, ce ne sont que des stéréotypes qui évoluent les uns avec les autres, sans offrir véritablement d’alternative à des comportements que l’on attend et offrant des conversations qui sont plus un échange de grands principes lâchés comme des slogans qu’une vraie conversation de fond.

S’il rate quand même pas mal les enjeux principaux qu’il soulève, Zulu n’en reste pas moins un polar que l’on peut qualifier d’efficace. La preuve ? On ne s’ennuie jamais pendant les presque deux heures que dure ce long métrage. Cela tient à une intrigue principale pas forcément très compliquée (et même un peu bateau par moments) mais qui est traversée d’autres problématiques, plus personnelles à chacun des personnages principaux. Toutes trouvent néanmoins un sens à un moment précis du film, même si c’est parfois un peu abracadabrantesque. En fait, les deux flics que l’on suit ne sont pas si souvent que cela ensemble et ce sont leurs histoires respectives qui font aussi avancer l’enquête. La manière de voir leurs actions parfois en parallèle (notamment lors de scènes un peu plus nerveuses) est un peu artificielle mais elle permet de conserver un vrai rythme, qui est l’une des caractéristiques de ce film. Dans sa mise en scène, Jérôme Salle fait le travail, en rendant plutôt bien cette ambiance assez sombre qui traverse toute cette histoire finalement assez terrible. Ce n’est pas non plus du grand cinéma noir. Ça manque pour cela de pas mal de choses. A la fois, comme nous l’avons déjà dit, de l’inscription dans un vrai contexte bien traité qui pourrait donner un souffle à l’ensemble, mais aussi d’un scénario vraiment prenant ou renversant, de grandes scènes d’action (ici, c’est bien, mais pas génial) ou encore d’une musique de qualité (Alexandre Desplat est en roue libre pour ce film). En l’absence de tout cela, c’est sûr que ça devient très compliqué d’aller vers un vrai grand long métrage. Mais Zulu a quand même des qualités qui ne sont pas négligeables et qui en font un film moyen. Du type qui ne marquera pas l’histoire du cinéma mais qui est loin d’être horrible…



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