Toggle navigation
TimFaitSonCinema
10 / 20  (1)

L’ODYSSÉE

En 1948, le Lieutenant Cousteau se lance dans un grand projet. Depuis qu’il a inventé un scaphandre autonome, il ne rêve plus que d’explorer les fonds marins. Au fil des années, son idée va prendre de plus en plus d’importance, au risque de la couper de sa propre famille mais aussi du but véritable de ce qu’il considère comme une véritable conquête.
Verdict:

Un peu sauvé par ses belles images sous-marines, L’Odyssée est surtout plombé par un scénario indigent, où tout est plus que surligné, et de trop grandes facilités de mise en scène. Les vraies questions que soulèvent la relation entre le Commandant Cousteau et son fils sont, elles, complètement éludées. Alors, d’accord, c’est beau, mais qu’est-ce que c’est vain…

Coup de coeur:

Les images sous-marines

La date de sortie du film:

12.10.2016

Ce film est réalisé par

Jérôme SALLE

Ce film est tagué dans:

Biopic

Chargement...


 La Critique


Un personnage tel que le Commandant Cousteau « méritait » forcément un biopic de la part du cinéma français. Si, Wes Anderson, dans La vie aquatique, s’était largement inspiré du mythe pour son Steve Zissou (incarné par Bill Murray), il était presque étrange que personne ne se soit véritablement intéressé à celui qui est un véritable personnage du Vingtième Siècle en France. En effet, il détient toujours le record du nombre de fois lauréat du « fameux » sondage sur la personnalité préférée des français créé en 1988 (devant l’Abbé Pierre), même si, depuis quelques années, on peut avoir l’impression qu’il est tombé quelque peu dans l’oubli, près de vingt ans après sa mort. Mais, celui qui était surtout connu pour avoir permis au monde entier de découvrir les fonds marins (ainsi que pour son fameux bonnet rouge), a longtemps gardé une grande part d’ombre sur sa vie personnelle et sur ses véritables convictions. C’est donc Jérôme Salle qui s’est attelé à cette tache, en se basant principalement sur l’ouvrage écrit par deux des plus fidèles collaborateurs du fameux Commandant. Ce réalisateur s’est surtout fait connaître pour ses films d’action et notamment son premier, Anthony Zimmer, qui a connu un remake raté aux Etats-Unis (The Tourist). Ensuite, il a été à la tête des deux volets de Largo Winch, avant d’adapter Caryl Férey dans un thriller poisseux (Zulu). On ne l’attendait donc pas forcément à la tête de ce film, au budget important dans le paysage cinématographique français actuel (plus de vingt millions d’euros) et au casting regroupant quelques vraies têtes d’affiche plutôt bankable (Lambert Wilson, Audrey Tautou et Pierre Niney). D’ailleurs, au début du projet, le film devait être en langue anglaise et le commandant être interprété par Adrian Brody, ce qui aurait sans doute donné une autre coloration au long métrage. Aurait-il été davantage réussi pour autant ? La question reste ouverte même si j’ai ma petite idée…

 

Pourtant, je partais avec un a priori plutôt positif sur ce film, sans trop savoir pourquoi, d’ailleurs. Peut-être des souvenirs d’enfance à regarder les cassettes vidéo de Cousteau qui remontaient à la surface, ou encore le fait qu’Alexandre Desplat soit aux commandes de la musique… Assez vite, mon enthousiasme a été douché et la question qui m’est rapidement venue à l’esprit et qui ne m’a plus quitté jusqu’au bout fut la suivante : pourquoi faire ce film ? Qu’est-ce qu’il y a véritablement derrière ? Et je crois malheureusement que la réponse est d’une douloureuse banalité et se résume en un seul mot : rien… J’ai lu ci et là que si Jérôme Salle s’était emparé du sujet, c’est en grande partie parce qu’il aimait le personnage et qu’il trouvait qu’il n’était pas forcément reconnu à sa juste valeur. C’est une raison qui s’entend mais on a l’impression qu’à part ça, c’est le vide complet. Et cette « affection » pour le personnage est presque un problème en soi puisqu’il me semble qu’il est plutôt préférable d’avoir une certaine distance émotive par rapport au sujet de son film, sous peine de ne pas bien saisir tous les enjeux présents. Pour faire un biopic de qualité (ce qui n’est finalement pas si courant, alors que le genre se développe toujours plus), il ne suffit pas de dévoiler toutes les facettes du personnage, mais il est nécessaire de trouver un véritable axe, autour duquel le scénario va pouvoir s’enrouler.  Et c’est exactement ce que L’Odyssée ne fait absolument pas. Sans aucun parti-pris, le scénario déroule plus de trente ans de la vie de Cousteau, en montrant ses différentes facettes (père absent, mari volage, explorateur mégalo,…) sans jamais véritablement les mettre en perspective. C’est comme si les scénaristes étaient presque gênés de se retrouver avec un personnage si riche et qu’ils ne savaient pas du tout quoi en faire.

 

Pour être tout à fait honnête, on pourrait dire que le scénario se sert du personnage de Philippe, l’un de ses fils, pour raconter l’homme derrière l’explorateur. Mais cette relation père-fils n’est pas du tout exploitée comme elle devrait l’être avec des thématiques essentielles reléguées au second plan (notamment le lien entre le fait d’être le fils préféré mais aussi celui qui « fait peur » car pouvant prendre davantage de lumière). En dix minutes à la fin du long métrage, on comprend l’influence qu’a pu avoir Philippe sur son père, en termes de conscience écologique et le Commandant se rachète alors une certaine virginité à peu de frais. Si le scénario m’a vraiment déçu par sa pauvreté, j’ai quand même le sentiment que c’est la mise en scène qui a fini par plomber le long métrage et réellement m’agacer. Il n’y a absolument aucune idée forte et tous les poncifs de réalisation sont de sortie (je crois que le travelling dans la boite de nuit m’a achevé, sachant qu’on était au tiers du film…). Tout est hyper illustratif, et, surtout, surligné, au point que ça en devient par moments complètement grotesque. Pour être bien sûr que le spectateur comprenne le propos (pourtant pas bien complexe…), on montre et on dit en même temps… La partition d’Alexandre Desplat, elle, est plutôt jolie mais un peu trop utilisée à mon goût (ou c’est peut-être que je l’ai davantage remarquée car les images m’énervaient…). Enfin, les acteurs font le boulot, sans trop en rajouter et sans non plus nous émerveiller. Lambert Wilson aura sa nomination aux César, quoi… Heureusement que les plans sous-marins, bien filmés, notamment grâce à un joli travail sur la lumière, relèvent quelque peu l’ensemble. Mais, franchement, si j’avais voulu voir de belles images de baleines et de requins, je serais allé voir un documentaire animalier. Il y avait autour du personnage Cousteau tellement d’autres enjeux qui ne sont pas vraiment traités ici…



Avatar Gravatar

Fiz 10.11.2016, 13:25

Eh bien, pour une fois, tu es plus sévère que moi dans ta critique!
Impressions mitigées pour moi... Certes le film débute par une première partie pas vraiment passionnante, sans relief, avec des longueurs, limite ennuyeuse. Heureusement, la suite du film est meilleure avec l'engagement écologique du commandant Cousteau, l'émotion suscitée par ses relations avec son fils, les superbes images de l'Antarctique... de quoi redonner du tonus et de l'intensité au film!
Par ailleurs, le cinéaste a eu la bonne idée de brosser un portrait nuancé du commandant Cousteau en montrant différentes facettes de sa personnalité: ses défauts (très égocentrique et négligeant parfois sa famille) et ses qualités (une énergie débordante pour mener à bien ses projets,...).


 Rédiger Un Commentaire