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BILAN DES JO 2018 - BILAN GLOBAL

 L'Article


Bilan général

Après plus de deux semaines de compétitions, de nuits parfois un peu plus courtes que les autres, de polémiques que certains ont le don de fabriquer, d’exploits en tout genre, de blagues plus ou moins drôles des commentateurs, de records, les Jeux Olympiques de PyeongChang ont pris fin aujourd’hui. C’est toujours pour moi un moment triste de voir ce qui est une sorte de parenthèse se refermer, autant parce qu’on a passé deux semaines dans une ambiance différente, que parce qu’on se dit qu’il faudra attendre un peu plus de deux ans pour retrouver cette fièvre olympique (même si, d’ici-là, plein d’autres événements sportifs m’auront bien occupé, je ne m’inquiète pas !). Les Jeux Olympiques d’Hiver ont ceci de paradoxal pour moi qu’il y a sans doute les sports parmi lesquels je suis le plus capable de me motiver (le biathlon et le ski alpin notamment) mais, globalement, un manque de densité qui fait que l’effet complètement « hypnotisant » des Jeux Olympiques d’été peine à faire effet.

Pour le bilan de cette vingt-troisième édition des Jeux Olympiques d’hiver, je vais d’abord proposer un article général qui revient, sous forme de questions / réponses sur les principaux éléments de cette quinzaine et surtout sur ce que j’ai regardé (je vais franchement avoir du mal à vous débriefer le tournoi de curling ou les performances néerlandaises au patinage de vitesse). Puis, deux autres articles seront écrits avec ou par des invités exceptionnels, des amis connaisseurs de certains sports qui vous feront partager leurs impressions sur ces Jeux Olympiques : Axel pour le biathlon et Raphaël pour le patinage artistique.

Bonne lecture !

Que retenir du ski alpin ?

(parce que c'est quand même le sport roi...)

D’abord que l’on a mis du temps avant de voir une course puisque, pendant cinq jours, une seule épreuve a pu avoir lieu. Et aussi que les pistes de vitesse n’étaient guère sélectives, mais ça on le savait avant. Une fois que l’on a dit cela, que peut-on rajouter ?

  • D’abord que presque deux tiers des médailles ont été remportées par ce que l’on peut considérer être les trois plus grandes nations du ski alpin dans l’histoire : l’Autriche, la Suisse et la Norvège. D'ailleurs, ce n'est sans doute pas un hasard si on retrouve ces trois nations sur le podium du Team Event, nouveauté de cette édition. La Suède, elle, a remporté deux médailles, les deux en or et les deux en slalom (Handsdotter chez les femmes, Myhrer chez les hommes). Chez les hommes, sur quinze médailles distribuées, seulement cinq pays ont participé au festin (la France se joignant aux quatre précédemment évoquées). Les patrons étaient au rendez-vous
  • Que Marcel Hirscher a (enfin) réussi à décrocher un titre olympique (et même deux, quant à faire) mais a buté devant la marche qui semblait la plus « simple » pour lui à savoir le slalom. Cette nouvelle consécration le fait un peu plus rentrer dans la légende su ski alpin (est-il le plus grand de tous les temps ? le débat est ouvert).
  • Que Mikaela Shiffrin n’a pas complètement réussi son formidable pari (elle misait rien de moins que cinq médailles individuelles), pas aidée par un programme qui s’est densifié et une maladie qui s’est déclarée. Elle repart avec deux médailles dont un titre, ce qui n’est quand même pas mal. Lindsey Vonn, elle, n’a pas pu faire mieux que le bronze pour ses adieux olympiques.
  • Que les Français n’ont pas vraiment fait d’étincelles avec des podiums relativement attendus (en géant et en combiné) et une tripotée de places d’honneur (5,6,7 en géant hommes et 4,5,6 en slalom hommes). Etant donné le niveau actuel du ski français, repartir avec trois médailles est somme toute assez logique.

Un podium qui résume tout...

Un podium qui résume à peu près tout...

Quelle est la star de ces Jeux Olympiques ?

Evidemment on pourrait regarder les médailles et parler de Martin Foucade et Johannes Klaebo, les deux seuls athlètes à avoir remporté trois titres, ou encore de Marit Bjoergen, qui, avec quatre nouvelles médailles, a porté sa collection à quinze breloques en cinq éditions. Mais, pour moi, LA vraie star de ces Jeux Olympiques n’est « que » double championne olympique mais elle a réussi quelque chose qui semble complètement insensé aujourd’hui quand on connaît le degré de préparation et de professionnalisation, à savoir remporter deux épreuves de deux disciplines différentes, rien que ça. C’est la tchèque Ester Ledecka qui a réalisé cet exploit qui la fait entrer immédiatement, selon moi, au panthéon des légendes olympiques. C’est une histoire dingue que celle de cette athlète qui a toujours voulu continuer à poursuivre en parallèle d’une carrière prolifique en snowboard, celle qu’elle avait entamé également sur les skis (en se faisant prêter du matériel déjà utilisé…). A la surprise générale (et surtout à la sienne, quand on voit les images) et avec un centième d’avance, elle s’est imposée sur le Super-G, réalisant l’une des plus belles surprises de l’histoire des Jeux Olympiques. Et ce qui m’impressionne presque encore plus, c’est qu’elle a réussi à rester dans sa bulle pendant plus d’une semaine pour l’emporter dans la discipline où, pour le coup, elle était favorite. Bref, cette performance m’a réellement épaté !

Ledecka et ses lunettes

Ester Ledecka et son masque qu'elle n'a jamais voulu quitter en conférence de presse...

Les Français ont-ils réussi leurs Jeux Olympiques ?

Si l’on s’en tient aux objectifs de départ des chefs de délégation (qui évoquaient une vingtaine de médailles), le total atteint, à savoir quinze breloques dont cinq titres, pourrait être décevant. Pourtant, si l’on y regarde de plus près, il n’y a finalement pas grand-chose à reprocher aux athlètes tricolores. Evidemment, quelques performances ont été en dessous des attentes (Tessa Worley en slalom géant ou Tess Ledeux en ski slopestyle) mais, dans l’ensemble ceux que l’on attendait ont plutôt tenu la baraque et certaines performances sont même assez exceptionnelles. Je pense ici au ski de fond qui ramène une médaille de bronze de chacun des deux relais masculin, ce qui est vraiment une réussite majeure. Bref, on fait un résultat conforme au niveau qui est celui de la France dans le concert des sports d’hiver, avec, toujours, des failles terribles avec des disciplines où il n’y a eu aucun résultat – voire aucun représentant (bobsleigh et luge, patinage de vitesse, saut à ski, combiné nordique,…). Ca serait bien que, peu à peu, on puisse construire des équipes au moins honnêtes dans ces disciplines…

Mais, pour moi, en dehors du biathlon (on y reviendra plus tard), la plus belle réussite française de ces Jeux Olympiques provient de Pierre Vaultier qui conserve son titre olympique dans une discipline (le snowboard cross) tellement aléatoire. Il s’en est tiré à très bon compte en demi-finale (frôlant l’élimination) mais il a réussi à s’en sortir et à faire une finale excessivement propre. C’est franchement impressionnant…

Pierre Vaultier

Pierre Vaultier, auteur d'un sacré exploit...

Est-il possible d’arrêter de parler de records de médailles à toutes les sauces ?

Vous l’avez sans doute entendu tout au long de la quinzaine : Martin Fourcade est devenu l’athlète français le plus titré aux Jeux, la Norvège a battu le record du nombre de médailles, la France a égalé celui établi quatre ans plus tôt à Sotchi… Oui, c’est très bien et ça vend pas mal de rêve mais, dans les faits, ça n’a absolument aucun sens. A la fois quand on parle des records personnels ou par nation.

Que Fourcade soit le premier français à obtenir cinq médailles d’or aux Jeux Olympiques, c’est un fait incontestable sur lequel j’aurais du mal à discuter. Mais, pour autant, doit-on parler de record ou encore le comparer à Killy puisqu’il a gagné trois titre dans la même édition ? Pour moi, cela n’a strictement aucun sens puisque, depuis qu’il a débuté aux JO en 2010, Martin Fourcade a couru 17 courses (5, 6 et 6). Killy, lui, a remporté les trois seules courses qu’il a disputées en 1968. Est-ce comparable ? Non, évidemment. Quand certains sportifs ont six ou sept chances suivant leurs disciplines, et peuvent donc se rattraper, d’autres jouent quatre ans de travail sur une seule épreuve, sans filet.

Pour ce qui est des nations, un petit comparatif avec les Jeux Olympiques de 1968 est également intéressant. Il y a cinquante ans tout juste, 35 titres ont été décernés contre presque trois fois plus en 2018 (103). Evidemment, le nombre de nations représentées a également augmenté et on peut dire que, globalement, de nombreuses disciplines se sont internationalisées (on retrouve même souvent des Australiens ou autre Chinois aux avant-postes d’épreuves de ski acrobatique par exemple). Forcément, quand on augmente le nombre d’épreuves, les chances d’avoir un « record » sont bien plus importantes. On va juste faire un petit calcul pour voir la proportion de médailles françaises et norvégiennes entre 1968 et 2018 pour voir que la réussite fut sans doute bien plus importante il y a cinquante ans pour les deux nations.

Médailles Total Pourcentage Titres Total Pourcentage

France en 1968

9

106

8,5%

4

35

13,2%

Norvège en 1968

14

106

13,2%

6

35

17,1%

France en 2018

15

307

4,9%

5

103

4,9%

Norvège en 2018

39

307

12,7%

14

103

13,6%

France Télévision a-t-il été à la hauteur ?

Cette année (et comme rarement d’ailleurs), France Télévision était le seul diffuseur des Jeux Olympiques en France (pas d’Eurosport notamment) et il fallait donc s’y faire. Je sais que c’est un jeu sur les réseaux sociaux de taper sur France Télévisions et je ne veux pas forcément rentrer dans ce jeu-là mais il y a quand même quelques réflexions à faire sur la manière dont le service public nous a fait vivre ces Jeux Olympiques. La première, c’est que l’on peut apprécier que, sur leur site internet, ils permettent de regarder toutes les épreuves, avec le son d’ambiance, en direct. Honnêtement, ce service est plutôt de qualité. Et, ils ont fait du direct et du différé presque 24 heures sur 24 pendant deux semaines, ce qui est franchement bien. Du côté de la diffusion pure, il n’y a pas grand-chose à redire.

Par contre, c’est toujours le même problème dans les commentaires qui sont à noter. En préambule, je préfère dire que ce n’est pas toujours facile de faire des commentaires le plus grand public possible mais ce n’est pas forcément le niveau des explications techniques ou générales qui m’a embêté (encore que, pour certains…). C’est plutôt le ton général, teinté d’un chauvinisme forcené et d’une démagogie de presque tous les instants, qui m’a le plus agacé. Evidemment, il faut faire monter la sauce et faire toujours croire à des succès possibles pour les français mais ce n’est pas une raison pour dénigrer les adversaires comme c’est trop souvent le cas. Et puis, je crois que ce qui me rend le plus fou, c’est cette propension de certains journalistes (Patrick Montel étant le maitre en la manière mais Alex Boyon, que j’aime plutôt d’habitude, s’y met aussi) pour faire de la démagogie, voulant comparer les sportifs olympiques aux footballeurs (sans jamais les citer). Evidemment que ça n’a rien à voir mais donnons les mêmes salaires à ces skieurs et sollicitons les de la même manière et nous verrons s’ils sont toujours aussi « disponibles, sympas,… ». Et puis, il y a cette formidable hypocrisie autour de ce discours sur le fait qu’il faut suivre ces athlètes d’ « exception » tout au long de l’année, tout en sachant que France Télévisions ne diffuse absolument AUCUNE de ces épreuves.

Bref, comme vous le comprendrez, j’ai souvent fini avec le son d’ambiance uniquement pour éviter de davantage m’énerver…

la bascule

La si fameuse bascule entre les deux chaînes va nous manquer...


Peut-on finalement parler de Jeux Olympiques réussis ?

Il y a encore quelques mois, les plus grandes peurs régnaient autour de l’organisation de ces Jeux Olympiques (c’est le lot de tous les grands événements, c’est vrai…), notamment du fait de la menace nord-coréenne et d’un certain désintérêt des sud-coréens pour de nombreuses disciplines. Pour ce qui est du premier souci, les avancées diplomatiques de début 2018 ont permis un contexte bien plus apaisé. Certaines images (un défilé des deux Corée ensemble, une équipe commune en hockey sur glace féminin, la cérémonie d’ouverture) ont fait le tour du monde et ont montré de vrais signes de détente. Ne soyons pas naïfs en croyant que tout est réglé mais, au moins, le principe de trêve olympique a prévalu et c’est déjà ça. Par contre, sur le deuxième problème identifié, je reste un peu plus circonspect. Globalement, je suis d’accord avec l’analyse qui a parlé de Jeux Olympiques de Sports de glace plus que de sports d’hiver. Culturellement, toutes les épreuves autour de la glace ont une grande importance en Corée du Sud (que ce soit le patinage artistique ou, surtout, le short-track) et les ambiances y étaient visiblement vraiment géniales. Pour ce qui est du ski alpin ou du ski de fond, autres disciplines historiques des Jeux Olympiques d’hiver, le constat est plus difficile avec des tribunes le plus souvent bien trop clairsemées.

Le vent a également été un peu le trouble-fête, notamment en première semaine, faisant du programme du ski alpin un vaste embouteillage qui a sans doute empêché des concurrents de vraiment réaliser ce qu’ils étaient venus chercher (je pense ici à Mikaela Shiffrin qui s’est vu « imposer » de courir trois courses en trois jours et qui ne l’a pas supporté physiquement). C’est évidemment le lot de tout sport extérieur mais ces reports successifs ou ces épreuves tronquées (je pense ici au slopestyle féminin en snowboard qui ne ressemblait à rien) lors des premiers jours ont pu quelque peu gâché le plaisir…

Globalement, en termes d’ambiance générale, d’organisation et de qualité des performances, on peut plutôt parler de Jeux Olympiques réussis et ce n’était pas gagné au départ. Alors, merci PyeongChang et on attend de voir maintenant ce que Pékin (oui, Pékin…) va nous offrir dans quatre ans…

Nouveaux logos

Les nouveaux logos auxquels il faudra s'habituer dans quatre ans...



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Axel 28.02.2018, 11:33

Je partage tes points de vue, particulièrement le non-sens de parler de "record" à tout bout de champs.
Je ne peux m'intriguer devant les décomptes de médaille en 68 et 2018. 35 titres/106 podiums et 103/307 ça ne tombe pas pile ! Il y a eu des titres partagés à PyeongChang ?

Un élément important que tu n'as pas mentionné est l'absence de la Russie (en tout de leurs meilleurs représentants), qui a forcément eu un impact sur les records de médailles des Norvégiens et des Allemands.
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Axel 28.02.2018, 11:54

Côté Français, le bilan est quasiment identique à celui de Sochi. On peut s'inquiéter de ne quasiment plus exister en combiné nordique (après la vrai-fausse retraite de Jason Lamy-Chappuis) et en patinage artistique.

Au final il y a peu de disciplines dans lesquelles des français sont compétitifs et le bilan (9eme nation) est donc logique. Et l'on bénéficie d'avoir une superstar (Martin Fourcade) dans une discipline grosse pouvoyeuse de médaille. Sans lui, il sera difficile de faire mieux à Pékin.
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Raph 01.03.2018, 07:24

De tête, je crois qu'il y a eu un titre partagé en bob et une médaille d'argent partagée en bob aussi.


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