L'Article
Que retiendra-t-on de l’année 2013 au cinéma ?
C’est la question rituelle qui commence à agiter l’amateur de Septième Art quand les fêtes de fin d’année approchent à grand pas et que l’on se retourne sur les douze derniers mois. Ce n’est jamais aisé de répondre à cette interrogation, surtout quand on a visionné plus de cent cinquante films et que l’on n’a plus forcément exactement en tête les images et les ambiances de chacun des longs métrages… En même temps, quand on oublie facilement un film, c’est forcément qu’il n’a pas marqué autant qu’on aurait pu l’espérer. Et, au contraire, certains longs métrages, ou des séquences bien spécifiques, restent dans les mémoires pendant longtemps. Cette année, particulièrement, donner une réponse à la question initiale apparaît comme une opération complexe tant 2013 restera à jamais une cuvée où la question de la survie a côtoyé de près des polémiques en tout genre. Une drôle d’année dont l’on peut dire de manière un peu langue de bois qu’elle a été en demi-teinte…
Même si on peut faire dire ce que l’on veut aux chiffres, ceux du box-office ont globalement été mauvais et, si trois films sortis en cette fin d’année (Hunger games 2, La Reine des Neiges ou Le Hobbit 2) relèvent un peu le niveau et attirent en masse les gens dans les salles, 2013 n’en restera pas moins une année que l’on peut qualifier de faible où le leader en nombre d’entrées (Moi, moche et méchant 2) dépasse à peine les 4,5 millions de billets vendus (ce qui n’est pas loin d’être inédit). En même temps, peu de films auront vraiment su réellement m’éblouir et aucun destiné vraiment au grand public n’a été de qualité suffisante pour réunir critique et public. Il y a même eu des ratages assez phénoménaux pour des longs métrages qui se voulaient justement être des comédies populaires et rassembleuses. Des gens qui s’embrassent ou Fonzy sont les deux exemples qui me viennent le plus rapidement en tête. Et j’aurai vu un nombre conséquent de films moyens, médiocres et, parfois, mauvais. Parfois, on se demande même comment des projets peuvent trouver des financements. Mais plus on voit de films, plus les chances d’en visionner des mauvais est grande… Il n’en reste pas moins que 2013 ne restera pas dans les mémoires, malgré quelques pépites dont on reparlera dans ce bilan…
En 2013, il aura beaucoup été question de survie et ceci à différents niveaux. Tout d’abord au cœur même des sujets de beaucoup de films. Hunger Games, l’un des plus gros succès de cette fin d’année, notamment chez les adolescents, se base entièrement sur cette notion même de survie et essaie de lui donner une vision plus politique. Mais, surtout, deux des longs métrages les plus réussis de l’année sont de véritables survival, qui plongent le spectateur dans un univers particulier afin de suivre le parcours d’un homme et d’une femme qui se battent pour ne pas mourir en milieu hostile. Il s’agit évidemment de Gravity et de All is lost qui, chacun à leur façon, et de belle manière, réussissent leur pari en nous entrainant dans les recoins de lieux incroyables (l’espace et la pleine mer) mais aussi dans celles des ressources que possèdent les humains. Mais la survie s’est aussi jouée sur le terrain médiatique quand, en toute fin d’année 2012, le producteur Vincent Maraval a allumé une mèche concernant le trop gros salaire des acteurs français par rapport au budget, ce qui, à terme, pourrait être dangereux et menacerait, donc, sa survie. Toute l’année, les réactions ont été nombreuses et si j’ai du mal à me positionner réellement sur le fond du problème, cela démontre que les polémiques « autour » des longs métrages ont été plus nombreuses cette année que celles sur les films à proprement parler. Cela vient aussi du fait qu’il n’existe pas de vraies bonnes émissions grand public traitant des œuvres qui sortent à la fois de façon précise mais aussi compréhensible par tous…
Si un film devait résumer à lui seul toutes ces problématiques, ce serait sans doute celui qui a le plus fait parler, en bien comme en mal, alors qu’il n’a finalement attiré « qu »’un tout petit million de spectateurs dans les salles. Il s’agit bien évidemment de La vie d’Adèle – Chapitres I et II, objet cinématographique sublime, virtuose par moments, déroutant, révélant une actrice incroyable (Adèle Exarchopoulos) et donnant à une autre sans doute le rôle de sa vie (Léa Seydoux). Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur ce long métrage mais assez peu sur son caractère purement cinématographique. Par contre, les conditions de tournage, le thème de l’homosexualité ou la longueur des scènes de sexe ont été des objets de débats sans fin et de polémiques souvent vaines. N’a-t-on pas oublié dans toutes ces discussions l’essentiel ? A savoir que le film était tout simplement grand et qu’il était d’une force visuelle et émotionnelle incroyable. Et que, pour ce genre d’œuvre, le cinéma (français, en l’occurrence) DOIT survivre.
Un vœu pour 2014, en plus, évidemment, de voir des très bons films : que les médias qui traitent du Septième Art (qu’ils soient « spécialisés » ou non) s’intéressent avant toute chose aux qualités cinématographiques de chacun des longs métrages présentés. Il y a déjà tant de choses à dire là-dessus tant le cinéma est riche des interprétations qu’il suscite et des émotions qu’il procure. Il n’est aucunement besoin de créer, souvent artificiellement, des débats de société qui n’ont pas lieu d’être. Je suis sûr que beaucoup de films de qualité vont sortir l’an prochain et offrir aux spectateurs l’occasion de parler de cinéma, de vrai. Pour ne pas qu’on retienne principalement fin 2014 polémiques ou discussions sans fins… La survie du Septième Art en dépend aussi grandement.
VIVE 2014, ET, SURTOUT, ALLEZ AU CINEMA !!