L'Article
Petit « jeu » qui permet de revivre l’année cinéma de manière un peu différente.
Un film : Amour de Michael Haneke, qui gagne une Palme d’Or méritée à Cannes. Et cela fait deux fois de suite que mon film préféré de l’année remporte la distinction la plus prestigieuse du Festival. Qui a dit que Cannes était un Festival déconnecté du public ? Ou, sinon, c’est moi qui suis déconnecté…
Un film étranger : Bullhead, film belge d’une grande puissance, très dur et marqué par la présence imposante de Matthias Schoenaerts, exceptionnel dans ce rôle. Du cinéma noir comme on l’aime.
Un réalisateur : Michael Haneke qui fait de l’histoire assez terrible d’un couple face à la fin de vie un film magnifique sur l’amour dans tout ce qu’il a de beau et complexe. Tout cela grâce à une véritable maitrise formelle, un sens incroyable du cadre et deux acteurs formidables.
Allez, un autre : Stéphane Brizé dont le film Quelques heures de printemps n’a pas vraiment reçu à mon goût l’accueil qu’il aurait du. C’est d’une très grande intelligence et filmé avec beaucoup de sensibilité. Le genre de film intimiste qui ne paie pas de mine mais qui remue profondément le spectateur.
Un acteur : Matthias Schoenaerts qui, en deux films (Bullhead et De rouille et d’os) s’est révélé à tout le monde dont moi. Son physique lui permet de jouer sur sa présence naturelle. Mais il rajoute à cela une vraie sensibilité. Un grand acteur est né et cela ne m’étonnerait pas qu’on le retrouve très prochainement avec des réalisateurs de renom.
Une actrice : Hélène Vincent, actrice un peu délaissée depuis cinq ou six ans et qui fait un retour plus que remarqué dans Quelques heures de printemps, avec un rôle pas évident de mère qui a une relation complexe avec son fils. Elle l’interprète à la perfection et donne beaucoup de profondeur au film dans son ensemble.
Un artiste sous-estimé : Estelle Larrivaz, jeune réalisatrice qui, pour son premier film (Le paradis des bêtes), décide de s’attaquer à un sujet plutôt ardu (les violences conjugales et leur conséquence sur les enfants). D’un thème fort, elle arrive un long-métrage plutôt maitrisé et costaud, sans que l’on n’en parle trop. On en a beaucoup plus fait pour beaucoup de films ratés cette année…
Un artiste sur-estimé : Leos Carax dont le film Holy Motors m’est un peu passé au-dessus de la tête alors qu’en mai dernier, à Cannes, tout le monde criait au génie et au scandale de le voir absent du palmarès. J’ai comme l’impression que, pour le coup, c’est plus un buzz de critiques qu’autre chose. Mais, ce n’est pas si grave.
Un casting : Vous n’avez encore rien vu parce que c’est une réunion d’acteurs et d’actrices assez incroyables. Tous n’ont pas un grand rôle mais, quand même, c’est assez fou de tous les voir ensemble, tous assis devant cet écran.
Une révélation : Matthias Schoenaerts, bien sûr (je ne vous refais pas l’article) mais aussi Quvenzhané Wallis qui, à sept ans, porte sur ses petites épaules un premier film plus que réussi. Le type de rôle dont on se souvient longtemps et qui lance une carrière.
Un choc : Dias de Gracia, film à la fois agaçant par moments et formidable à d’autres. Par contre, ce qui est sûr, c’est qu’il nous maintient accroché au siège pendant plus de deux heures de plongée dans un Mexique particulièrement violent et cela à travers trois époques différentes.
Un documentaire : Journal de France de Raymond Depardon et Claudine Nougaret qui part un peu dans tous les sens mais qui est vraiment intéressant pour nous montrer toutes les facettes de cet immense personnage et artiste qu’est Depardon.
Un film d’animation : Ernest et Célestine parce que c’est fait à l’ancienne, que c’est mignon tout plein et que le titre me rappelle forcément quelque chose de plus personnel. Mais il n’y a pas non plus de quoi sauter au plafond.
Une suite : Forcément The Dark Knight Rises puisque Nolan clôt par la même occasion en beauté une trilogie assez fabuleuse sur le plus célèbre des super-héros. Néanmoins, la fin laisse tous les possibles ouverts sur une suite. A priori, ce sera sans Nolan ni Bale.
Un début : Le désossage de l’avion de The Dark Knight Rises vaut quand même le déplacement et même plus que ça. C’est le genre de séquences qui nous fait dire que Christopher Nolan est bien un réalisateur unique actuellement sur cette planète, notamment pour les séquences d’action.
Une fin : Celle de La Chasse, à la fois violente, très brève, énigmatique et qui, surtout, remet tout en question ce qui a pu se passer juste avant. On sort de la séance en se demandant vraiment ce qui s’est passé et donc, de ce côté-là, c’est réussi.
Un coup de théâtre : La scène de la voiture dans L’enfant d’en haut. Je ne peux pas en dire plus si des gens ont envie de voir le film mais, en une phrase, tout le film prend une autre perspective et l’ensemble de l’histoire est relue avec un spectre différent.
Une scène clé : La reconstitution dans 38 témoins où l’on se rend compte qu’en fait, tout le monde a entendu ce qui s’est passé mais personne n’a rien fait. Le type de séquence qui nous fait prendre conscience en tant que spectateur de beaucoup de choses, sur le film, mais aussi sur notre condition humaine.
Un dialogue : Tous ceux du film Le prénom, car, tiré d’une pièce de théâtre, ce n’est que là-dessus que repose le long-métrage. En plus, certains sont particulièrement savoureux et tournent plus à la joute verbale qu’autre chose.
Une séquence : Toute celle sur le lac gelé dans De rouille et d’os. Jacques Audiard arrive parfaitement à faire monter la tension de telle façon que l’on sent qu’il va se passer quelque chose et la suite est juste incroyable. Un très grand moment de cinéma.
Un générique : Celui de début de Nous York, parce qu’il est assez original et aussi qu’il n’y a presque que ça de bon dans le film et que, donc, il m’a particulièrement marqué.
Une déception : Télé Gaucho, qui, après le plutôt rafraichissant Le nom des gens passe vraiment pour du grand n’importe quoi même pas organisé. Ca part tellement dans tous les sens que ça en devient plus agaçant qu’autre chose.
Un gâchis : Bel Ami qui est une adaptation complètement ratée de l’un de mes livres préférés. Les réalisateurs passent complètement à côté du fond du livre pour n’en garder qu’un aspect complètement superficiel et inintéressant. Un bon vieux ratage en règle.
Un pitch de départ : Celui de Starbuck puisqu’avec l’idée de l’homme qui se retrouve tout d’un coup père de plus de 500 enfants, le scénario arrive à évoquer quelques questions de société pas inintéressantes.