La Critique
Au milieu du film, mon opinion était déjà quasiment formée et la deuxième moitié n'a fait que confirmer ma première impression. Amore est un film complètement bancal et cela sur différents plans. Le problème principal de ce film est en fait le sujet qu'il traite. En effet, l'histoire d'amour (qui est visiblement la base du film) semble un peu arriver comme un cheveu sur la soupe et son traitement général au cours du long métrage ne fait que confirmer cette impression (elle est finalement assez peu évoquée et elle n'apparaît que par épisodes comme des flashs, sans trop de rapports entre eux). Finalement, cette histoire d'amour n'est qu'un prétexte pour parler de la place de cette femme (venue de l'étranger, qui plus est) dans cette riche famille industrielle.
Mais, à partir dans trop de directions, le film ne creuse pas assez cette question. Et pourtant, il y avait-là du matériau. En effet, de nombreux sujets sont soulevés mais pas du tous assez approfondis. Le désintérêt manifeste de la famille pour la nouvelle entrante (la fiancée du fils) était ainsi une problématique à creuser, tout comme la relation entre les parents de cette famille et leurs enfants (avec le problème de l'homosexualité qui se rajoute), ou encore le problème de la succession d'un empire industriel et de l'héritage familial qu'il laisse. Autant de sujets complètement escamotés et c'est, selon moi, une des grandes faiblesses de ce film. Dans la réalisation même du film, l'aspect bancal apparaît.
Le metteur en scène est capable de jolies scènes (ou au moins techniquement réussies) comme ce plan séquence qui suit le personnage principal de la grande salle jusqu'aux cuisines. Mais, dans la minute suivante, il peut passer à certaines scènes qui sont pas loin de l'abomination (je ne dirai rien ici sur la scène d'amour...). Les cinq dernières minutes sont vraiment apocalyptiques (d'ailleurs, après le nom des acteurs, on a droit à un plan qui aurait tout à fait eu sa place dans l'improbable [url=http://www.timfaitsoncinema.fr/critique-oncle-boonmee-(celui-qui-se-souvient-de-ses-vies-anterieures)-258.html]Oncle Boonmee[/url], même s'il apparaît un peu court...). Il nous faut ici remarquer que les scènes ratées sont toutes basées en grande partie sur un des défauts principaux de ce film : la musique. Celle-ci n'est pas agréable, trop forte, et pas toujours dans le ton général de ce qui se passe au niveau de l'image. Un petit mot sur le générique de début de film, qui ressemble en tout point à celui de la série télévisée Belle et Sebastien (en pire peut-être) et qui m'a fait penser que l'histoire se passait dans l'Italie des années de plomb. C'est au bout d'un bon quart d'heure que je me suis rendu compte que l'histoire se déroule dans la période actuelle...
Au niveau de la distribution, le film repose en majeure partie sur les épaules de Tilda Swilton, qui arrive parfaitement à rendre les complexités de son personnage, corsetée dans une existence bien rangée et qui n'aspire qu'à une forme de liberté. Sinon, pas grand-chose à signaler...