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TimFaitSonCinema
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GABRIELLE

Gabrielle et Martin sont handicapés. Mais ils se sont rencontrés dans la chorale où ils préparent un spectacle important et s’aiment profondément. Leur histoire n’est pas forcément bien vue par leurs familles respectives. L’amour sera-t-il plus fort que tout ?
Verdict:
Un film plein de bons sentiments (au sens noble du terme) mais qui pêche un peu par une réalisation qui veut trop en faire là où l’histoire aurait mérité plus de finesse. C’est un peu dommage mais c’est tout de même un joli long métrage.
Coup de coeur:

La tendresse de cette histoire

La date de sortie du film:

16.10.2013

Ce film est réalisé par

Louise ARCHAMBAULT

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

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 La Critique


Comme un clin d’œil du destin sort une semaine après la mort de Patrice Chéreau un film qui a pour titre le même que l’avant-dernier du réalisateur français. Celui-ci mettait en scène un couple Pascal Greggory-Isabelle Huppert qui se désagrège à la Belle-Epoque. Là, c’est tout à fait différent même s’il s’agit aussi d’une histoire d’amour (on trouve bien les liens qu’on peut…). Ce film est québécois et c’est le premier de l’année que je vois alors que, en moyenne, c’est une ou deux productions francophones provenant du Canada que je vais voir annuellement. La maison de production qui s’est occupée de ce film (Micro_scope) est relativement connue car elle a justement réussi à exporter quelques uns des derniers longs métrages québécois découverts en France comme Incendies ou Monsieur Lazhar. Et puis, c’est tout de même une histoire assez singulière qui est racontée ici car c’est principalement (mais pas uniquement comme nous le verrons) une histoire d’amour entre deux personnes handicapées. On ne montre pas souvent les handicapés au cinéma (si ce n’est dans Le Huitième jour de Jaco van Dormael qui questionnait cette réalité de façon très claire et nette) et c’est une très bonne chose de le faire de cette façon, sous l’angle d’une histoire d’amour qui permet de poser beaucoup de questions, et notamment celle très importante du « droit » que l’on laisse à ces personnes pour décider elles-mêmes de leur vie. Tout cela est abordé à sa manière par Gabrielle, un long métrage qui a le grand mérite de ne jamais tomber dans la mièvrerie ou le regard un peu trop compatissant ou voyeuriste. Non, Louise Archambault, la réalisatrice dont c’est le deuxième film, décide de mettre en scène cela comme une histoire d’amour habituelle, rendue compliquée par les familles respectives, un peu comme un Roméo et Juliette décalé, finalement. Mais, en même temps, Gabrielle souffre de trop de défauts dans la réalisation pour être plus qu’un joli film.

L’histoire de cette Gabrielle est plutôt sympathique. On la suit un peu dans sa vie de tous les jours et notamment dans cette chorale où elle retrouve Martin. Son amour pour lui va la pousser à chercher son indépendance, puisqu’elle estime qu’en ayant un appartement à elle, elle pourra vivre tranquillement avec Martin. Mais, autant que cette relation naissante avec un garçon lui aussi handicapé et couvé par sa mère, c’est celle avec sa propre famille et notamment sa sœur qui est ici extrêmement importante. On voit finalement pas tant que ça Martin et Gabrielle ensemble, si ce n’est à des moments très précis et forcément clés. Ce qui est très bien fait, c’est la manière de montrer comment les deux se rapprochent et comment, lorsqu’ils sont séparés, leur vie est totalement différente et bien plus triste. Ainsi, on peut véritablement parler d’une double histoire d’amour pour évoquer ce film. Et je trouve personnellement que c’est là que se trouve le vrai intérêt du long métrage car il met les deux en contrepoint. De plus, cette relation familiale est extrêmement forte pour Gabrielle car sa sœur s’occupe véritablement d’elle en la recueillant le week-end et quand ça ne va pas très bien alors qu’elle-même a planifié (et déjà retardé) d’aller vivre en Inde avec son compagnon. L’amour de deux sœurs est très bien montré ici alors que la mère de ces deux là est bien plus absente. Pour autant, le film ne paraît pas « militant » pour la cause des handicapés. L’objet de la réalisatrice est juste de montrer une réalité et, surtout que ces gens que l’on oublie parfois parce qu’ils semblent très différents de nous ont tout simplement les mêmes sentiments et les mêmes soucis. En ce sens, le message est important et amené de manière intelligente et constructive.

Mais, car il y a un mais, si ce film est très tendre, il n’en reste pas moins que la réalisation d’ensemble ne m’a pas vraiment convaincu. Pour dire les choses rapidement, là où, justement, un tel sujet aurait mérité un traitement épuré et sobre, c’est plutôt l’inverse que nous offre Louise Archambault avec une mise en scène qui laisse un peu trop de place aux effets. Entre une caméra très mobile (parfois un peu trop) ou cette importance donnée à certains moments aux silences (ce qui n’est pas toujours justifié), les choix de mise en scène ne sont pas forcément les meilleurs. De plus, à certains moments, on a réellement l’impression que la réalisatrice a un peu hésité entre le côté fiction et une volonté un peu plus documentaire puisque le scénario lâche un peu de lest pour laisser la caméra plus nous montrer une réalité que réellement s’occuper de l’histoire en elle-même. Cela procure quelques instants de déséquilibre pas très graves mais tout de même un peu préjudiciables. L’actrice principale, réellement handicapée, est assez formidable et parvient à donner à la fois une vraie joie de vivre mais aussi une profonde tristesse quand il le faut. C’est l’une des vraies découvertes de ce long-métrage, en plus de l’acteur qui, lui, pour le coup, a joué un vrai rôle de composition et qui s’en sort parfaitement. C’est quand même un vrai joli film, dont la fin nous emmène dans l’émotion avec toute cette chorale qui chante avec l’une des idoles musicales du Québec, Robert Charlebois. Cette dernière chanson finit de nous emporter et ferait presque oublier tous les défauts précédemment évoqués. A sa façon, Gabrielle est un feel-good movie qui permet de passer un moment sympathique et de ressortir touché et heureux. Allez, on ne va pas en demander beaucoup plus quand même !



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