La Critique
Aussi dingue que ça puisse paraître, c’est la première fois que je vais voir un film de Judd Apatow au cinéma, lui qui est pourtant devenu l’un des papes de la nouvelle comédie américaine, d’abord en tant que producteur et scénariste, notamment de séries, puis comme réalisateur de cinéma depuis 2005 avec quatre films dont 40 ans, toujours puceau ou En cloque, mode d’emploi. Ah si, en fait, je viens de me rendre compte que Sans Sarah, rien ne va était produit par le bonhomme : c’était une comédie honnête sans être renversante, loin de là ! Après des films marqués par un humour souvent assez gras et même un peu « pipi-caca » sur les bords (pas autant que les frères Farrelly, tout de même), il revient avec une comédie un peu plus générationnelle et surtout plus posée et caustique. On a surtout l’impression qu’il se sert complètement de son expérience personnelle pour écrire ce scénario, lui qui a maintenant quarante-cinq ans. Cela est renforcé par le fait que le couple soit interprété par Paul Rudd, qui a joué dans de nombreux projets d’Apatow et qui est presque devenu au fil du temps son double, et Leslie Mann, propre femme du réalisateur. Et quand on sait en plus que les deux filles de ce couple sont interprétées par les propres progénitures du couple Apatow-Mann, ça en devient presque gênant pour un spectateur qui pourrait se sentir voyeur. Mais, en même temps, déjà dans ses films précédents, il introduisait un couple avec deux filles (toujours les mêmes) qui, cette fois-ci, est au cœur du long métrage. Et cette crise de la quarantaine, Apatow la fait durer sur plus de deux heures, ce qui occasionne quelques longueurs, malgré des passages assez formidables et donne au final un long métrage plutôt réussi mais loin d’être parfait.
C’est tout le problème de ce film qui alterne des temps vraiment forts – notamment des dialogues absolument hilarants avec des références générationnelles ou encore ces apparitions lunaires, notamment celle de Billie Joe Armstrong, leader du groupe Green Day – et d’autres beaucoup plus faibles où les longueurs se font vraiment ressentir. On a parfois l’impression que ça tourne véritablement en rond avec des personnages qui se répètent beaucoup trop et des discussions qui n’en finissent plus et qui n’apportent pas grand-chose de nouveau. Dans l’ensemble, c’est la relation avec les parents (ou plutôt les pères) qui est traitée de la façon la moins efficace. Assez vite on a compris les tentants et les aboutissants de leur histoire (Debie le connaît très peu et Pete se sent obligé de lui envoyer de l’argent) et l’ensemble n’avance pas des masses et finit même pas être quelque peu ennuyeux. Là où le film est plus intéressant et davantage réussi, c’est dans cette façon de montrer comment ce couple traverse cette forme de crise de la quarantaine alors que les soucis s’accumulent (notamment chez Pete dont le label de musique est plus un bide qu’autre chose). Le ton, à la fois caustique et parfois désabusé, est plutôt bien trouvé et permet une analyse assez fine de certains ressorts du couple. Mais, dans une comédie, comme je le répète souvent, c’est bien le rythme qui est le plus important et en diluant le tout en plus de deux heures, Judd Apatow ne permet pas à son film d’en garder un suffisamment bon et c’est un peu dommage. Il était, à mon avis, possible de réduire quelques scènes afin de faire gagner à ce film en cohérence et en « nerf ». On passe quand même plutôt un bon moment, notamment grâce à certaines scènes vraiment géniales. Il n’y a pas grand-chose d’autre à dire sur un film qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.