Toggle navigation
TimFaitSonCinema
On apprend que les jours de George Riley sont comptés. Et cela va avoir de vraies répercussions pour trois couples qui ont des liens avec lui et qui sont en train de répéter une pièce de théâtre dans laquelle il interprète l’un des rôles. Mais, en fait, qui est véritablement ce George ?
Verdict:

Formellement assez déroutant, ce vaudeville est loin d’être toujours passionnant. Les acteurs prennent visiblement un malin plaisir à évoluer dans ces drôles de décors et dans cette intrigue parfois assez cocasse. Mais ça ne dépasse jamais vraiment ce cadre et c’est un peu dommage…

Coup de coeur:

Le style un peu fou

La date de sortie du film:

26.03.2014

Ce film est réalisé par

Alain RESNAIS

Ce film est tagué dans:

Comédie

Chargement...


 La Critique


C’est très compliqué de dissocier la vision de ce film du décès d’Alain Resnais, son réalisateur. En effet, moins d’un mois avant la sortie de ce long métrage, celui qui était l’un des personnages les plus importants du cinéma français disparaissait à plus de quatre-vingt-dix ans. Ainsi, Aimer, boire et chanter constitue la dernière œuvre d’une carrière plus que foisonnante et qui l’a vue remporter de très nombreux prix (dont un Oscar du meilleur court métrage en… 1950). Double ironie du sort, l’avant-première de ce long métrage s’est déroulée le soir-même de son enterrement, et, surtout, la fin de Aimer, boire et chanter est pour le moins étrange quand on connait le contexte puisque le film se referme sur un enterrement (je ne dévoile rien puisqu’on sait dès le début que le fameux George va mourir). Je ne suis pas du tout un grand spécialiste de la filmographie d’Alain Resnais et je ne m’étais intéressé qu’à son dernier film (Vous n’avez encore rien vu) qui ne m’avait guère enchanté. J’avais bien sûr trouvé le projet assez original et donc digne d’intérêt mais à aucun moment, ça ne m’avait transporté d’une quelconque manière. Et bien, là, avec ce dernier long métrage, c’est encore un peu la même sensation puisque j’ai eu une vraie difficulté à vraiment rentrer dans ce film et, finalement, il ne m’a rien fait du tout. D’ailleurs, si on y regarde de plus près, il y a de nombreux points communs entre ces deux dernières œuvres qui pourraient presque constituer un diptyque tant on y retrouve des thèmes et des idées de départ semblables, sans parler des comédiens que l’on retrouve : la mort toujours en toile de fond, le lien entre théâtre et réalité et, surtout, l’absence du personnage autour duquel toute l’histoire se construit. C’est d’ailleurs un procédé assez étrange mais qui provoque une certaine curiosité. D’ailleurs, dans Aimer, boire et chanter, c’est vraiment cela qui fait avancer l’histoire, bien que, même si ce fameux George fait des siennes, on finisse un peu par décrocher…

Ce qui marque d’abord, c’est le style d’ensemble du film puisque se mélangent allégrement les vraies scènes de cinéma, un style très théâtral et, d’une certaine façon, la bande dessinée. Sur ce dernier point, il y a bien sûr les dessins qui sont essentiels et qui rythment l’ensemble mais, surtout, cette impression que chaque scène est une sorte de case indépendante, bien délimitée à chaque fois par le même procédé : un plan de la maison (ou un dessin de celle-ci) accompagné d’une musique qui va avec. C’est ainsi que l’on voyage toujours entre les quatre lieux dans lesquels l’intrigue va prendre corps. Il s’agit de la maison de chacun des couples plus celle de Georges, bâtisses dont on ne voit presque que les extérieurs (sauf quelques rares incursions dans des intérieurs très sobres). Et c’est là que le théâtre prend vraiment sa place car les décors ne sont pas du tout « naturels » mais ressemblent plutôt à une sorte d’image un peu abstraite des extérieurs. On a en effet des grandes toiles qui forment une espèce de scène dans laquelle évoluent les personnages. C’est à la fois assez drôle car complètement décalé mais aussi un peu incompréhensible… Mais, même si ça y ressemble parfois, on ne peut pas dire non plus que Aimer, boire et chanter soit du théâtre filmé. Resnais met vraiment en scène de façon cinématographique son histoire, en offrant des travellings, des zooms et toutes autres techniques qui appartiennent vraiment à l’univers du Septième Art. Ainsi, Aimer, boire et chanter ne ressemble pas à grand-chose d’autre et c’est en cela que le côté singulier de l’œuvre peut être remarqué et même apprécié par moments. Le souci, c’est que cette forme originale prend un peu le dessus sur le reste et noie un peu le fond qui, pour le coup, n’est peut-être pas à la hauteur.

Il s’agit en fait d’un vrai vaudeville, où trois femmes très différentes se disputent d’une certaine manière le cœur de George, devant les yeux un peu perdus de leurs maris ou compagnons qui ne savent pas trop comment réagir. On tourne finalement entre six personnages que l’on voit vraiment et un qui ne sera jamais à l’écran mais qui est en fait omniprésent. Les couples se disputent, les femmes se concurrencent, les quiproquos et les situations amusantes se multiplient, et tout cela alors que les personnages répètent une pièce de théâtre. Comme dans son film précédent, le mélange avec la réalité est important puisqu’on ne sait parfois plus trop s’il s’agit de dialogues de la pièce ou de discussions entre les personnages (qui, d’ailleurs, s’amusent eux-mêmes de cette situation). Mais à part quelques dialogues bien sentis, un Michel Vuillermoz très en forme et une Sabine Azéma égale à elle-même, on est vite lassé par ces histoires qui n’en finissent pas et dont on ne voit pas bien l’intérêt et la finalité. C’est vraiment cela qui, dans ce film, m’a quelque peu bloqué : le sentiment d’assister à quelque chose de particulièrement vain… Je ne connais pas suffisamment l’œuvre d’Alain Resnais pour m’interroger sur la place qu’aura ce dernier film et si on peut en parler comme d’un « film testament » comme le font certains. Tout ce que je peux dire, c’est que les deux longs métrages que j’aurai vu de lui m’ont laissé un peu la même sensation. Bien que je reconnaisse sans peine le côté original et même un peu fou de la réalisation, ce sont des films qui ne m’ont jamais transporté et qui, même, à certains moments, m’ont presque un peu ennuyé. C’est dommage car c’est l’image qui me restera d’un metteur en scène par ailleurs auteur de quelques très grands films. Il faudra donc que je m’intéresse à ceux-ci, quand je trouverai le temps… En attendant, comme les personnages, j’aime, je bois et je chante…




 Rédiger Un Commentaire