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Paul a tout pour être heureux : il est un chirurgien respecté, il vit avec sa femme dans une superbe maison, il vient d’être grand père… Mais sa vie commence à basculer lorsqu’il reçoit des bouquets de rose à son cabinet et chez lui et qu’il fait la connaissance de Lou, une jeune fille mystérieuse…
Verdict:
Un film assez étrange, qui, s’il arrive bien à poser son ambiance, pêche dans le déroulement de son intrigue. C’est surtout l’interprétation des acteurs, en particulier celle de Kristin Scott Thomas, qui permet à Avant l’hiver d’avoir un vrai intérêt. C’est presque trop peu…
Coup de coeur:

Kristin Scott Thomas

La date de sortie du film:

27.11.2013

Ce film est réalisé par

Philippe CLAUDEL

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


En plus de ses activités de Maître de Conférences en lettres modernes et d’écrivain à succès, Philippe Claudel a été « happé » progressivement par le monde du cinéma. Son histoire avec le Septième Art a débuté par l’adaptation d’un de ses livres (Les Âmes grises) pour le grand écran. Ensuite, il a mis en scène lui-même deux longs métrages qu’il avait aussi écrits. Le premier (Il y a longtemps que je t’aime) a connu beaucoup de succès (notamment nominé au Golden Globe du meilleur film étranger) mais je ne l’avais pas vu et le second m’avait vraiment l’air plus que bidon (Tous les soleils) et je m’étais abstenu. Voici donc qu’il revient en cette fin d’année avec un long métrage dont le titre est plus que de saison (même s’il arrive peut-être avec une semaine de retard) : Avant l’hiver. Il y retrouve Kristin Scott Thomas (héroïne de son premier film), tout en donnant des rôles à deux très grandes figures du cinéma français : Daniel Auteuil et Richard Berry, ainsi qu’à une petite nouvelle qui n’en finit plus de faire sa place : Leïla Bekhti. Une nouvelle fois, il s’est écrit lui-même un scénario et il met en scène un couple à qui, apparemment, tout sourit, mais qui va voir de façon insidieuse les difficultés apparaitre. Ce n’est pas l’idée de départ la plus originale qui soit mais il faut reconnaître à Philippe Claudel le fait de réaliser un film qui ne ressemble pas vraiment à ce qu’on a l’habitude de voir. Cela tient notamment à l’hésitation permanente qui traverse le film : entre drame familial et amoureux d’un côté et thriller psychologique de l’autre, ce long métrage ne se définit pas facilement. Toujours entre les deux, sans choisir véritablement son « camp », Avant l’hiver n’arrive pas à dépasser ce dilemme pour devenir le vrai bon film qu’on aurait pu attendre. L’ensemble est finalement trop moyen pour séduire.

Ce qui est vraiment marquant avec ce film, c’est son côté extrêmement mystérieux. Le scénario est ainsi beaucoup basé sur les non-dits, sur ce qui devrait être caché mais qui apparaît insidieusement et l’ensemble du long métrage est soumis à beaucoup d’interprétations de la part du spectateur. En effet, il y a assez peu d’explications concrètes mais plutôt des ressentis ou des éléments qui s’accumulent sans forcément faire de sens précis sur le moment. Au fil du long métrage, on apprend à connaître chacun des personnages et tous les secrets qu’ils pourraient garder en eux. Les carapaces se fissurent et les protagonistes ne sont finalement pas ceux que l’on pouvait imaginer au départ. Il y a même d’une certaine manière un basculement pas inintéressant. Tout cela se déroule dans un univers extrêmement aseptisé mais qui, d’une certaine manière, met aussi mal à l’aise. Le rendu de cette ambiance générale (à la fois dans les décors mais aussi dans le comportement de ce couple) est plutôt bien rendu puisqu’on a réellement l’impression d’une vie dans les teintes de gris, sans couleurs et sans trop d’émotions. D’ailleurs, ce sont les fleurs qui apportent les seules touches colorées, ainsi que Lou, apparemment pleine de vie mais qui, elle aussi, essaie de cacher ses faiblesses. De nombreuses problématiques émergent sur le couple, l’amitié, la parentalité, la famille, le temps qui passe… et, au bout d’un moment, l’ensemble devient vraiment trop confus car on ne sait plus bien quel est le thème principal et vers quoi le scénario veut véritablement nous emmener. Mais, en fait, si on y réfléchit bien, le film repose sur une question « métaphysique » et une seule : et si j’étais passé à côté de ma vie ? Mais, bien que ça soit en toile de fond durant le film, ce n’est jamais très net et quand cette interrogation est posée de façon frontale, c’est fait de manière extrêmement maladroite et presque en désespoir de cause.

Tout dans Avant l’hiver semble montrer que Philippe Claudel a du mal à véritablement saisir son sujet et plutôt que de le mettre en valeur, il choisit de le « cacher » sous de nombreuses autres questions moins essentielles et qui brouillent plutôt l’ensemble. Même dans sa réalisation, il apparaît toujours le « cul entre deux chaises », lorgnant par moments du côté des thrillers hitchcockiens, tout en conservant une structure du drame classique. Alors Avant l’hiver apparaît comme un film un peu bancal, qui débute dans un commissariat mais se finit sur un regard entre Paul et sa femme, comme le symbole de ce lien qui ne sera jamais véritablement trouvé entre les genres. Cela implique de vraies longueurs avec des séquences entières qui ne sont pas forcément utiles, notamment les dix dernières minutes que j’aurais volontiers supprimées. Certaines scènes et quelques dialogues sont de qualité, notamment dans les discussions les plus banales et les moins décisives pour l’intrigue. Mais, à côté de cela, des situations sonnent vraiment faux (comme toutes celles avec le fils notamment) et des passages sont même plus que discutables (quid de la minute « pub pour bébés » vers la fin ?). Dans l’interprétation globale aussi, il y a ce côté inégal puisque, si Daniel Auteuil (tout en sobriété dans le rôle d’un homme perdu) et surtout Kristin Scott Thomas (brillante ici) remplissent très bien leur tâche, j’ai été moins convaincu par Berry (assez inexistant, en fait) et par Leïla Bekhti qui en fait un peu trop à mon goût. On ne sait finalement plus bien comment appréhender un film qui, s’il réussit parfaitement à instaurer une ambiance glaçante, n’arrive pas à faire évoluer les personnages et l’intrigue générale au cœur de celle-ci. Alors, bien que les événements soient globalement forts pour chacun des protagonistes, on reste un peu froid. C’est de saison, me direz-vous…



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