La Critique
Voilà le prototype du bon polar, qui est loin d’être exceptionnel mais où on ne s’ennuie jamais et dont plusieurs points sont finalement très intéressants. Le premier est de nous montrer un pan de la société que l’on ne connaît pas vraiment : la prostitution masculine des jeunes garçons. Toutes les scènes de ce genre sont particulièrement glauques. Ce film montre aussi comment deux gamins de moins de vingt ans peuvent être entraînés sans vraiment le vouloir, par nécessité et par amour, dans de tels milieux, qui vont finalement leur coûter très cher. L’histoire d’amour entre les deux jeunes personnages (plutôt pas mal interprétés) est en ce sens particulièrement intéressante.
En contre point de ce récit, on suit les deux policiers (Gilbert Melki, toujours aussi bon, et Emmanuelle Devos, avec laquelle j’ai toujours autant de mal), qui, eux-mêmes, sont confronté à leurs propres vies par cette enquête. Le dernier quart d’heure nous offre quelques réponses ou au moins des pistes. Le passage entre les deux temps de narration se fait très bien et naturellement et c’est une des réussites du film. Le travail de la photographie est, lui aussi, particulièrement intéressant car toutes les scènes avec les deux policiers sont toujours dans des teintes jaunâtres ou verdâtres alors que l’époque passée est beaucoup plus colorée. Un film intéressant en définitive dont le titre est particulièrement bien trouvé et prend clairement son sens dans les cinq dernières minutes.