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TimFaitSonCinema
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GIBRALTAR

Marc Duval est parti à Gibraltar avec sa femme et son bébé pour fuir les problèmes d’argent. Mais là-bas aussi la vie n’est pas évidente pour eux. Alors quand un officier des douanes françaises lui propose de servir d’indic, il y voit une opportunité de se refaire…
Verdict:
Desservi par un scénario vraiment bâclé, Gibraltar ne brille pas non plus par sa réalisation honnête mais sans plus. En somme, ce n’est pas un mauvais film mais c’est très loin de ce que ça aurait pu être avec un tel matériau de départ.
Coup de coeur:

Gilles Lellouche

La date de sortie du film:

11.09.2013

Ce film est réalisé par

Julien LECLERCQ

Ce film est tagué dans:

Thriller

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 La Critique


Gibraltar est un lieu un peu mythique et plein de fantasmes qui circulent, notamment sur ce qui s’y passe, ce qui s’y trafique réellement ou l’argent que l’on peut y planquer en toute sécurité. D’ailleurs, le générique du film (plutôt stylé d’ailleurs) ne nous prive pas de nous faire les « présentations » en insistant sur le trafic de drogue qui y est très important. Il faut dire que le film aura cela comme thème, mais au cœur des années 1980. Le scénario se base sur une histoire vraie, ce qui est rappelé de manière très explicite d’entrée de jeu. Un tel affichage me gène toujours un peu car faut-il que l’histoire soit vraie pour qu’elle en prenne plus de sens ou de valeur. Et de plus, elle ne sera jamais « vraie » car racontée au cinéma et donc scénarisée comme telle, avec ses immanquables écarts avec une réalité qui, de plus, est celle, vécue par cet homme et pas forcément partagée par tous. Il faut dire que ce qu’il a vécu est quand même assez incroyable et fait réfléchir sur les questions de secrets d’Etat et de personnes que celui-ci est prêt à « sacrifier » pour se couvrir. Est-ce pour autant essentiel de mettre autant en avant que c’est une histoire vraie ? Je n’en suis pas si sûr… On a donc une histoire solide et un lieu emblématique, bref, tout pour faire un bon scénario, surtout quand celui aux commandes s’appelle Abdel Raouf Dafri et a pour états de service les deux films sur Mesrine (1 et 2) et Un Prophète. Mais, assez étrangement, le problème principal de ce long-métrage vient justement d’un scénario plus que limite qui empêche au réalisateur de faire un vrai bon film.

C’est aussi vrai parce que, au niveau de la réalisation, Julien Leclercq nous offre quelque chose d’honnête mais pas un long métrage génial du tout. Il n’y a absolument rien de révolutionnaire ni une séquence que l’on peut réellement sortir du lot. L’ensemble est même un peu mou : ça se veut thriller ou film d’action mais le suspense est trop peu présent, certaines scènes n’avancent pas et il y a de vraies longueurs sur certains éléments trop peu importants,… Sinon, l’image est trop stylisée pour moi avec ce filtre marron qui nous (pour)suit tout le long du film. On est content, quand on ressort de la salle, de voir que les couleurs vives existent encore… Mais il faut tout de même revenir sur ce qui plombe en grande partie ce Gibraltar : son scénario. En effet, entre dialogues vraiment ratés (ils sont même parfois presque risibles), situations trop attendues, ellipses narratives incompréhensibles, personnages trop peu fouillés et ensemble beaucoup trop fouillis, ça fait tout de même un peu trop. Cela donne quelque chose de très brouillon, dont on ne sait pas toujours bien où il va et devant lequel il y a parfois plus d’interrogations que de réponses. A certains moments, il faut vraiment se creuser la tête pour réellement comprendre les tenants et les aboutissants et, pour un thriller dont l’histoire de base n’est finalement pas si compliquée, c’est tout de même un peu gênant. Et ce qui m’a vraiment embêté, c’est la manière dont ce lieu (Gibraltar) est trop peu utilisé. En effet, ça pourrait se passer de la même manière à Marseille ou à Dunkerque. Pourtant il y a là un vrai décor naturel et quelque chose qu’il n’aurait pas été inutile de plus mettre en avant et en valeur.

Pour une fois dans un film où il est présent, ce n’est pas Tahar Rahim qui m’a marqué en tant qu’acteur. Il est même assez étrangement absent. Cela tient bien sûr à son rôle d’agent des douanes toujours à la limite de la légalité mais, de toute façon, on a le sentiment qu’il fait ce film à moitié. Par contre, j’ai été plutôt surpris par la performance de Gilles Lellouche. En plus, venant de moi, ça a encore plus de sens car je ne peux pas dire que je suis un grand adepte de cet acteur et je l’ai égratigné plus d’une fois pour un jeu assez pauvre à mon sens. Là, plutôt sobre et efficace, il rend avec talent les tourments qui assaillent son personnage et les soucis qui s’accumulent sans qu’une bonne solution soit possible. Il est vraiment pris dans un cercle vicieux dont il ne pourra pas se sortir. A côté d’eux, les actrices ne font que de la figuration (sous-utilisées comme souvent) et Riccardo Scammarcio (acteur qui s’est un peu spécialisé dans le rôle d’italien de service du cinéma français) n’a pas le rôle le plus intéressant, c’est le moins que l’on puisse dire. Finalement, tout cela donne un long métrage qui n’est pas si désagréable que cela mais qui aurait mérité un bien meilleur scénario car celui-ci fait malheureusement un peu tout foirer et ne rend pas justice à une histoire vraiment forte et un lieu qui garde donc une bonne partie de ces mystères que le film ne nous permet pas d’explorer plus précisément… Gibraltar nous fait une nouvelle fois prendre conscience que sans un scénario potable, c’est vraiment dur de faire un film plus que correct…



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