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TimFaitSonCinema
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HENRI

Henri tient un restaurant avec sa femme, Rita. Mais celle-ci meurt subitement, laissant Henri sous le choc et un peu perdu. Pour se faire aider, sa fille va faire appel à un « papillon blanc », une jeune femme résidente d’un foyer pour handicapés mentaux sui se trouve à proximité. Entre eux, une relation particulière va naître.
Verdict:
Henri est un film qui n’est pas dénué de jolis moments et d’une certaine dose d’émotions. Mais c’est un peu noyé dans un scénario qui a du mal à avancer et qui finit par perdre le spectateur. Miss Ming y trouve un rôle à sa mesure.
Coup de coeur:

Miss Ming

La date de sortie du film:

04.12.2013

Ce film est réalisé par

Yolande MOREAU

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Si on devait élire un personnage atypique dans le monde du cinéma français, ça pourrait bien être elle la grande gagnante. En effet, Yolande Moreau a toujours été un peu à part dans ce milieu, notamment du fait de son allure toujours un peu en décalage et sa voix trainante. La comédienne belge y a pourtant fait son trou grâce à des apparitions parfois lunaires mais aussi avec des premiers rôles très forts qui lui ont valu deux César de la meilleure comédienne. En 2004, elle avait aussi remporté le César du meilleur premier film pour Quand la mer monte…, qu’elle avait réalité avec Gilles Porte. Ce n’est donc pas la première fois qu’elle passe derrière la caméra mais, pour Henri, elle le fait seule et n’effectue qu’une toute petite apparition pour se concentrer à la fois sur le scénario et la réalisation. Elle nous conte l’histoire d’une rencontre un peu improbable entre deux marginaux, qui, chacun à leur manière, ne sont pas vraiment intégrés à la société et qui vont apprendre à se connaître. Tout cela se passant dans une Belgique en déshérence, au milieu de personnages à la fois pathétiques et sympathiques. A pas mal de niveaux, ça peut faire penser aux films de Kervern et Delépine (Mammuth, Le Grand soir) qui s’intéressent aussi à ce genre de milieu un peu en décalage du monde qui les entoure et dans lesquels Yolande Moreau joue toujours un rôle. Et ce n’est pas non plus un hasard si on retrouve Miss Ming comme actrice principale dans Henri, puisqu’elle a été découverte justement par les deux compères. Bref, on se trouve dans une « famille » de films qui, d’une certaine façon, se ressemblent un peu et n’arrivent pas forcément complètement à me charmer. C’est encore le cas avec ce nouveau long métrage de Yolande Moreau, pas complètement désagréable mais qui peine à être plus qu’un bon petit film.

La réalisatrice a le mérite de planter le décor très rapidement : une banlieue tout ce qu’il y a de plus belge, un comptoir avec des piliers de bar visiblement bien en forme... Ce n’est pas la grande bourgeoisie à laquelle va s’intéresser la réalisatrice, ce qui n’est finalement guère étonnant, mais plutôt à une frange de la population un peu marginale. D’ailleurs, Henri réunit ces piliers de bar et les personnes handicapées mentales dans cette même marge puisque, chacun à leur manière, ils ont du mal à s’intégrer à une société qui n’est pas faite pour eux. C’est bien là que se situe l’enjeu principal du long métrage et Yolande Moreau s’évertue de le montrer, parfois de façon un peu lourde et caricaturale. Car son scénario a parfois du mal à trouver véritablement le ton juste : certaines séquences pâtissent d’une longueur trop importante et, à d’autres moments, on aurait justement préféré qu’elle laisse davantage vivre sa caméra pour aller plus loin dans ce qu’elle veut montrer. Il y a pourtant au cours de tout le film une forme de tendresse poétique toujours présente, un mélange parfois subtil d’humour (toujours un peu grinçant) et de drame, ainsi que quelques bonnes idées au détour d’un plan mais l’ensemble manque de continuité pour séduire davantage. C’est dommage car on sent qu’elle sait faire, notamment grâce à un regard sur ces hommes et femmes sans condescendance mais avec plutôt une vraie forme d’attachement. Mais ça reste par séquences et non sur tout le film…

Henri devient pourtant meilleur quand les deux personnages principaux se retrouvent seuls, dans un voyage imprévu qui les emmène au bord de la mer. Ce n’est pas très long mais les enjeux se resserrent et Yolande Moreau prend plus le temps de décortiquer leur relation naissante. C’est là que l’émotion est la plus forte et, surtout, la plus juste. Car, entre ces deux êtres si différents, la relation paraît au premier abord compliquée et même presque dérangeante. Mais elle devient en fait évidente du moment que l’on comprend qu’ils sont tous deux en recherche de repères et qu’ils s’apportent mutuellement ce dont ils manquent. A ce moment-là, le long-métrage est au plus haut, avec une vraie poésie, mais c’est malheureusement trop court. Les deux acteurs principaux sont excellents avec Pippo Delbono, parfait en homme complètement perdu. Il l’était déjà un peu avant le décès de sa femme mais, là, clairement, il ne sait plus du tout où il en est et passe sa vie à boire des bières (jamais vu autant de bières descendues dans un même film !). Face à lui, Miss Ming, qui avait toujours eu des rôles en « arrière plan » jusque-là, prouve qu’elle a vraiment du talent. Elle interprète de façon très juste cette jeune femme un peu simplette et naïve qui ne rêve que d’amour. Elle est véritablement solaire et donne à l’ensemble du film un petit côté mélancolique. Ces deux acteurs valent vraiment le coup. C’est dommage qu’ils se débattent parfois dans une histoire qui ne tourne pas toujours très bien et qui ne permette pas au film de capitaliser sur ses jolis moments…



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