La Critique
Le réalisateur de ce film, Christopher McQuarrie, dont c’est le deuxième long-métrage après une expérience en 2000 avec une sorte de western revisité (Way of the gun), est surtout connu pour son travail de scénariste et plus particulièrement pour un film assez exceptionnel et qui lui a d’ailleurs permis de remporter un Oscar : le fascinant Usual Suspects, son mythique Keyser Söze et son retournement de situation final devenu légendaire. Il a ensuite collaboré au scénario de nombreux films, notamment de Bryan Singer mais pas que (on lui doit aussi les scripts de The Tourist et en partie du dernier Mission impossible). Là, donc, il passe derrière la caméra pour un film dont il coécrit le scénario à partir d’une série de roman mettant en action Jack Reacher, un ancien officier de la police militaire. C’est Tom Cruise qui joue ce drôle de personnage, sorte de croisement entre James Bond, Sherlock Holmes, Ethan Hunt et Jason Bourne (pour la faire vite). L’acteur a aussi visiblement beaucoup œuvré pour tout le film puisqu’il en est le principal producteur. Il faut dire que, depuis quelques temps, il est devenu un habitué de ce genre de rôles et il y est plutôt bon. Ce n’est pas Jack Reacher qui apportera la preuve du contraire. Notamment parce que le film en lui-même est plutôt pas mal. Il n’y a rien de révolutionnaire, loin de là, mais dans le genre combo action-thriller, on a déjà vu bien pire et, au moins, en tant que spectateur, on ne s’ennuie pas et on passe un bon moment de cinéma.
Jack Reacher n’est pas vraiment le film d’action que l’affiche ou la bande-annonce nous vend. De l’action, il y en a, bien sûr, mais on est bien plus dans le registre du thriller puisque c’est avant tout d’une véritable enquête dont il s’agit. Un homme a été accusé à tort de meurtre et doit être sauvé. Peu à peu, c’est tout une machinerie organisée qui sera mise à jour par Reacher lui-même, aidé de l’avocate de James Barr. Les deux n’ont a priori rien pour s’entendre, puisqu’ils n’ont pas les mêmes motivations ni la même façon de fonctionner. Néanmoins, ils vont réussir à dénouer peu à peu les différents fils que cette enquête propose. On sent venir assez tôt ce qui va se passer dans le film, du fait d’un scénario un peu trop prévisible et de ficelles un peu grosses avec des découvertes parfois assez incroyables. On s’attend alors à des retournements de situation mais ceux-ci interviennent peu, ou dans des proportions telles qu’ils ne sont guère surprenants. C’est un peu le défaut principal de ce film dont l’histoire reste assez banale avec un personnage principal qui est une sorte de figure presque mythique de ce genre de films : solitaire à la réplique facile, ancien militaire ultra-entrainé, célibataire un peu séducteur sur les bords,… Dans ce rôle, Tom Cruise excelle, en donnant une vraie consistance à son personnage, notamment avec des répliques parfois très drôles et un sens de l’enquête assez incroyable. Mais cela reste un héros pas forcément des plus intéressants.
Sinon, au niveau de la réalisation, il n’y a pas grand-chose à redire sinon qu’on est dans quelque chose de plutôt classique pour ce genre de films. Il y a quelques montées de tension savamment orchestrées, des batailles à mains nues ou avec des armes, des meurtres plus ou moins sauvages… La poursuite dans les rues de Pittsburgh vaut quand même le déplacement, notamment parce qu’elle est bien rythmée et qu’elle se finit de manière assez originale. La musique, composée par Joe Kraemer, s’inscrit elle aussi totalement dans l’ambiance du film et l’accompagne plutôt correctement, dans un style sombre et quelque peu martial. Le casting autour d’un Tom Cruise de presque tous les plans et qui accapare quand même beaucoup l’attention se comporte dans l’ensemble de manière décente. On y retrouve notamment une Rosamund Pike qui, dix ans après un James Bond (le pathétique Meurs un autre jour) se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une grosse production américaine. Elle y est tout à fait honnête dans ce rôle d’avocate qui doit à la fois régler la question de l’innocence de son client et certains problèmes avec son père, qui s’avère être le Procureur du coin. Ce qui est peut-être le plus étrange est de voir Werner Herzog, réalisateur célèbre et acteur occasionnel, venir jouer le personnage le plus mystérieux du film. La fin de Jack Reacher sent la suite à plein nez, même si, visiblement, les résultats du long-métrage au box-office n’ont pas vraiment convaincu les décideurs de la Paramount. S’il y a un deuxième épisode, tant mieux car c’est plutôt un bon divertissement mais si ce n’est pas le cas, je ne risque pas de m’en réveiller la nuit !!!