Toggle navigation
TimFaitSonCinema
Dans le Tokyo de la fin des années 1960, Watanabe est un jeune étudiant qui vit en foyer. Son meilleur ami s'est suicidé un an plus tôt et il tombe amoureux de l'ancienne amoureuse de ce dernier. Mais, les choses vont être plus compliquées que prévues...
Verdict:
Un film à l'esthétique soignée mais qui pâtit beaucoup de la comparaison avec le livre dont il est tiré. Donc, à choisir, préférez plutôt le roman.
Coup de coeur:

L'esthétique générale

La date de sortie du film:

04.05.2011

Ce film est réalisé par

Tran ANH HUNG

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

Chargement...


 La Critique


Cela faisait assez longtemps que je n'avais pas eu une telle excitation avant d'aller voir un film. C'est en effet un long métrage que j'attendais depuis un certain temps. Mon sentiment avant la projection était double et plutôt paradoxal. C'était en fait un mélange de vraie envie puisque je viens de relire le livre de Murakami qui est vraiment extraordinaire mais aussi de peur, voyant assez mal comment un livre tant basé sur les sensations et les sentiments internes aux personnages et d'une telle densité allait être adapté à l'écran (d'ailleurs, le résumé ci-dessus est très incomplet...). Savoir que c'était un réalisateur français d'origine vietnamienne qui prenait ce « risque », avec une équipe presque entièrement japonaise (les acteurs ou les techniciens) me rassurait tout de même... Néanmoins, mes craintes étaient en partie fondées puisque le film est plutôt décevant, comme je vais m'en expliquer...

Il y a deux problèmes majeurs dans ce film. Le premier tient à l'adaptation qui est faite du roman et le deuxième dans la distance culturelle qui existe entre notre monde occidental et la pensée japonaise. Commençons par la question de l'adaptation, car même si un film est une œuvre à part, bien distincte d'un livre dont il s'inspire, ici, on a clairement le sentiment que le roman a une influence trop directe sur le long métrage. En effet, en faisant une adaptation la plus « complète » possible en deux heures, le scénario est très elliptique et ne rend aucunement la complexité des sentiments, des sensations et surtout des relations entre les personnages. Le réalisateur s'applique à montrer, plus ou moins rapidement, tous les aspects du livre (le contexte historique, les différentes histoires, le conflit intérieur du personnage principal...). Mais beaucoup d'éléments importants sont vraiment escamotés et cela donne une vision très parcellaire et simpliste d'un livre qui ne l'est pas du tout. C'en est même gênant par moments puisque certains épisodes tombent comme un cheveu au milieu de la soupe, sans explication préalable et semblent tout à fait hors de contexte... C'est notamment le cas pour le dernier quart d'heure du film, qui semble totalement parachuté d'on ne sait où alors que les cinquante dernières pages du livre sont d'une vraie limpidité, par rapport à tout ce qui a pu se passer avant.

Cette impression d'incompréhension devant l'enchaînement de certains épisodes est aussi renforcé par une différence culturelle qui, si elle est aussi présente dans le livre, se fait beaucoup moins ressentir. Là, les réactions des personnages, leurs relations aux autres semblent souvent déconnectées de notre réalité. C'est surtout le cas dans le rapport au sexe. On a vraiment l'impression avec le film que les personnages ne parlent que de ça et ne font que ça entre eux. Si l'intensité érotique du livre est bien réelle, il n'y a pas que ça et, surtout, le sexe découle directement d'autre chose, qui ne nous est pas donné à voir à l'écran (des relations intenses notamment). De plus, la façon de filmer toutes ces scènes, de façon très lente, en prenant le temps, a paru décontenancé le public puisqu'il y a eu pas mal de rires dans la salle, ce qui était assez incompréhensible et plutôt gênant. D'ailleurs, la différence culturelle s'est aussi ressentie dans le jeu des acteurs dont on pouvait parfois avoir l'impression qu'ils surjouaient ou qu'ils étaient complètement absents. Mais je pense vraiment que c'est la façon de faire au Japon (ne pas répondre rapidement aux questions, beaucoup jouer sur les regards) dans les relations.

Le rythme du film est assez étrange, du fait de l'adaptation dont j'ai déjà parlé. Il est à la fois très rapide, puisque certains épisodes passent très vite, mais lent, puisque quand le réalisateur s'attarde sur un point, il ne fait pas les choses à moitié. Et c'est là que toute son esthétique peut se développer. Car certains moments sont vraiment magnifiques. Le réalisateur laisse souvent filer sa caméra de façon tout à fait naturelle et cela donne des scènes d'une grande limpidité (notamment celle dans la prairie). Il y a un vrai travail sur le jeu des couleurs, les ombres et les lumières, ou encore sur les paysages. Cela correspond à l'image que l'on peut se faire de l'univers dans lequel évoluent les personnages du roman. Le soin apporté à l'image et aux plans est donc la principale qualité de ce film et il ne faut ni l'oublier, ni la galvauder car c'est déjà très important pour un film...

Cette critique s'est sans doute beaucoup trop basée sur une comparaison avec le livre de Murakami qui est magnifique et que je conseille à tout le monde de lire. Et je me dis que, peut-être je n'aurais pas dû relire ce roman juste avant d'aller voir le film car je l'avais vraiment en tête et cela a sans aucun doute perturbé ma vision. Je me demande ce que fait ce film sans qu'on ait lu le bouquin... Je ne le saurai jamais, et d'un certain côté, c'est un peu dommage...



 Rédiger Un Commentaire