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TimFaitSonCinema
Walter Mitty est quelqu’un on ne peut plus ordinaire, qui travaille au service des négatifs d’un grand magazine. Sa seule façon de s’évader, ce sont des rêves complètement dingues. Mais alors que son poste est menacé, il décide de se prendre en main et de se lancer dans une aventure encore plus forte que ce qu’aurait pu imaginer son cerveau…
Verdict:
Un long métrage plaisant, vraiment sympathique par moments bien qu’il souffre de quelques longueurs. C’est un film qui réussit à être optimiste sans tomber dans la niaiserie, ce qui n’est jamais évident. Ben Stiller, très bon des deux côtés de la caméra doit donc être félicité pour cela.
Coup de coeur:

Ben Stiller

La date de sortie du film:

01.01.2014

Ce film est réalisé par

Ben STILLER

Ce film est tagué dans:

Film d'aventure

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 La Critique


On n’attendait pas forcément Ben Stiller sur ce terrain-là… En effet, si l’humoriste et spécialiste des films pas toujours très fins a déjà réalisé quatre longs métrages depuis presque vingt ans, c’était à chaque fois de vraies et franches comédies. Sa dernière était par exemple Tonnerre sous les tropiques, dont j’ai toujours entendu plutôt du bien et qui était une parodie des films de guerre avec un casting complètement fou et des apparitions devenues mythiques (notamment celle de Tom Cruise, en producteur chauve). Comme s’il avait atteint une certaine maturité (il est quand même pas loin de la cinquantaine maintenant…), Ben Stiller se pose un peu plus avec son nouveau film en adaptant librement une nouvelle datant du milieu du vingtième siècle, écrite par James Thurber et qui avait déjà connu une première adaptation dans les années 40. Il nous raconte ici l’histoire d’un homme tout simple, qui fait des rêves extraordinaires alors que sa réalité est bien plus morne et qui va finir par se lancer réellement dans une aventure complètement dingue, à la recherche d’un photographe détenant le négatif du « cliché ultime ». Sur le principe, ça fait quand même beaucoup penser à Forrest Gump, autre histoire du même genre. C’est vrai qu’il y a un peu de cela dans le destin de ce Walter Mitty, même si les deux films ne sont finalement pas si semblables que cela. La vie rêvée de Walter Mitty est un long métrage résolument optimiste, pas dénué de quelques défauts mais qui emporte plutôt le spectateur avec son côté pouvant sembler un peu « gentillet » bien que ne l’étant finalement pas tant que ça (comme nous le verrons). Une sorte de feel good movie décalé, que l’on n’espérait pas forcément de la part de Ben Stiller, mais qui est bien agréable en ce début d’année.

Ce qui est marquant avec Walter Mitty, c’est la façon qu’a ce film de mélanger un peu tous les genres. J’ai « défini » que c’était un film d’aventure mais cela s’est fait de manière arbitraire car on pourrait aussi bien le voir comme une comédie romantique ou encore un drame plus personnel. Cela dépend un peu de la manière dont on veut voir ce long métrage qui peut se lire à différents niveaux. Déjà, il est drôle. Beaucoup de scènes et de situations sont particulièrement amusantes, notamment lorsque l’on rentre dans la pensée du personnage principal et que l’on commence à vivre ses rêves. La poursuite avec le nouveau directeur dans les rues de New York ou encore le passage sur la banquise sont de vrais bons moments de comédie décalés et funky. Mais c’est aussi (et peut-être surtout) l’histoire d’un homme qui n’est finalement pas vraiment adapté au monde dans lequel il vit, fait d’immédiateté et de flux toujours plus importants. Lui représente plutôt le côté un peu « à l’ancienne » : travailleur modèle depuis longtemps dans la même boite, s’occupant de sa maman, vivant dans un appartement sans trop d’âme. Et on va voir pendant tout le film l’évolution de ce personnage qui, de timide et complexé, va se transformer en quelqu’un de beaucoup plus sûr de lui. Cela vient évidemment de tout ce qu’il va vivre (son aventure l’emmenant au Groenland puis en Islande et sur l’Himalaya) et apprendre avec ce périple, sur lui et les autres. On peut observer des changements tant physiquement (coupes de cheveux, petite barbe de trois jours) que dans les habits ou les attitudes. Son rapport avec celle qu’il aime en secret (d’où le côté romantique) va aussi pouvoir évoluer. Dit de cette façon, cela peut paraître un peu cucul sur les bords. Et bien, ce n’est pas le cas et c’est bien là l’une des forces de ce long métrage.

En restant très tendre, Ben Stiller offre une leçon de vie sur la métamorphose d’un homme sans jamais sombrer dans la niaiserie. Pourtant, la possibilité, avec un tel sujet, était grande. Cela tient à plusieurs choses. La première est que Ben Stiller, lui-même, interprète cet homme et il arrive à lui donner une vraie consistance, de sorte qu’il est crédible pour le spectateur et que n’est pas qu’une figure. Les seconds rôles sont eux aussi bien joués et permettent au film de bien se tenir. La seconde vient du fait que, derrière ses allures de fable, Walter Mitty n’en reste pas moins un long métrage qui « dénonce » pas mal de choses. Il se déroule en effet dans un contexte de mutation d’un mensuel vers un site internet (soit le passage au numérique), ce qui implique une réorganisation et le sacrifice de nombre de personnes et de compétences (dont le chef du service des négatifs ne peut être qu’un exemple parfait). Ben Stiller y est visiblement sensible et il ne prend pas beaucoup de gants pour moquer ceux chargés de mettre en place ces changements. Et pour bien enfoncer le clou, son film a même été tourné sur pellicule, ce qui ne se fait plus vraiment à Hollywood. Tout ce discours en toile de fond donne donc à Walter Mitty une autre facette loin d’être inintéressante. Enfin, le réalisateur n’est pas avare de références multiples à d’autres longs métrages (et je suis persuadé d’en avoir loupé beaucoup), ce qui est toujours assez drôle. Néanmoins, malgré toutes ses qualités, ce film n’a pas réussi à complètement me charmer, notamment du fait de longueurs trop importantes à certains moments, d’un côté parfois peut-être un peu trop répétitif, d’un trop grand nombre d’incohérences et d’une fin trop attendue. Mais, plus qu’un long métrage un peu gnangnan comme on pouvait le craindre, Walter Mitty se révèle plutôt être un film qui donne la pêche et l’envie de se dépasser. En plus, c’est assez spectaculaire et loin d’être idiot. Pour débuter l’année, c’est vraiment pas mal du tout.



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