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TimFaitSonCinema
Bob et Ruth attendent leur premier enfant. Mais, pris dans une fusillade, ils doivent se rendre et Bob s’accuse du tir qui a blessé un policier. Alors en prison, il n’a qu’un but : s’évader pour rejoindre sa femme et sa fille. Mais la réalité ne sera pas aussi belle que ce qu’il imagine…
Verdict:
Film à la fois prenant et classieux, Les amants du Texas jouit aussi d’un magnifique trio d’acteurs. Quelques petits défauts à régler mais ce David Lowery fait plutôt une belle entrée dans le monde des réalisateurs américains. Bonne suite à lui.
Coup de coeur:

Rooney Mara

La date de sortie du film:

18.09.2013

Ce film est réalisé par

David LOWERY

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

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 La Critique


Le Festival de Sundance (qui est celui du film indépendant américain) confirme qu’il est un sacré découvreur de talents puisque la dernière édition, en janvier dernier, nous a sorti quelques petites pépites dont le premier film de ce jeune réalisateur qui a très vite été acheté par une maison de distribution et aidé par le Festival lui-même. Il faut dire que pour une première réalisation, David Lowery réussit à convoquer un casting de choix avec des jeunes acteurs qui ne sont pas encore de véritables têtes d’affiche mais qui ont tout pour devenir des stars à l’avenir (Casey Affleck, Rooney Mara et Ben Foster). Tout cela pour un film assez intriguant car compliqué à réellement classer dans une catégorie. On se trouve un peu entre le film noir, le thriller, le drame amoureux mais aussi, d’une certaine façon, le western. De plus, il y a un côté vraiment intemporel à ce film puisqu’on a du mal à voir quand l’histoire se déroule véritablement. J’ai tendance à penser que c’est dans les années 80 mais rien n’est moins sur. C’est en tout cas une plongée dans une certaine Amérique, qui a conservé des codes et des valeurs assez anciennes. En ce sens, ce film m’a étrangement fait penser à du Cormac McCarthy (très grand écrivain de cette Amérique « intemporelle ») porté à l’écran (économie des mots, insistance sur les images), ce qui, forcément, n’est pas pour me déplaire. La référence à Terrence Malick peut aussi bien entendu être évoquée tant certains plans (notamment tout au début) ressemblent à ceux qu’a pu faire ce dernier, notamment dans La balade sauvage, qui est aussi son premier film. Néanmoins, David Lowery trouve une vraie singularité qui fait de son long métrage un objet plutôt réussi, intéressant et même impressionnant par moments.

Sur un rythme assez lent se déroule une histoire finalement très simple puisque Bob souhaite juste revenir chercher Ruth qui, elle, n’est pas sûr de vouloir vivre en cavale avec lui. Parce qu’un personnage a fait son apparition, de façon presque imperceptible : ce policier au grand cœur qui espère de l’affection de la part de Ruth. C’est sûr que ce n’est pas très complexe mais, visiblement, là n’est pas vraiment le souci pour David Lowery qui joue de cette simplicité pour insister plutôt sur les sentiments de chacun des personnages plus que sur leurs actions. Ainsi, les paroles sont assez rares et l’action quasiment oubliée. Pourtant, il y a de quoi avec une « course poursuite » entre Bob et la police d’un côté et d’autres qui le cherchent pour le tuer de l’autre. On trouve quelques scènes que l’on pourrait qualifier d’action mais elles apparaissent bien comme secondaires. Car ce qui intéresse vraiment le film, c’est bien plutôt ce sentiment amoureux qui étreint les deux personnages principaux et le dilemme terrible qui se pose à Ruth. La fin est en ce sens très forte car elle concentre tous les enjeux dans une séquence poignante et pleine d’émotions. Ce que l’on peut dire, c’est que David Lowery sait vraiment filmer. Porté par une photographie de grande qualité (dans des tons un peu jaunis), il orchestre quelques séquences de très haut niveau, avec un soin tout particulier apporté à la lumière, très importante ici. Ainsi, Les amants du Texas est un long métrage qui a vraiment de la classe, un peu comme pouvait l’avoir aussi L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford d’Andrew Dominik, qui, finalement, lui ressemble un peu à différents égards (au-delà de la présence de Casey Affleck). Le seul reproche que je peux faire à ce long métrage, c’est l’importance trop forte donnée à la musique, toujours présente et qui, parfois, n’est pas forcément utile et gâche un peu le plaisir en en rajoutant trop.

Comme chacun sait (ou pas), je suis un très grand fan de Casey Affleck que j’ai toujours trouvé excellent. Il l’est encore ici, avec ce rôle de personnage traqué, à la fois si proche et si loin d’arriver à ses fins. Mais, ce qui est incroyable, c’est qu’il se fait en partie éclipser par les deux autres comédiens principaux, en l’occurrence Rooney Mara et Ben Foster. Commençons par ce dernier que je ne connaissais pas vraiment avant et qui s’était surtout révélé grâce à la série Six feet under. Il est assez génial ici, dans une partition où il ne dit vraiment pas grand-chose mais où il fait passer énormément avec sa simple présence. Pris entre son métier et ses sentiments, il a du mal à réellement se dévoiler, notamment face à Ruth, pour laquelle il a de plus en plus d’affection. Et cette Ruth est interprétée par Rooney Mara, tout simplement géniale. Celle qui avait été découverte dans la scène d’ouverture de The Social Network avant d’exploser en Lisbeth Salander pour la version de Millénium réalisée par David Fincher, prouve une nouvelle fois qu’elle a un vrai talent pour, elle aussi, faire passer beaucoup de choses sans trop en dire. Parce que, dans l’absolu, elle ne parle quasiment pas dans ce film mais on comprend tout ce qui peut se passer dans sa tête, les dilemmes, les doutes mais aussi l’amour qu’elle a pour Bob malgré leur séparation. C’est vrai qu’on a toujours vu cette actrice dans le même type de rôles (où elle est plutôt renfermée et peu souriante) mais elle y est excellente, donc bon… Ce trio s’inscrit en tout cas parfaitement dans le projet du réalisateur et réussit à donner une vraie force à l’ensemble du film. Ce David Lowery a de l’avenir et ça ne m’étonnerait pas qu’il se voit confier un plus gros budget très vite. Il devra alors garder sa façon de faire qui fait sa force.



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