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TimFaitSonCinema
Dans l’Egypte d’aujourd’hui, le harcèlement sexuel des femmes est une réalité malheureusement trop fréquente et impunie. Trois femmes, de milieux sociaux totalement différents vont s’unir pour combattre ce fléau devenu normal dans cette société.
Verdict:
Un film au sujet fort, pas toujours traité de la façon la plus efficace qui soit, mais qui recèle quelque beaux moments, notamment dans une première moitié plus emballante. Au final, c’est plutôt une bonne surprise.
Coup de coeur:

Le sujet

La date de sortie du film:

30.05.2012

Ce film est réalisé par

Mohamed DIAB

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Cela faisait un petit moment que j’entendais dire de ce film qu’il était pas mal du tout et que c’était typiquement le genre de longs métrages qu’il fallait encourager en se rendant dans les salles le visionner. Profitant d’un petit moment de libre, j’y suis donc allé même si je suis par nature de plus en plus réticent à aller voir des longs-métrages venant des pays « orientaux » dans leur ensemble (d’Afrique du Nord ou israëlo-palestiniens). C’est souvent un genre de film qui m’agace plutôt et qui, dans tous les cas, me plaît rarement. Il y a une façon de faire qui a tendance à me déranger (dans la construction et la manière de filmer) et, la plupart du temps, des dialogues assez vifs qui se terminent en cris de part et d’autre, ce qui, à la longue, me fatigue plus qu’autre chose. Mais bon, des fois, il faut savoir dépasser un peu ses « appréhensions » et retourner voir ce genre de films en espérant que ça nous change l’idée qu’on se fait de ces longs-métrages. Si Les femmes du bus 678 est loin d’être un mauvais film, j’y ai tout de même retrouvé les défauts principaux auxquels je m’attendais. Mais, honnêtement, j’étais si peu confiant avant la séance, que je trouve finalement que c’est un film plutôt correct.

Dans une société égyptienne traversée par une crise politique et institutionnelle très importante depuis plus d‘un an, Mohamed Diab a le mérite de ne pas s’intéresser aux immenses bouleversements qui ont lieu actuellement, mais plutôt de traiter le plus efficacement possible d’une question plus culturelle et beaucoup moins conjoncturelle : celle du machisme ambiant dans cette société. Machisme qui peut même conduire à des agressions sexuelles de tous types (les attouchements dans le bus semblant quand même être une spécialité cairote). Là où le film est vraiment intéressant, c’est dans sa manière de montrer comment des femmes de différentes couches de la société sont impactées par cette ambiance générale assez délétère. Ainsi, trois destins se rencontrent, tous trois très bien interprétés : une femme voilée qui subit des violences à chaque fois qu’elle prend le bus et que le mari semble ne considérer que comme un objet sexuel ; une autre qui vient de la haute société mais qui a subi des attouchements dans une scène de liesse et que son mari « abandonne » ; enfin une dernière qui est la première à porter plainte pour agression sexuelle malgré l’opposition de sa famille et de sa belle famille. Les cas sont vraiment différents et les réponses qu’elles donnent selon leur situation sont, elles aussi, diverses et plus ou moins violentes. Car, plus que ces destins individuels, ce sont aussi les réactions des entourages qui sont particulièrement prenantes et parfois tout simplement horribles. La notion de réputation est au cœur de tout le film : pour le mari, pour la famille, vis-à-vis de la société,… Mais dans une telle façon de penser, la femme en elle-même, la vraie victime, est vite oubliée et parfois presque accusée. Ces trois visions permettent aussi une vraie plongée dans la société égyptienne actuelle à travers des niveaux de vie très différents, société quelque peu déréglée. De plus, on retrouve parfaitement tout au long du film ce mélange toujours assez improbable d’un humour très bien senti et de scènes où tout le monde se crie dessus.

Là où le film ne remplit pas toutes ses promesses, c’est dans sa construction. Celle-ci est assez intéressante dans la première moitié, puisque les histoires s’entremêlent (avec des scènes qui se recoupent), à la fois dans le temps et dans l’espace. Un peu comme dans un film d’un Iñarritu de la grande époque, on a vraiment l’impression de suivre tous ces destins en même temps. Mais, après 45 minutes, le soufflé retombe. En effet, une fois que ces trois femmes se sont « retrouvées », le film devient beaucoup plus linéaire et perd par la même occasion une grande partie de sa force. On entre dans une forme d’enquête policière avec l’arrivée d’un nouveau personnage, un commissaire assez étrange (mais plutôt drôle) et dont on ne comprend pas bien les motivations profondes. Les choses deviennent alors à la fois plus claires (on voit à peu près où le film va aller) mais aussi beaucoup moins car les histoires se succèdent et ont tendance à se surajouter les unes aux autres. Le tout manque parfois un peu trop de clarté. De même, le message que veut faire passer ce film a tendance un petit peu à se brouiller puisque les visions se confrontent de manière trop directe. Mais c’est aussi un des mérites du film de ne pas présenter une vision trop manichéenne des choses mais d’essayer aussi de comprendre ce que peuvent ressentir les différents personnages, en fonction de leur vécu. La réalisation est plutôt une réussite avec un style assez nerveux qui colle bien notamment à la première partie et qui sait un peu plus se « détendre » et se poser dans la suite du long-métrage. Certaines séquences sont même assez formidables dans cette façon de faire monter une forme de pression en quelques plans.



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